Lorsqu'ils arrivèrent devant l'hôtel où logeait, à priori, Felipe le temps de son séjour en France, les détectives eurent une chance inespérée. En effet, ils virent leur homme en sortir et monter dans une voiture de location au logo vert d'Europcar.
« —Prête pour une filature chère collègue ? demanda malicieusement Ewen qui avait repris goût à leur enquête.
—En espérant ne pas trouver un autre cadavre au bout, lui répondit une Maggie toute aussi malicieuse. »
Ewen se mit alors à suivre la Ford blanche en prenant toutes les précautions nécessaires pour éviter au maximum de se faire repérer par celui qu'ils filaient. Très vite, les routes qu'ils prenaient leur semblèrent familières et ils surent où la Ford allait les emmener.
En peu de temps, ils se retrouvèrent dans le quartier où vivait Marie-Agnès du Moulins. Felipe se gara à proximité du portail, descendit de sa voiture, et alla frapper à la porte de la grande maison à colombages. C'est une jeune femme aux cheveux teintés en bordeaux et avec un certain embonpoint qui vint leur ouvrir. Sûrement Eva, l'employée de maison de la vieille femme.
« —On descend ? demanda Ewen à l'adresse de sa collègue.
—Non, on attend.
—À vos ordres. »
Ewen avait dit cela avec le sourire. Docile, il était plus suiveur qu'acteur dans les décisions que prenaient ses collègues. Pour lui, on ne l'avait pas embauché pour ses neurones, mais pour sa condition physique. Et il se trompait lourdement. Il avait bien plus de capacités cognitives qu'il ne le croyait. Et ça, Patron n'avait pas manqué de le remarquer. Mais il fallait qu'Ewen prenne davantage confiance en lui.
Au bout d'une vingtaine de minutes, Felipe ressortit de la maison, toujours accompagné d'Eva. Il n'affichait aucune expression faciale particulière, et sa démarche n'en apprenait pas davantage aux détectives concernant son état émotionnel interne.
Felipe remonta dans sa voiture et redémarra après un petit temps d'attente. Ewen émit l'hypothèse selon laquelle il devait être en train de régler son GPS jusqu'à sa prochaine destination.
Le nouveau trajet qu'il emprunta n'était pas non plus inconnu pour les détectives. L'homme qu'ils filaient se rendait à présent chez Martial et Laurence Pullin.
« —On dirait qu'il mène sa propre enquête, lança Ewen à la fois concentré sur sa filature et sur ses pensées.
—J'en ai bien l'impression aussi, enchaîna Maggie. Mais c'est étrange, ça ne colle pas avec le personnage que nous venons de rencontrer. Je n'ai pas eu l'impression qu'il était déterminé au point de se faire justice lui-même. Et je n'ai pas non plus eu l'impression qu'il ne nous faisait pas confiance.
—Ou alors il vient assurer ses arrières. »
Maggie ne dit rien, mais elle n'en pensait pas moins. L'attitude de Felipe était étrange.
« —On ne descend toujours pas ? demanda Ewen.
—Non, on le laisse faire et on voit où ça nous mène. »
Cette fois, Felipe fut plus long à ressortir de chez les parents Pullin. C'est une bonne heure plus tard qu'il fit son apparition sur le pas de la porte, seul.
Il se dirigea vers sa voiture mais, avant de monter dedans, il jeta un regard insistant en direction des détectives. Il avait repéré leur voiture. Et peut-être même qu'il en avait aussi repéré les passagers. Il était méfiant, il portait une grande attention sur son environnement. Ce n'était pas bon signe non plus.
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L'héritage
Gizem / GerilimQui n'a jamais redouté s'installer dans une vieille maison chargée d'histoire et y trouver un cadavre momifié en faisant des travaux de plomberie ? C'est exactement ce que va vivre la famille Pullin en héritant de l'ancienne chaumière familiale, obj...