Chapitre 6

52 7 1
                                    

Pendant ma dernière heure de philosophie, je m'endormis presque. Il faisait déjà nuit et la lumière de la salle n'était pas suffisante pour me maintenir éveillée. Au fond d'elle, la professeur savait que c'était vain de tenir concentrés des élèves à cette heure. Je me sentis coupable, un peu. J'aimais bien ces cours pourtant, et de plus, elle restait sympa, pour une prof de philosophie, même très sympa. C'était le genre de prof qui culpabilisait de mettre des cinq aux élèves. Elle était sincère et elle aimait son métier, et c'est pour ça que je l'aimais bien.

Mais j'étais fatiguée, beaucoup trop fatiguée.

J'ai passé une bonne partie de ma soirée à réviser, et au moment d'aller me coucher, une idée, carrément pas brillante, me poussa à mener l'enquête sur Lucas. Finalement, après avoir regardé ces photos Instagram et les nombreux commentaires de filles toutes plus différentes les unes que les autres, j'en conclus que c'était un gars qui savait qu'il avait du charme et savait s'en servir. Puis, je regardais mes photos et me disais que moi aussi, j'avais la même image que lui à travers les réseaux sociaux.

Mais il devait sûrement ne pas y avoir prêté attention. Il n'y a que les filles pour faire attention à ce genre de détail.

À la limite du sommeil, la sonnerie de fin de cours me réveilla aussitôt.

Mais à peine je franchis la porte que je tombai sur lui. Je jurais contre moi-même d'être aussi malchanceuse et lui dit bonjour quand même par politesse.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Les cours sont finis...

- Je sais, j'attends juste une fille de ta...

Il n'eut même pas le temps de finir sa phrase que Kloé franchit la porte et lui sauta presque au cou. J'eus l'envie de vomir. Kloé... C'était en quelque sorte le style de mes anciennes copines. Celle qui embrasse un gars sur la joue devant la copine de celui-ci, ou encore celle qui répand des ragots pour créer une mauvaise réputation à une autre. Une fille nunuche sans cervelle qui se croit supérieure aux autres.

- Coucou beau gosse ! Je ne pensais pas que tu viendrais, trop contente !! S'écria-t-elle avec sa voix suraiguë.

Elle lui fit son plus beau sourire, puis, me remarquant, me dévisagea de haut en bas.

- Qu'est-ce que tu veux à rester planter là ?

Je levais les yeux au ciel et ne répondis pas à sa provocation, même si l'envie était très grande.

Mais une fois installée dans le bus, je ruminais.

Tous les deux, franchement ? Son style, c'est vraiment les écervelées comme elles ? C'est étrange, mais je ressentis de la déception, sans trop savoir pourquoi.

Si, tu sais très bien, tu ne veux juste pas l'avouer.

Au fond, ils s'étaient bien trouvés, mais je trouvais ça triste qu'ils, ou plutôt qu'il ne souhaite pas enfin avoir une relation sérieuse et stable. Oui, parce que bien sûr, ils ne souhaitaient pas du sérieux, pas avec une fille comme Kloé. Personnellement, j'ai bientôt dix-huit ans et mes phases de gamineries à aller voir sans cesse ailleurs sans aucun but ne m'intéressent plus.

Je regardais par la fenêtre les rues défiler, et me souviens qu'avant, des gars comme Lucas, j'en ai connu pas mal. Et les filles comme Kloé, elles faisaient partie de mon quotidien. À vrai dire, c'était même moi, avant.

Je descendis du bus et l'air frais me fit réaliser que j'avais les larmes aux yeux. Ils n'ont simplement pas eu le déclic comme moi, c'est tout. Arrivée chez moi, il n'y avait personne. Il commençait tout juste à pleuvoir et je montais m'enfermer dans ma chambre. Je comptais bien étouffer ces souvenirs par des révisions et une bonne sieste.

Mauvais choixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant