Chapitre 13 : Sans papiers

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À peine Ewen et Maggie étaient installés dans la voiture de fonction qu'ils appelaient déjà leurs collègues pour leur annoncer la nouvelle.

« —Allô ?

—Béthanie, c'est Ewen et Maggie. Djamila est près de toi ? On a une excellente nouvelle à vous annoncer.

Djam', approche, je crois qu'ils ont trouvé l'identité du corps.

—Comment t'as deviné ?

Parce que l'autre bonne nouvelle aurait été que l'enquête soit résolue, ce que je trouve relativement prématuré.

—Bien joué.

Bon, alors ? Arrêtez de nous faire poireauter comme ça, qui est notre morte ?

—Elle s'appelle Isabel Rodriguez. »

Silence au bout du fil, puis :

« —Ça ne me dit rien du tout. Et toi Djamila ?

Non.

C'est qu'on n'a pas dû voir passer ce nom dans les dossiers. Je ne sais pas quoi en penser.

—Aucune enquête ne l'implique de près ou de loin ?

Non, mais nous avons encore une tonne de dossiers à éplucher. Ça ira plus vite maintenant qu'on a un nom.

—Apparemment c'était une immigrée espagnole qui vivait en France avec ses parents. Ils ont sûrement fait une déclaration de disparition inquiétante à l'époque ?

À moins qu'ils ne possédaient pas de papiers.

—Pourquoi ?

Ça aurait été trop risqué. Imagine, ils déclarent que leur fille a disparu et ils sont renvoyés à la frontière. Ils se retrouvent sans possibilité de la rechercher.

—C'est le serpent qui se mord la queue. Soit ils la recherchent eux-mêmes, soit ils doivent laisser faire la police sans aucune possibilité d'être informés de l'avancée de l'enquête.

Retournez quand même aux bureaux demander à Morgane de faire une recherche dans le dossier des personnes disparues. Peut-être qu'elle y est encore.

—Je lui souhaite. Bon courage les filles ! »

Sur ces mots, Ewen raccrocha et ils se mirent en route pour leurs locaux. Une fois sur place, ils tombèrent nez à nez avec Patron qui discutait de manière animée avec son assistante personnelle. Il s'arrêta à la vue des détectives, avant de lancer à l'adresse de Maggie :

« —La grasse matinée a été bonne miss Annisterre ?

—Excusez-moi, tenta Maggie.

—Quinze minutes de retard. Ewen t'attendait pour partir.

—Je sais...

—Chaque minute compte pendant une enquête. Ça aurait pu être dramatique.

—Ça ne se reproduira plus.

—Je te le souhaite. Bon, avez-vous une bonne nouvelle à m'apporter, comme par exemple le nom de notre cadavre ?

—Oui ! lança fièrement Ewen en bombant le torse. Elle s'appelle Isabel Rodriguez. C'était une jeune immigrée espagnole qui vivait dans le même village que les Pullin. Sa mère travaillait d'ailleurs pour eux, et elle prenait des cours de français avec Sébastien. Elle a disparu du jour au lendemain et ses parents sont rentrés en Espagne avec l'espoir de l'y retrouver.

—Eh bien, la matinée aura été malgré tout très productive. Continuez comme ça. »

Et Patron quitta la pièce pour se rendre dans son bureau personnel.

« —Morgane, tu peux chercher Isabel Rodriguez dans le fichier des personnes portées disparues s'il te plaît ? demanda poliment Ewen.

—C'est ce que j'ai commencé à faire, lui répondit-elle sans quitter son ordinateur des yeux.

—Y'a pas à dire, je comprends pourquoi Patron te fait autant confiance. »

Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Morgane, avant de disparaître aussi vite qu'il était arrivé.

« —Désolée, dit-elle, il n'y a rien. Personne n'est venu signaler sa disparition.

—Elle n'est pour le moment pas dans les cold-case, soupira Ewen, ni dans le fichier des personnes portées disparues. Et pourtant son corps est resté enfermé dans un vieux baril pendant au moins 20 ans.

—Je ne la trouve pas non plus dans la liste des citoyens français. Elle devait sûrement vivre de manière irrégulière sur le territoire.

—C'est comme si elle n'avait jamais existé.

—En France, peut-être. Mais elle doit bien figurer sur un quelconque registre espagnol.

—On fait comment pour aller vérifier ça ?

—Laissez-moi jusqu'à demain, lâcha Morgane en un soupir.

—T'es vraiment la meilleure ! »

Le sourire réapparut sur le visage de Morgane, et cette fois-ci il ne la quitta plus pour un moment.

« —On fait quoi maintenant ? demanda Ewen à Maggie.

—J'irais bien annoncer la nouvelle à Thierry. Comme ça, on pourra voir sa vraie réaction, et pas celle simulée après que ses sœurs l'aient appelé pour le lui dire avant nous.

—Excellente idée, c'est parti. »

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