CHAPITRE XIV : REVERIE ET LES HOMMES EN QUETE

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Un vent nouveau s’éleva sur eux. Ramenant leurs chevelures vers la proue. Les voiles suivirent et alors que Marcus regardait vers les planches près du mat. Il vit trois cordages qui bougeaient délibérément. Se frottant les uns sur les autres jusqu’à s’élever dans les airs et se serrer autour du mat. Les cordes rattachées sur les côtes du bateau se tinrent aussi. Comme si elles étaient resserrées par des mains invisibles. Le voile se dressa. Tout le monde porta les yeux à ce spectacle. Tout le cordage du navire suivait la volonté du capitaine Barbon qui dressait son sabre tel le bâton de commandement d’un bataillon invisible. Les voiles battaient au vent. Un vent surnaturel qui permit au bâtiment de prendre les larges. Une folle vitesse qui faisait déchirer la mer devant eux pour leur permettre de distance les navires de la marine qui face à cette impuissance lançaient au dernier recours un rafale des boulets de canons dont la majorité ou presque finissaient à quelques mètres du navire sans grands risques pour l’équipage. Marcus sidéré regarda derrière lui les navires de la marine qui rapetissaient a vu d’œil. Le sort lancé par le capitaine Barbon était efficace et tout le monde eut le sourire au visage. Le ciel était clair avec un léger nuage qui planait au-dessus d’eux. Au bout de 30 minutes ils étaient complètement tires d’affaires et le capitaine prit les premiers soins auprès de son second qui le coucha sur ses genoux. Barbon eut la bonne idée d’aller à la cale pour se reposer. Bill et Rhaal furent les tours pour nettoyer les armes et préparer les canons en cas d’une éventuelle attaque. Tout le monde se relâcha enfin. Marcus se plaça près du capitaine et de son second. Il savait désormais pour leur parente mais ne voulut point réveiller le sujet
-Tout a l’heure j’ai vu le capitaine Barbon commander les cordages du navire. Il n’a pas eu besoin d’un équipage. A-t-il toujours agi ainsi même sur son navire ?
Le temps d’un instant Narhak gardait la main sur la tête de son père. Sa blessure était offusquée par sa chevelure et son sombrero. Ironiquement il ne l’avait pas perdu
-Barbon est un capitaine hors pair. Bien qu’il soit un excellent pirate et capitaine. Il n’a plus de navire et ne veut pas d’un équipage.
Le capitaine BArhak gardait les yeux fermés. Pour se reposer et laissez paraitre sur son visage une expression curieuse. Il tendait oreille sans se prononcer
-Que cela est curieux. Fut Marcus en posant son poing fermé sur ses lèvres
-Tout cela est lieu à son sinistre passé, poursuit Narhak dans un ton plus doux et mélancolique, Un évènement malheureux dont il ne s’est jamais remis.
Marcus ne dit plus rien, il respira tout simplement et assimila l’information. Le pauvre, Marcus ne l’avait connu que sous cette journée mais Barbon se montrait sympathique. Quoi qu’un peu imbus de lui-même
-Et je dois supposer que son pouvoir consiste à commander aux cordages d’un navire ?
Le capitaine fut un rire fou et posa une main sur son ventre. Il avait toujours mal. L’affrontement de la veuve lui avait laissé des séquelles et pas qu’au visage. Marcus intrigué tourna le regard vers le capitaine
-Marcus, tu n’y es pas du tout. Barbon est un capitaine dont la réputation n’est plus à prouver. Il pourrait être de force égale avec moi ou supérieur. C’est un homme qui avait renoncé à combattre depuis un moment. Un incident comme l’a signalé mon fi…mon second Narhak.
Marcus toussa. Narhak regarda son père un instant avant de le dire
-Il est au courant…
Respirant enfin, comme si un lourd fardeau lui avait été enlevé
-Alors es-tu au courant, Marcus… ?
Il hocha la tête. Le capitaine se releva et posa ses mains en arrière pour garder l’équilibre. Narhak se releva
-Je vais vous laisser un instant. Je vais préparer votre tisane et quelques herbes pour penser vos plaies.
-Je t’en remercie. Fut le capitaine en regardant son second s’éloigner. Il tapota ensuite la planche à côté de lui pour que Marcus le rejoigne. Il obéit et se posa. Curieusement son cœur accéléra. Il savait que BArhak avait lu le journal d’Algheer, qu’il était un pirate de carrière et toutes les questions dont se posait Marcus, il était capable d’y répondre
-Vois-tu, Il y a dix ans que je devins pirate. Je suis originaire de la land Mercanti. Tout comme Barbon. Il s’était vite taillé une réputation dans la pègre. Il était solitaire et quoi qu’il entreprît lui réussissait. Une fois même il risqua sa vie pour sauver un pair dans une prison de haute sécurité appartenant à la marine. Les cuirassées de l’Est. Il y parvint au bout de trois jours. Il se lança alors dans la quête la plus folle de sa carrière.
-Qu’était-ce ? fut Marcus
-La rêverie. Le rêve de tous les pirates. C’est l’équivalent du graal. Le Magnum opus
Marcus eut un sursaut. Les yeux perçants du capitaine rivaient sur lui. Sa mimique le trahit. Il était curieux d’en savoir bien plus qu’il ne laissait paraitre
-Je suppose que tu en sais quelque chose. Intervint le capitaine
-Pas vraiment. Eh bien, j’avais à peine lu quelques pages du journal d’Algheer avant que vous me l’arracher. Une colère noire passa sur le visage de Marcus. Le capitaine posa doucement la main sur son épaule
-Moi je l’avais lu. Presque tous les soirs d’ailleurs haha !
Marcus se tut. Il était bien plus poli pour lui sermonner. Il n’aimait pas que quelqu’un d’autre possède ce journal. Malheureusement il ne pouvait le reprendre puisque s’il était bien au bord de ce navire c’était parce que le capitaine le lui avait accordé. Il n’avait délibérément pas pris la décision de devenir pirate mais tout portait à croire qu’il l’était déjà.
-Crois-tu en la rêverie Marcus ? demanda le capitaine
Il connaissait déjà la réponse de Marcus alors pourquoi le demander une seconde fois ?
Sans vouloir y répondre, Marcus pensa à la remarque de Maxime, son amie, un pirate avec qui il s’était entrainé sans le savoir. Il séjourna alors vers BArhak avec une grande attention
-Capitaine…j’aimerais vous demander quelque chose…
-Je t’ecoute. Mais après tu devras m répondre.
Marcus promit avant de continuer
-Connaissez-vous un homme, fin un pirate du nom de Maxime ? il voulut continuer, tachant de se rappeler le sobriquet attribué par les juges lors de son procès
-Maxime ? il y en a un tas et rien que dans la pègre de la land d’Eldeen. Un détail qui le différencie des autres ?
Marcus gloussa. Maximus était plus un pirate lambda de par son apparence. Il n’avait qu’un sabre normal et un accoutrement dont on put attribuer à un chef pirate. S’il en était un bien sur
-Maxim…maximus. Voila ! on l’appelle encore grand pas.
Il se mit debout. Content d’avoir pu trouver sans creuser profond. Chose contraire à son interlocuteur qui resta calme
-D’où le connais tu ? demanda le capitaine
Marcus prit alors le temps de tout conter au capitaine. De leur rencontre dans la montagne jusqu’à l’incursion chez Algheer. Le procès et tout ce qui suivi. Il ne cessa de mentionner le journal et son droit de propriété, gardant l’espoir que son bien lui sera rendu. A la fin, il se senti mélancolique. Il avoua au capitaine que cet homme avait été un ami et qu’il possédait aussi des réponses à ses questions
-Je vois ! c’est donc ce qui s’était passé. Il est vrai que la land Eldeenne ne rend pas à la portée de tous les portraits des pirates recherchés ni même les primes. C’est peut-être pour cela qu’il avait passé tout ce temps a Baybourg sans se faire démasquer et si ce que tu dis est vrai, que les gens dans la ville parlaient de sorcellerie. Il est donc évident que Maximus soit capable d’exécuter le sort de Scellement de son navire. C’est un homme dangereux. Un des plus sanguinaires pirates qui vogue sur les quatre mers.
