1988 – Louis
Louis était confortablement installé sur l'une des chaises en rotin disposées sur la terrasse derrière la maison, sirotant une limonade bien fraîche que Maria avait préparé plus tôt dans l'après-midi. Cette dernière était à présent en train d'étendre le linge sur une cordelette attachée entre deux oliviers. Louis se leva alors de l'assise et dans un anglais un peu approximatif, il lui proposa son aide, ce à quoi elle répondit :
« No it's okay. Grazie mille. »
Même si l'anglais de Maria laissait à désirer, elle tentait tout de même de faire des efforts pour se faire comprendre auprès de Louis. Ce n'était pas forcément une mince affaire mais il n'avait pas le choix que de faire avec. Ils faisaient du mieux qu'il pouvait même si la barrière de la langue entraînait une certaine gêne à communiquer correctement. Leurs discussions n'allaient donc pas très loin et il avait fini par se faire à l'idée. Ainsi, il ne lui adressait la parole qu'en cas de force majeure, s'il n'avait pas d'autres choix. C'était triste et Louis aurait vraiment aimé pouvoir engager de longues discussions avec elle, des discussions qui ne se limiteraient pas à lui proposer de l'aide pour étendre le linge.
Mais à défaut de ne pas vraiment pouvoir discuter avec elle, il s'arrangeait malgré tout pour passer du temps avec elle. Ils n'avaient pas forcément besoin de parler ; sa simple présence était bénéfique pour Maria à qui la solitude pesait.
Martin apparut soudainement dans l'encadrement de la porte fenêtre qui menait à l'arrière de la maison. Louis lui offrit un léger sourire alors que le garçon s'avançait vers lui. Les rayons du soleil sublimaient davantage sa peau, lui donnant cette couleur dorée que Louis appréciait tant. L'air italien faisait des merveilles. Et à ce moment-là, Louis se dit que Martin n'avait jamais été aussi beau.
« Comme on est vendredi, je me disais qu'on pouvait sortir ce soir. Qu'est-ce que t'en penses ? » proposa-t-il tout en glissant une main dans ses mèches blondes.
Louis fit mine de réfléchir quelques instants.
C'était déjà vendredi. Ce même vendredi où Harry l'attendrait dans un des cafés du centre-ville.
Et Louis avait complètement oublié. Comment diable avait-il pu l'oublier ?
C'est vrai qu'il fut un temps, il ne serait pas passé à côté. Au contraire, il y aurait pensé jour et nuit, laissant le visage d'Harry hanter ses pensées et sa voix résonner dans ses songes. Mais jusqu'à il y a quelques jours, son visage et sa voix n'étaient que de vagues souvenirs. Ils étaient indistincts, presque effacés. Il ne lui restait que des bribes, des morceaux de puzzles incertains. Il ne se rappelait plus de la vivacité du vert de ses yeux. De sa voix qui, comme une berceuse, l'apaisait lors des jours trop gris. Ou encore, de la velouté de ses lèvres contre les siennes.
À présent, tout lui revenait en mémoire. Et ça faisait mal. Très mal.
« Louis ? Tu m'écoutes ? » s'impatienta Martin qui attendait toujours une réponse.
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Entre les vagues [L.S]
FanfictionC'est l'un des étés les plus chauds de tous les temps. Sur les côtes d'Arcachon, une bande d'amis vivent leurs premières expériences en bord de mer. Louis, lycéen de seize ans, croise le chemin d'Harry, de deux ans son aîné, tout droit débarqué d'An...