Chapitre 17

38 5 0
                                    

Retourner au lycée était une épreuve difficile. Je me sentais tellement vide en sortant du bus. J'avais cette impression de n'être personne. Que si j'étais là ou pas, rien ne changerait. Je détestais ce sentiment d'invisibilité.

Même ce lieu, qui avant m'apportait un certain réconfort à discuter avec Alicia, à avoir des jeux de regards avec Lucas et j'en passe, me donnait à présent un sentiment d'angoisse.

Je ne voulais surtout pas croiser Lucas qui n'avait répondu à aucun de mes messages. Et encore moins Mathis.

Il avait dû lui raconter tout ce qu'il s'était passé à la soirée, ainsi qu'à tous ses potes. Je craignais plus que tout que la version originale soit modifiée. Je levais les yeux au ciel et aperçus les nuages noirs au-dessus de ma tête. Quelques gouttes commençaient à tomber.

Décidément, tout pour enfoncer ma bonne humeur bien profondément.

J'aperçus au loin Lucas et sa bande sous le préau, et une fissure plus profonde se créa dans ma poitrine. Je ne pouvais que m'en prendre à moi-même. J'avais joué, et je m'étais brûlée, et je connaissais les enjeux dès le début. Je le fixais encore une seconde avant de détourner le regard. Il ne me cherchait pas, lui.

Regarde comme il a l'air heureux à sourire avec ses potes. Réveille-toi de ta trans et avance.

Il se trouvait dans la direction de ma salle de cours, et je m'obligeais à faire un détour pour éviter d'avoir à croiser son regard. Ou de le croiser lui, tout simplement.

Une fois arrivée devant ma salle, pile à la sonnerie, j'aperçus Alicia adossée contre le mur. À quelques pas d'elle, Mathis et un pote à lui rigolaient en regardant leurs téléphones.

Bon sang, qu'est-ce qu'il m'a pris de pécho un gars de ma classe ?

Je vais devoir supporter sa sale tête tous les jours en sachant qu'il a voulu m'utiliser pour gagner son stupide défi. Je devais le fixer un peu trop longtemps, car il releva la tête de son téléphone et s'approcha de moi.

- Tiens, ça fait longtemps, dit-il d'une voix bien trop mielleuse.

- Qu'est-ce que tu veux ?

Je ne voulais pas rentrer dans son jeu, je n'étais pas d'humeur. Je voulais juste qu'il parte et me laisse ruminer seule. J'essayais d'être la plus froide possible, et Alicia due l'entendre, car elle se posta à mes côtés.

- Il semblerait que Lucas et toi, ce soit mort, non ?

Lui aurait-il dit quelque chose ?

Mon sang ne fit qu'un tour. Il avait réussi à attirer mon attention. Des centaines de questions s'entremêlaient dans mon cerveau, mais aucune ne réussit à atteindre mes lèvres.

- En quoi ça te regarde ? Lança mon amie en lui jetant un regard noir.

Le gars (complètement malsain) sourit. Il se lécha les lèvres et s'avança vers moi.

- N'oublie pas que je suis là, si besoin.

- Fous-moi la paix. Le mois est terminé, passe à une autre, crétin.

Je le repoussai. Ces techniques de dragues n'avaient aucun effet, bien au contraire. Il me dégoûtait profondément. C'est donc ça que Lucas devait faire pour gagner ses stupides défis ? Une boule se créa dans mon ventre en l'imaginant à la place de Mathis, à faire la cour pour gagner le plus de points. Au final, ce n'était même plus pour les points, mais juste pour rebooster leur ego.

- Oh ma jolie, tu crois vraiment qu'il était intéressé par toi ? Même la proposition de venir au bowling avec nous était calculée.

Je jurais intérieurement contre mon cerveau de prendre autant de temps à assembler les pièces du puzzle. Même ça, ça ne venait pas de lui ? Ce que j'étais naïve. Je pensais être différente du fait que je n'étais pas sur sa liste, mais non, j'étais juste un pion. Comment j'ai pu me faire autant embobiner ? J'ai vraiment vu le bon en lui, mais Mathis me montrait sa vraie facette : celle cachée sous son beau sourire et ses yeux verts émeraudes.

