Chapitre 10

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Je rentrai chez moi sans même me retourner, et, à mon grand étonnement, mes parents m'y attendaient.

- Ma chérie ! Comment vas-tu ?

Ma mère arriva jusqu'à moi et me serra fort dans ses bras.

- Ça va. Comment ça se fait que vous êtes rentrés ? Vous ne deviez pas arriver jeudi prochain ?

Mon père m'enlaça à son tour.

- On a voulu te faire la surprise. Notre déplacement s'est terminé plus tôt.

Ma mère avait un sourire jusqu'aux oreilles. Les deux restaient plantés dans l'entrée, ce qui me mettait mal à l'aise. Comme s'ils avaient quelque chose à m'annonce...

- Mais ce n'est pas la seule surprise qu'on a pour toi ! S'écria ma mère en sautillant presque sur place.

Pitié, pas un frère ou une sœur.

Elle partit dans le salon, et l'instant d'après réapparut dans l'entrée, ma valise à la main.

- On part en vacances !

- On prend l'avion demain matin direction l'Égypte.

Pour confirmer ces propos, mon père sortit trois billets de sa poche. Je restais sans voix. C'était exactement ce dont j'avais besoin. M'échapper quelque temps loin d'ici. Je regardais les billets de plus près pour en voir la destination : l'Égypte.

L'entreprise commence de plus en plus à s'étendre à l'international. Nous restons relativement près de la France, ce n'est pas le Japon ou les États-Unis, mais ça prouvait que l'entreprise fluctuait. En même temps, ils travaillaient si dur pour que j'ai la vie que je mène actuellement : maison de rêve, de l'argent de poche à volonté, des voyages récurrents et du personnel qui s'occupait d'entretenir la maison en leur absence. Beaucoup d'enfants rêveraient d'une vie comme la mienne. Je n'avais pas non plus à me priver de faire de longues études, car ils seraient là pour m'aider financièrement. Mais, car il y a toujours un mais, ils vivent travail, matin, midi et soir. Ils ont sans cesse des responsabilités et ne peuvent que rarement respirer. Mais je crois qu'ils aiment ça. Vraiment. Ce qu'ils font les passionne, c'est pourquoi c'est important que pour eux, je fasse quelque chose qui, plus tard, me donnera envie de me lever chaque matin.

Après cette nouvelle, je partis dans ma chambre rajouter les quelques affaires manquantes à ma valise. Ma mère est bien mignonne, mais je ne suis plus une enfant et j'ai besoin d'autres choses que seulement une brosse à dents et à cheveux dans ma trousse de toilette. J'ouvrais ma commode, où tous mes produits de beauté étaient rangés. À l'intérieur, il y régnait un bazar monstre, mais je m'y retrouvais.

À défaut de ne voir mes parents que rarement, j'ai quand même tout ce dont j'ai besoin. Mais je ne me souviens que très bien quand, petite, je passais de nounous en nounous. À force, je finissais par être horrible avec celle qui suivait, car la précédente me manquait. J'étais jeune, je ne comprenais pas.

Puis maintenant, ce n'est que moi et ma solitude. Je sais que la plupart des adolescentes rêveraient de ce que je vis : avoir assez d'argent de poche pour se payer un panier Sephora ou Zara régulièrement, voyager au moins une fois par an, être quasiment autonome. J'en ai conscience et j'en suis très heureuse, mais ce que j'aimerais, parfois, c'est voir plus souvent mes parents. Pouvoir leur parler de mes problèmes quotidiens, qu'ils soient là le soir quand je rentre, et pas seulement combler mes besoins avec de l'argent. Malheureusement, les parents ne sont pas éternels.

C'est principalement à cause d'eux que j'ai des problèmes avec la solitude et que je fais tout pour être accepté au mieux, même si ce n'est pas avec les bonnes personnes.

Mon téléphone vibra sur mon bureau, me sortant de mes souvenirs refoulés depuis longtemps. Je sortis de mon dressing où traînaient d'innombrables affaires par terre, pour voir qui c'était. Cela m'étonnerait que ce soit Alicia, qui ne m'a presque pas calculé de la journée.

Quand je vis le prénom de Lucas s'afficher, mon cœur rata un battement. Que me voulait-il encore ?

- On peut s'appeler ?

Je rigolais seule. J'espère qu'il veut m'appeler pour s'excuser.

Je ne répondis pas à son message et commençais à plier mes affaires au sol quand mon téléphone vibra longuement. Je soupirais. Il était en train de m'appeler.

Perdant patience, je décrochais.

- Tu veux ?

- Je voulais qu'on se voie pendant les vacances pour discuter un moment...

Je riais jaune. Sérieusement ? Il ne manque pas d'audace.

- Ta pote de classe ne peut pas t'accompagner à la soirée, c'est ça ?

- Non, pas du...

- Et donc, le coupais-je, tu te rabats sur la crétine de Marine ?

Il soupira. J'étais en train de m'emporter par mes réels sentiments. Il fallait que je lui laisse croire à une potentielle faille, que je joue encore de lui.

- Marine, je t'assure que c'est un malentendu. Est-ce qu'on peut se voir ?

- Je pars demain en Égypte pendant deux semaines.

- J'en ai entendu des excuses, mais je crois que celle-là, c'est probablement la plus originale de toutes.

Il commença à rire, et j'eus un léger rictus.

- Je suis très sérieuse.

- Vraiment ?

Face à mon mutisme, il continua :

- D'accord, très bien. Bon bah...

- Passe dans la soirée, vers les vingt-trois heures, le coupais-je.

Je sentais que j'allais le regretter, mais j'avais peut-être poussé le bouchon trop loin.

- Super, je serai là. J'aimerais vraiment me rattraper.

Je restais crédule un moment. Comment ça, il souhaitait se rattraper ? Après tout, je n'avais rien à perdre à l'écouter, sa crédibilité était déjà brisée de toute manière. Et moi, j'étais déjà en train de me brûler.

Un peu plus un peu moins, je n'étais plus à ça près.

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Ah, j'adore ce chapitre et le suspens qui plane pour la suite !

Je vous publie la suite en début de semaine prochaine ;)

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