L'héritage

Chapitre 28 : Consultation à la clinique

   Ewen pesta. Le parking de la clinique était bondé, il ne trouvait aucune place pour se garer. Après avoir fait plusieurs fois le tour, en vain, il se résigna et alla chercher une place plus loin en ville. Les deux détectives couraient presque en se rendant à leur lieu de rendez-vous. Ils étaient impatients de découvrir à leur tour ce que leurs collègues avaient à leur apprendre.

   Béthanie et Djamila les attendaient dans le bureau, à l'arrière du secrétariat, juste avant la salle aux archives. Ewen et Maggie durent présenter leurs cartes professionnelles avant d'avoir l'autorisation d'accéder à ce bureau où leurs deux collègues étaient installées autour d'une table avec un dossier ouvert posé dessus.

« —C'est pas trop tôt ! leur lança Béthanie visiblement très excitée par ce qu'elle venait de découvrir. Vous avez baissé les bras ou quoi ?

—T'as vu la tronche du parking ? râla Ewen encore légèrement agacé par les dernières minutes qui venaient de s'écouler. On a fait trois fois le tour avant d'aller se garer plus loin en ville. Ensuite, il a fallu marcher jusqu'ici. Je t'assure qu'on a fait au plus vite.

—Ça va, je rigolais. Bon ! Avant de lâcher notre bombe, vous nous faites part de vos avancées ? »

  Impatient mais docile, Ewen raconta brièvement à ses collègues les péripéties de la journée, soutenu par Maggie qui agrémentait ses explications par des remarques toujours très justes.

« —C'est étrange quand même la réaction de ce Felipe, songea Béthanie. J'aurais beaucoup aimé le rencontrer pour me forger aussi un avis sur lui.

—Oui, s'impatienta Ewen, il est bizarre. Maintenant à vous !

—Vous êtes prêts ?

—Oui ! lancèrent Ewen et Maggie en chœur.

—Isabel Rodriguez a visité la clinique quand elle était encore en vie.

—Ok, et ? la pressa Ewen.

—J'y viens, j'y viens. Elle est venue ici pour la dernière fois, tenez-vous bien, le 21 décembre 2000. »

  Alors là, c'était inespéré. Isabel Rodriguez avait fréquenté cette clinique le jour-même de sa disparition.

« —Comment ça « pour la dernière fois » ? demanda Maggie.

—Elle a eu plusieurs rendez-vous avant, lui répondit Béthanie. Et vous savez pourquoi ?

—Si on le savait on ne perdrait pas notre temps avec toi, s'agaça Ewen visiblement mal luné malgré la nouvelle qu'ils venaient d'apprendre.

—Mais quel ronchon celui-là ! Si Isabel a fréquenté cette clinique, c'était pour subir une IVG. »

  Décidément, les deux détectives nouveaux-venus ne cessaient d'être surpris par les révélations que leurs faisaient leurs collègues. Et cette dernière information tracassa particulièrement Maggie.

   Un avortement. Ça ne collait pas du tout avec le profil de la victime. Sauf si on prenait en compte... Non... Pas ça... Et pourtant... Si... C'était la seule explication cohérente. Sauf si on prenait en compte le viol dont elle a été victime au moment de sa mort.

« —Il y a eu plusieurs rendez-vous car c'est obligatoire dans le cadre d'une IVG, précisa Djamila. Il y a eu le premier avec l'échographie de datation et l'explication des démarches, celui avec le psy, celui avec le consentement écrit, puis celui où ça a eu lieu. Elle est entrée le 21 décembre 2000, a pris le cachet vers 10h, et est ressortie à 13h une fois qu'ils avaient vérifié que tout avait été expulsé. C'est à partir de là qu'on a perdu sa trace.