Entre les vagues [L.S]

Chapitre onze

1982 – Louis

Le soleil, par le double vitrage, se mit à agresser ses rétines lorsqu'il essaya d'ouvrir les yeux. Dans un froncement de sourcils sévère, il enfouit son visage dans son oreiller en soupirant. Il jeta ensuite un coup d'œil en direction de son réveil qui affichait sept heures. Il ne savait pas bien pourquoi son corps s'était décidé à se réveiller à une heure pareille, d'autant plus qu'il était en vacances et qu'il pouvait en profiter pour faire des grasses matinées. Mais il faut dire que toute cette charge mentale qu'il emmagasinait le fatiguait plus qu'il ne l'aurait cru. C'est pourquoi il n'avait pas fait long feu hier soir, et après sa petite balade au bord de mer couplée à cette discussion qu'il avait eue avec Harry, il était rentré chez lui et avait directement sombré. La seule chose dont il se rappelait, c'était cette conversation au bout du ponton et le mot qu'il avait retrouvé dans la poche de son sweat.

Il resta au lit, somnolant à moitié, vacillant entre songe et réalité. C'est une bonne heure plus tard qu'il se décida enfin à se lever. Il força son corps encore à moitié endormi à se mettre en marche en quittant son lit pour se diriger vers son armoire. Il enfila un short ainsi qu'un t-shirt à l'effigie de Depeche Mode puis sortit de sa chambre, rejoignant l'escalier pour se rendre au rez-de-chaussé. Tout en se grattant l'arrière de la tête, il se dirigea vers la cuisine pour prendre un petit déjeuner, optant finalement pour une simple pomme. Il croqua dedans tandis qu'il s'appuyait contre le plan de travail, observant ses parents assis à la table de la cuisine. Ils étaient déjà complètement apprêtés. Son père lisait tranquillement son journal en buvant son café, comme chaque matin. Sa mère quant à elle, mangeait une tartine de pain grillé et beurrée. Aucun des deux ne releva les yeux sur lui, trop concentrés dans ce qu'ils faisaient pour faire attention à sa présence.

« Je sors. Je serai peut-être pas là pour le déjeuner alors m'attendez pas. » annonça-t-il simplement pour briser le silence tandis qu'il balança sa pomme à moitié mangée dans la poubelle.

« Où est-ce que tu vas ? » demanda sa mère, semblant soudainement préoccupée.

« On va traîner un peu à la plage avec les gars. » mentit-il.

« Tu ne travailles pas aujourd'hui ? » demanda directement son père, relevant les yeux de son journal. « Parce que bon, ça va cinq minutes de passer ton temps à traîner avec tes copains. Ton grand-père a besoin de toi à la boutique. »

« Il m'a donné ma journée. »

« Fais gaffe fiston. J'apprendrais tôt ou tard si tu me mens. J'espère pour toi que tu dis la vérité. De toute façon, j'appelle ton grand-père dans la journée alors il me confirmera ça. »

Louis hocha faiblement la tête l'air de dire "j'en ai absolument rien à faire" puis fit volte face, rejoignant l'entrée. Il poussa la grande porte pour quitter sa demeure, attrapant rapidement son skate qu'il lança au sol pour sauter dessus dans la volée. De quelques coups de jambe, il prit de la vitesse et se laissa ainsi dévaler la route pentue qui le mènerait jusqu'au bord de mer.