Mauvais choix

Chapitre 11

J'attendis l'arrivée de Lucas, adossée à mon portail. Il était vingt-trois heures dix. Ma nuit serait courte.

Pour une nuit d'automne, il ne faisait pas trop frais, j'avais donc mis un gilet plutôt qu'une veste. En dessous de ce gilet, et bien, j'étais en robe de chambre. Je dus sortir par la fenêtre pour ne pas réveiller mes parents, qui dormaient dans la pièce à côté de l'escalier. Je n'avais pas envie d'expliquer pourquoi un ami venait me rendre visite à cette heure-ci.

Vraiment, un ami ? Qui débarque à cette heure-là ? Même eux ne sont pas bêtes, tu sais.

Je regardais mon téléphone. Dix minutes que je l'attendais, dehors, en pleine nuit. Il m'avait dit qu'il arrivait. Il venait d'où ? Du Mexique ou quoi ? Je commençais à croire qu'il m'avait fait un faux plan quand je vis sa voiture apparaître au bout de ma rue. Une fois devant moi, il abaissa la fenêtre passager et se pencha pour me dire de monter. Ce que je ne fis pas, et posais d'un air de défi mes coudes sur la fenêtre.

- Tu n'es pas la personne la plus ponctuelle qui existe, tu sais ? Dis-je ironiquement en fixant mes ongles.

J'essayais d'avoir l'air désintéressée, alors que j'étais plus qu'impatiente de savoir ce qu'il allait faire pour se rattraper.

- J'ai eu un léger... Contretemps.

Rappelle-toi, joue l'air désintéressé.

J'essayais de me convaincre, mais j'avais envie de connaître quelle était la raison de son contretemps. Était-il avec une fille ? Carla, Kloé, ou même une autre ?

- Hum, qu'importe. Éteins ta voiture. Je ne veux pas que mes parents aperçoivent une voiture devant leur maison. Il penserait que tu fais du repérage, un truc comme ça.

Il rigola mais coupa le moteur comme demandé.

- Je ne suis pas là pour voler quoi que ce soit... Il marqua une pause. Enfin si, peut-être leur fille, mais à part ça...

Il dit ça avec un léger sourire. Subtile manière de détendre l'atmosphère.

- Tu peux entrer tu sais, je ne mors pas.

Je soupirai mais cédai en le rejoignant dans l'habitacle. Je décidais de crever l'abcès directement et de parler du sujet qui fâche pour qu'on puisse passer à autre chose.

- J'ai sincèrement l'impression que tu me mènes en bateau. Je ne comprends pas comment tu peux mentir avec autant de facilité. Le premier jour, quand on s'est rencontré, tu m'as dit que tu attendais ta soeur, Carla. Et maintenant, c'est Aurélie. Qu'est-ce que tu essaies de me cacher à la fin ?

J'étais en train de déraper. Ce n'était pas le plan. Je devais uniquement être passive, et faire la fille naïve. J'étais en train de me faire rattraper par mes sentiments.

- J'avoue que j'ai merdé. Cette meuf ne représente absolument rien pour moi, je t'assure.

- Pourtant, tu m'as clairement dissimulé son identité. C'est elle, Carla ?

- Dans le ton de sa voix, je sentais qu'il était sur le point de dire quelque chose qu'il allait regretter. Il marqua une pause qui sembla durer des heures.

- Je vais être honnête avec toi...

Il soupira et j'appréhendais tout à coup la suite par l'air sérieux qu'il affichait.

- Mes potes et moi avons un jeu où le but est d'embrasser le plus de meufs. On en sélectionne une pour un des gars et il doit l'embrasser avant la fin du mois. C'est une sorte de pari. Non, plus un concours.

Je m'attendais à tout sauf à ça. Il était en train de tout m'avouer. Ce n'était pas prévu dans mon plan. Il mettait en jeu sa réputation. Je le regardais bouche bée, sans savoir quoi répondre face au blanc qui s'était installé. Il se racla la gorge et poursuivit, en fixant toujours un point devant lui.