Une fille interrompit mes pensées en criant que le professeur était absent.

- On va faire un tour ? Me proposa Alicia d'un petit sourire.
Marcher a en général pour effet de me vider la tête. J'acquiesçais en lui rendant son sourire.

Quelques minutes plus tard, nous vagabondions dans les ruelles alentour. J'oppressais dans ce lycée, et j'étais soulagée de sortir un peu. La boule au ventre commença à se dissiper lorsque mon amie me raconta son week-end passé chez ses grands-parents.

Inconsciemment, nous tombâmes sur les grandes rues remplies de magasins, mais je me ressaisis en me disant que ce n'était pas judicieux de faire du shopping maintenant alors qu'il me restait plusieurs heures de cours. Mais cela dit, ça aurait fait du bien à mon moral. J'ai toujours adoré faire les magasins, essayer des vêtements, penser à moi pendant quelques heures. Je vois peut-être peu mes parents, mais l'argent qu'ils gagnent est pour moi et mes études. Les études, pour le moment, ça va. Mais moi, en attendant, ce n'est pas trop ça. Et si mes parents étaient un peu plus présents, serais-je plus heureuse ?

Les quelques gouttes qui tombaient se transformèrent en torrent, et nous allions nous abriter dans un café afin d'attendre que le temps change. Il y avait beaucoup de monde et surtout beaucoup de bruit. L'ambiance était conviviale, chaleureuse, mais avec mon humeur qui me faisait broyer du noir, ce n'était pas quelque chose de positif.

Mais le contraste entre la fraîcheur extérieure et la chaleur du lieu me détendit un peu. Je m'installais à une table reculée, près de la fenêtre, pendant qu'Alicia partit commander un café. C'est en m'asseyant que je réalisai à quel point j'étais épuisée. Combien de temps avions-nous marché ?

Je regardais mon téléphone. Je n'avais aucune réponse de la part de Lucas. Je lui avais envoyé une bonne dizaine de messages tout au long du week-end. Mais il fallait se rendre à l'évidence, il m'ignorait totalement. Je devrais peut-être me rendre à l'évidence que nous deux ne nous apportions rien de bon. Sans réfléchir, j'écrivis :

- Tu comptes m'ignorer encore longtemps ?

Alicia me rejoignit et parla de ses frères et sœurs et, à ce moment-ci, sa tentative de combler le silence m'énerva encore plus. Ne pouvait-elle pas simplement arrêter de parler ? N'appréciait-elle jamais le silence ? Je soufflai un bon coup, pour apaiser toutes mes mauvaises pensées. Elle n'y était pour rien.

À présent, tout m'énervait, tout ça parce qu'un crétin décidait de n'émettre plus aucun signal. Je réalisais que mes émotions dépendaient clairement de lui, et ça m'énervait encore plus. Je regardais mon message envoyé précédemment. Vu. Je bouillais intérieurement, mais tentais de me raccrocher à la discussion d'Alicia pour me sortir de mes pensées négatives.

Un serveur s'approcha de nous et servit le café d'Alicia. Je restais un instant à le fixer. Il me disait quelque chose. Je devenais sûrement folle, mais il me faisait penser à Lucas. Ils avaient les mêmes yeux verts.

Je regardais le serveur repartir.

Des yeux verts, Marine, ressaisis-toi ! Les yeux verts sont tous semblables.

Je deviens vraiment folle de lui.

Ça craint.

--------------------------------------

Bonsoir à tous, voici le chapitre de la semaine, posté un peu tardivement mais posté malgré tout. C'est un chapitre assez classique, sans trop d'action. Mais on commence à apercevoir une forte affection du côté de Marine. 

Content de la tournure que prend l'histoire ? N'oubliez pas de liker et de commenter ;) 

Mauvais choixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant