L'héritage

Chapitre 3 : Les détectives s'en mêlent

   Maggie était concentrée à la lecture d'un dossier qui traînait sur son bureau depuis un moment et dont elle repoussait constamment l'échéance, quand Morgane Liet, l'assistante personnelle de Patron, entra dans l'open-space et prévint les détectives qu'ils étaient attendus dans le bureau de leur chef. Elle s'y rendit donc avec Ewen, Béthanie et Djamila, visiblement soulagés eux aussi de quitter les tâches auxquelles ils s'étaient attelés.

   Comme d'habitude, il n'y avait pas assez de chaises pour tous alors ils attendirent debout devant Patron.

« —Bonjour à tous les quatre, fit ce dernier. Comme vous devez vous en douter, je vous ai fait venir ici parce qu'une mission vient de nous être confiée. Hier après-midi, une famille récemment installée dans une maison héritée de père en fils a découvert un cadavre momifié dans un vieux baril en trébuchant dessus. Ils ont immédiatement appelé le commissariat mais la lieutenant Messant est sceptique quant au fait qu'ils traiteront sérieusement cette très vieille affaire.

   « Alors elle leur a conseillé de se tourner vers nous s'ils désiraient vraiment avoir le fin mot de l'histoire. Et ils ont accepté. Nous n'avons pas beaucoup d'informations pour le moment. Le cadavre a été confié à nos chers médecins légistes, il sera autopsié en priorité dans la journée. Vous aurez le rapport demain.

   « Concernant la famille Pullin en elle-même, ils viennent donc d'emménager à cinq dans cette demeure, les parents et leurs trois enfants de 14, 4 et 2 ans. C'est une propriété héritée des parents de monsieur Pullin, fils unique, qui l'ont eux-mêmes reçue des parents de monsieur, de leur vivant. Cette première succession s'est faite en déchirant la famille. Le grand-père Pullin avait quatre frères et sœurs qui ont voulu leur part de l'héritage une fois qu'elle fut entièrement retapée. Depuis, les relations sont plutôt tendues.

   « Le corps en lui-même était inidentifiable à première vue. Quelques effets personnels étaient enfermés avec lui dans le baril, mais rien pouvant prouver son identité. Il va falloir éplucher le registre des personnes disparues au moment de la mort du cadavre pour tenter de lui redonner un nom. C'est une affaire unique, hors du temps. Je ne vous cache pas ma joie à l'idée de vous superviser durant cette enquête. Des questions ?

—Ils n'ont vraiment aucune idée de qui peut bien être dans ce baril ? demanda Ewen incrédule.

—Aucune. Ils ont eu beau se creuser la tête toute l'après-midi, ils ne voient personne pouvant avoir disparu dans leur entourage. Et quand je dis « ils », je parle plutôt de monsieur Pullin. À priori, le cadavre est plus vieux que sa relation avec sa femme. Elle ne nous apportera donc pas grand-chose, mais selon Ludivine Messant, ça reste une femme très intéressante et avec la tête sur les épaules.

—Les parents de monsieur Pullin ont été interrogés ? questionna Béthanie.

—Pas encore. Vous aurez ce privilège. »

   Les détectives n'avaient pas d'autres questions. Enfin, si, ils avaient un million de questions en tête. Mais ils savaient très bien que ce n'était pas Patron qui y répondrait.

    Si Patron leur avait clairement fait part de son engouement autour de cette enquête, les détectives n'étaient pas en reste. Jusqu'alors, ils avaient uniquement eu des enquêtes inscrites dans leur présent. Celle-ci était effectivement unique. Ce n'était pas un cold-case et pourtant, le cadavre était peut-être plus vieux qu'eux. C'était incroyable. Qui pouvait bien avoir disparu pendant toutes ces années, enfermé dans un baril au fond d'une cave poussiéreuse ?

    Ils sortirent du bureau de Patron en récupérant, au passage, le dossier que Morgane leur tendait sur le pas de la porte. Ils s'installèrent ensuite dans l'espace salon de leur open-space afin de tranquillement lire le dossier. Et ce fut rapide, il était très maigre.