Chapitre 31

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Après ce repas, je partis directement me coucher, encore énervée. Ma réaction était peut-être au départ excessive, mais au moins je savais à quoi m'en tenir : Justin était devenu un crétin fini. À force de me retourner dans mon lit, je finis par me rendre à l'évidence que je ne dormirais pas de sitôt. C'est pourquoi, je pris mon téléphone et appela Lucas en FaceTime. Ce dernier ne tarda pas à répondre, encore endormi.

- Tu ne dors pas encore ? Me demanda-t-il en ouvrant les yeux.

- J'ai du mal.

- Hum, c'est parce que je suis pas là, avoue-le.

Il se frotta les yeux, éblouie par la lumière du téléphone. Il réussi à m'arracher un sourire, auquel je rétorquais simplement un « n'importe quoi ».

- Au faite, pour le nouvel an, vous comptez faire quelque chose avec les garçons ? Tu ne m'as même pas dit.

- Hum, ouais. Newton a réussi à avoir sa maison pour demain, donc on fera un truc chez lui je suppose.

- Pas de bêtises sans moi, hein ?

- Promis, princesse.

Il nicha sa tête dans son coussin, sans se rendre compte à quel point il venait de chambouler ma poitrine. Ce surnom, sortit de manière spontanée, avait eu l'effet recherché de cet appel : de l'apaisement. Je souriais bêtement en regardant son visage et regrettais qu'il ne soit pas ici, avec moi.

Le lendemain, pour le 31, ma mère nous avait pris rendez-vous au spa en anticipation des courbatures que nous aurions dû au ski. Ce moment de complicité me poussa à lui parler de Lucas, pour moi c'était le moment idéal.

- Tu sais, ça commence à faire un petit mois que je vois quelqu'un et...

- Tu as un petit ami ? S'étrangla ma mère en récupérant nos affaires dans le casier.

- Heu... Oui. Il y a un problème avec ça ?

- Non aucun, c'est seulement que c'est assez inattendu. Encore plus que tu m'en parles. Ça fait longtemps ? Comment est-ce qu'il s'appelle ?

Ah bah quand même.

- Il s'appelle Lucas, et oui, ça fait déjà quelques mois. On s'est rencontrés au lycée en début d'année.

- Tu sais, reprit-elle, moi aussi avant de connaître ton père, j'ai connu un garçon, très charmant et...

Je n'écoutais qu'à moitié et continuais à marcher droit devant moi, à profiter des petites rues atypiques. De toute façon, je ne sais pas vraiment ce que j'espérais, ma mère n'a jamais été douée pour me comprendre, encore plus maintenant. Ils pensent que l'argent résout tous les maux, mais malheureusement pas vraiment. Mes parents ne me connaissent pas vraiment, et niveau communication, ce n'est pas ça du tout. Au moins, j'aurais fait la part des choses en la tenant informé, après si elle s'en fiche, ça c'est autre chose. Comment pouvait-elle ramener ça à elle ? Cette discussion était tout de même importante pour moi, j'attendais tellement plus que ce que ça avait donné. Lorsque je repris le fil de la discussion, elle enchainait sur le fait que rien n'était officiel lorsque l'amourette venait du lycée et que je devais faire attention.

Malgré le mur de glace que je tentais de fortifier autour de moi, lorsque j'entrais au chalet, la première chose que je fis était d'aller pleurer dans mon oreiller et de crier jusqu'à ne plus avoir de souffle. Ce voyage avait pour objectif de me mettre à bout, je ne voyais pas d'autres choses.

Je fus réveillée par des battements sur ma porte. La tête encore enfarinée, j'entendis Justin m'annoncer que nous passions à table.

- Je n'ai pas faim, merci.

Les pas de derrière la porte semblèrent s'éloigner, puis plus rien. Après quelques secondes, la porte de ma chambre s'ouvrit en grand, et le visage de mon « colocataire » apparut. Il ouvrit la bouche, puis la referma. Nous nous fixâmes l'espace d'une minute, avant qu'il n'enchaîne d'une voix neutre :

- Tu as pleuré ?

Surprise, je me levais en quatrième vitesse voir ma tête dans le miroir. Mes yeux étaient, en effet, très rouges.

- Non, ce sont simplement mes allergies.

- Et les mouchoirs, dit-il en montrant ces derniers étalés dans mon lit.

- Le froid... Répondis-je du tac au tac. Tu sais, on est au ski...

Il soupira, et j'espérais qu'il me laisserait tranquille pour cette fois. Malheureusement, ce sentiment de soulagement fut de courte durée.

- Tu veux en parler ?

Dans mon esprit, deux options s'offraient à moi :

1. M'énerver en lui reprochant son comportement d'hier 

2. Être gentille et accepter son aide.

Mon caractère de cochon me poussa a opté pour la première option.

- En parler ? Mais parler à qui, un ami ou un « grand homme » comme ton père ?

- Hum... Un ami qui souhaite devenir un grand homme...?

Il me lança un sourire contagieux.

- Ce n'est pas un ami que j'ai devant moi, je ne te reconnais plus du tout. La dernière fois qu'on s'est vu, tu ne voulais pas que je touche à ton ourson en peluche tout mâchouillé.

Il s'amusa à me décoiffer et sa mâchoire parut tout à coup moins carré.

- Sache que j'ai encore ce doudou, et il est toujours interdit de s'en approcher. Sur ceux, essaie d'oublier cette information de ton esprit, question réputation.

- Ah oui, pour quand tu seras un grand homme, j'oubliais.

- Exactement. C'est bien, tu suis.

Il marcha jusqu'à la porte, et sur le chambranle il se retourna et me dit :

- Si jamais tu as besoin, je suis là. Ne l'oublie pas.

Il passa le pas de la porte, puis réapparut aussitôt :

- Oh, et bonne année miss.

Sans rien attendre en retour, il partit, recoiffant ses cheveux noirs de la main.

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