Chapitre seize

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1988 – Louis

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1988 – Louis

Le petit bar de bord de mer où travaillait Harry serait qualifié de plutôt chaleureux, du moins, Louis s'y sentait relativement bien. Il ne savait juste pas ce qui l'avait poussé à venir ici alors que deux jours plus tôt, il lui avait bien fait comprendre qu'il ne voulait plus jamais le revoir. Sauf que dans le langage de Louis, jamais n'était pas forcément une fatalité. Il avait surtout dit tout ça sous le coup de la colère. En fait, il n'en pensait pas le quart. C'est juste qu'Harry avait ce don pour le faire sortir de ces gongs plus vite que n'importe qui. Son comportement l'avait particulièrement agacé ; il s'était permis de juger son petit-ami et Louis lui en voulait pour ça. Il lui en voulait d'être comme ça, d'être entré de nouveau dans sa vie. Mais il s'en voulait surtout de l'avoir laissé entrer. Une deuxième fois.

Il faut croire que la première ne lui avait pas suffit.

Il s'avançait donc vers le comptoir du bar, balayant celui-ci d'un simple coup d'œil. C'est là qu'il l'aperçut, accoudé nonchalamment contre le bois de la console, en train de discuter avec un homme installé de l'autre côté. Louis ne réussit pas à distinguer qui c'était avant de prendre lui-même place sur l'un des tabourets. C'est là qu'il reconnut Elio, avec ses mèches blondes prises dans un chignon ébouriffé et sa chemise à fleurs ringarde. Louis ne put réprimer un petit hoquet de dédain en les voyant tous les deux. Après ce que lui avait confié Alba à propos de leur relation, il ne voyait pas Elio d'un très bon œil et il ne pouvait pas s'empêcher de ressentir un certain mépris à son égard. Harry, lui, semblait totalement avoir tourné la page, ayant sans doute oublié la douleur qu'il avait éprouvée à cause de lui. Louis crut même décelé une certaine tension entre les deux, il soupçonna très vite un petit flirt se jouer mais il n'en était pas tout à fait sûr. Il resta tout de même profondément ébahi devant la scène. Comment Harry pouvait-il le laisser le traiter de la sorte ? Ce dernier n'arrêtait pas de sourire, et semblait complètement pris dans la conversation, tellement qu'il ne fit même pas attention à Louis quand il prit place à quelques mètres de lui. Mais Louis avait peur. Il avait peur d'affronter Harry après la façon dont il lui avait parlé la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Et il ne savait pas s'il était prêt à voir autant de haine dans ses yeux. Ces mêmes yeux dans lesquels il se noyait lors de l'été 1982.

Sans réfléchir, il racla sa gorge. Bruyamment. Peut-être même un peu trop. Mais au moins, ça lui permettait d'attirer l'attention d'Harry qui tourna subitement la tête vers lui. Mais ses pupilles ne transparaissaient aucune once de haine ou de tristesse... La seule chose qu'il voyait, c'était un vide sidéral. Et c'était bien pire.

« Qu'est-ce que je te sers ? » demanda directement Harry en faisant un pas dans sa direction.

Louis pouvait la sentir, cette tension qui planait dans les airs.

« Bonjour, déjà. » répondit Louis d'un ton plus froid que prévu.

« Ouais, bonjour. »

Louis ne réagit pas immédiatement. Il ferma les yeux une fraction de seconde, respirant par le nez, essayant de calmer la vague de froid qui tombait dans son estomac. Puis, quand le sang dans sa tempe devînt assourdissant, il rouvrit les yeux et regarda Harry, qui n'avait même pas un sourire à son égard. Alors Louis resta assis là, sur son tabouret, le regardant avec un air accablé. Il tentait de faire taire son esprit, de reprendre le contrôle de ses émotions et de se recentrer, un maximum.

Entre les vagues [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant