Chapitre 20 - Caleb

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Avec une délicatesse infinie, il caressa le médaillon argenté qui reposait entre ses mains. Il parcourut, avec une lenteur méticuleuse, les entrelacs fleuris qui ornaient le métal, explorant du bout des doigts les moindres aspérités et courbes. Chaque détail effleuré éveillait en lui des émotions profondes, vivaces, contradictoires : apaisement, tristesse, incompréhension, soulagement.

Les yeux clos, Caleb inspira profondément.

Eredan s'en était défait le premier jour de son retour. Il le lui avait rendu avec un doux sourire, sans explication, sans un mot. Pour autant, la lueur interrogative au fin fond de ses yeux mordorés ne lui avait pas échappé. Caleb avait patiemment attendu sa question. En vain. La curiosité naturelle du garçon était restée silencieuse et celle de son aîné n'avait pu être assouvie. Comme beaucoup d'autres sujets d'ailleurs.

Eredan lui cachait des informations. Il le savait. Son jeune frère avait eu, à plusieurs reprises, ce quelque chose dans le regard, cette petite lueur fuyante lorsqu'il s'approchait de trop près d'un sujet délicat. Eredan ne lui avait jamais menti mais il restait le grand prince de l'esquive. En revanche, il avait toujours été un bien piètre maître de la discrétion. Cela en était d'autant plus ridicule avec un bout de jambe manquant.

Caleb patienta comme il l'avait toujours fait lorsque le garçon tentait de le surprendre. Pourtant, Eredan devait bien se douter qu'il l'entendait approcher : les gonds de la porte avaient crissé, le cuir de son unique botte couinait sur les dalles et chaque pas était suivi d'un grincement à la provenance inconnue. Sans le voir, le brun imaginait sans mal sa position absurde, le dos courbé, les genoux pliés et les lèvres pincées par la concentration, toujours la même depuis des années.

Le silence s'installa.

Un, deux, trois...

Caleb roula sur le côté du lit et se réceptionna accroupi sur le sol froid tandis qu'Eredan s'écrasa de tout son maigre poids sur le matelas sans même avoir pu effleurer sa cible.

— Soixante-huit à zéro, annonça l'aîné en se redressant.

Le blond leva un doigt en l'air en signe de protestation.

— A un, marmonna-t-il, le visage encore enfoui dans les draps sombres.

— Si tu fais référence à la fois où j'ai été malade, c'est un point bien dérisoire.

Eredan se retourna dans un soupir et lui offrit, la tête renversée, son regard le plus résolu.

— Une victoire reste une victoire, Caleb. Tu n'as jamais émis de conditions par le passé. Je crois même me souvenir d'un "Sois prêt à tout" ?

— Je n'entendais pas par-là : me brailler dans l'oreille en pleine nuit alors que j'étais fiévreux.

— Tu fais toujours des histoires pour rien, fit le garçon, un énorme sourire planté sur ses traits. Et puis, ton hurlement vaudra tous les points du monde. Hum... Comment c'était déjà ? Je l'ai sur le bord des lèvres...

— Tu n'oserais pas.

Seul un petit cri aigu lui répondit faisant hausser un sourcil au brun.

— On dirait une souris à l'agonie.

— Justement, répondit Eredan en réitérant son imitation grotesque et très loin de la vérité par ailleurs.

— Cesse donc. Tu es ridicule.

Ce fut peine perdue, son cadet continua ses imbécilités jusqu'à ce qu'il obtienne enfin ce qu'il attendait depuis le départ : que la patience de Caleb s'étiole sous la forme d'un oreiller balancé sur son visage goguenard. Vaine tentative. Si le brun avait un talent certain pour contrer les attaques "furtives", celui caché de son frère était d'esquiver ou d'attraper tout projectile lancé sur lui. Une nouveauté vint pourtant s'immiscer dans ce jeu entre eux : l'oreiller retourna aussitôt vers son envoyeur qui ne put l'éviter à la grande joie d'Eredan dont l'hilarité atteignit son paroxysme en découvrant l'air outré de son aîné.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 02, 2023 ⏰

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