Chapitre 12

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C'était à prévoir, Marine. Tu peux vraiment être naïve parfois.

Le voyage, censé durer deux semaines, soit toute la durée de mes vacances, ne dura finalement que quatre jours. Vous me direz, ce n'est pas grand-chose, que je fais l'enfant capricieuse et qu'il y a bien pire comme problème. Mais ça reste quand même une déception pour moi. Certes, j'ai pu me dorer la pilule sous trente-cinq degrés, j'ai pu voir le Sphinx et les pyramides de Gizeh, mais pour moi, ce n'est pas assez.

Tout ce que je demandais, c'était de passer pour une fois du temps avec mes parents. Je ne les vois quasiment jamais, et j'ai presque grandi sans leur présence. Alors, cette surprise était importante à mes yeux. Mais non.

J'aurais voulu faire un restaurant avec eux sans qu'un appel téléphonique ne vienne interrompre le repas. Ou qu'on ait le temps de retourner au souk où j'ai acheté mon premier sac à main. Même regarder les étoiles sur la terrasse de notre hôtel ou regarder un film m'auraient suffi. Pour dire, de tout le séjour, nous n'avions même pas fait une seule photo ensemble.

Tout se résume au boulot de toute façon, qui, même en vacances, les a vite rattrapés. Ils ont donc dû raccourcir précipitamment leur, ou plutôt notre voyage, de plus d'une semaine, pour un autre déplacement.

En ce moment même, je suis de nouveau seule chez moi, à fixer le plafond de ma chambre. Ici, le temps est bien différent que sur le continent africain. En ce mois d'octobre, les arbres commencent à perdre leur feuille, et la pluie est dorénavant omniprésente. J'avais ressorti mes pulls et plaids et reregardé pour la énième fois Gossip Girl.

Je n'avais eu que peu d'échanges avec Lucas, me demandant si je m'amusais lorsque j'étais en Égypte. Il m'a également reparlé de sa soirée d'Halloween, qui était à présent ce soir, et il m'a confirmé que la fille du café y serait également. Il m'avait dit que la soirée se déroulait chez un pote à lui, qui possédait un immense jardin et un lac, un peu perdu dans les champs, donc plus adapté pour une soirée d'Halloween.

L'envie de lui envoyer un message pour lui signaler mon retour en France, pour être moi aussi de la partie me rongeait. Je ne peux pas m'empêcher d'imaginer qu'il me fera un sale coup, et j'avais envie d'être là pour le prendre en flagrant délit. J'étais persuadée qu'il embrasserait une autre fille pour faire plaisir à ses potes, ou l'autre pouffiasse de Kloé, la fille du café, ou je ne sais qui d'autres.

Mais une autre partie de moi s'en fichait. Qu'il fasse ce qui lui chante, nous ne sommes pas en couple après tout. Ce voyage m'avait fait prendre du recul sur la situation, et je réalisais que je m'étais emballée pour... Rien du tout.
Viens avec moi dimanche et je leur dirais devant toi que j'arrête de jouer. Que des paroles. C'est ce que je ne cessais de me répéter. Tu es juste la prochaine sur la liste.

À aucun moment, il n'a exprimé le fait qu'il voulait quelque chose de concret avec moi, une vraie relation. Donc, à force de me répéter ça, j'étais à présent presque détachée de lui. Un pincement se forma au creux de ma poitrine. Pas totalement, mais on est sur la bonne voie.

Je devais garder mon objectif de vue : inverser les rôles et le jeter comme une vieille chaussette.

Mon téléphone vibra longuement, me tirant de mes pensées. Quand je vis le prénom d'Alicia s'afficher, j'hésitai à répondre. Ce soir, c'était Halloween, et elle n'était pas au courant que j'étais rentrée. Je réfléchissais à si c'était une bonne idée de l'inviter à passer la soirée avec moi. Après tout, j'étais seule, je n'avais rien à perdre.

- Coucou ! Je te manque déjà ?

Son rire à travers le micro me redonna le sourire.

- Alors ce voyage ? Les Égyptiens sont beau-gosseeeessss ?

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