-Qui est-il réellement ?
-Ça, c’est un mystère. Il fait partie de la génération Gamma.
-Je ne comprends pas.
-Ça ne m’étonne pas.
Soupira le capitaine qui se releva et alla placer les deux mains sur son gouvernail. Le vent rentrait dans les voiles sans peine et permettait au navire d’aller toujours plus vite. Les vagues quasi inexistantes qu’il était possible de s’endormir sur un hamac dans le bâtiment. Marcus regarda en hauteur et cacha ses yeux des rayons solaires par sa main. La journée semblait agréable et un doux vent caressait leurs visages. Sur le pont il ne restait que Marcus et le capitaine. Ne préférant plus causer, il s’affairait sur son gouvernail. Il sorti un compas. Marcus remarqua qu’il était doré. Avec des motifs qui s’effaçaient avec le temps. Ce dernier était attaché à la ceinture du capitaine par une chaine en argent. De très petite dimension
-Je devrais aller me reposer. Ce soleil me rassure et je suis persuadé que la veuve et la marine sont de l’histoire ancienne.
Le capitaine eut un petit rire cynique. Il tourna de nouveau le gouvernail de 20 degré nord et le navire obéit. Obligeant tous les passagers à subir un léger déséquilibre
-Ce n’est que le calme avant la tempête. La veuve n’est pas du genre à lâcher prise. Elle s’est alliée à la marine. J’ignore dans quel but. Je sais juste qu’elle en veut à toi et a ton journal et que si ce matin je t’aurais livré, je serais passé pour un couard. Les pirates sont libres et tout sauf lâches.
-Cela signifie qu’a l’heure où on parle, elle est derrière nous ? demanda Marcus
-C’est une évidence même. Je sais que tôt ou tard dans cette journée, il nous faudra combattre. Voilà pourquoi je nous amené en lieu sûr. Tu devrais te rendre utile cela étant.
Marcus souleva les cils sans rien dire. Les yeux du capitaine indiquèrent le haut du navire. Une petite tour d’observation en haut du mat. Il fallait y grimper en s’accrochant à quelques cordages
-Tu seras notre timonier Marcus. Tu guetteras les horizons pour nous avertir du moindre danger. Tu es jeune. Tes yeux ne souffrent pas encore.
Il acquiesça de la tête et s’y dirigea. De passage sur les marches menant à la cabine arrière il croisa le second qui sans mot dire lui plaqua un livre sur le torse. Un petit volume dont les couverts étaient gris. Aucun titre ni texte
-Pour quand tu seras là-haut. C’est fou comme on peut s’ennuyer à regarder la mer qui n’en finit pas. Et ne t’inquiète pas, père ne pense pas ce qu’il dit. Nous sommes tirés d’affaires.
-Tu nous écoutais ? fut Marcus dans la confidence
-J’étais juste en dessous de vous. Intéressante conversation.
Il se tut après. Pour une fois, Le second l’avait regardé dans les yeux et Marcus y perçut quelque chose de diffèrent. De la tendresse. Comme si le second Narhak devenait tendre. Cela du a la fatigue ? tous étaient dans le même état. Marcus le remercia et alla se coller à sa tâche.
Il roula une corde autour de sa taille et commença à escalader les bouts de bois qui servaient d’escaliers. Il fut d’efforts pour finalement arriver en haut. Il faisait froid, il se courba pour ne laisser que sa tête. L’air de la mer était pur. Le vent un peu plus violent que sur le pont. En dessous, Le capitaine et BArhak ressemblaient à des fournis et il ne voyait que leurs têtes. Impossible d’écouter leur conversation. Enfin il prit le livre et se décida à lire pour passer le temps

RÊVERIE : UNE NOUVELLE ÈRE DE LA PIRATERIE (TOME I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant