Entre les vagues [L.S]

Chapitre vingt

1990 – Harry

Durant ses nombreux voyages, Harry eut la chance de découvrir des paysages plus somptueux les uns que les autres. Il passa une grande majeure partie de son temps à remplir des carnets, mettant sur papier chaque silhouette, chaque monument, chaque point de vue qu'il trouvait, en passant par le Mont Fuji, le Sacré Coeur de Paris, les chutes du Niagara et les champs de tulipes du Pays-Bas. Il passait des heures à admirer la beauté des paysages qui se trouvaient sous ses yeux, à les reproduire sur le papier. C'était comme des moments hors du temps, des moments qu'il chérissait et il savait qu'il s'en souviendrait probablement toute sa vie.

Mais, même face à ces si beaux paysages, il ne pouvait pas oublier le sourire de Louis, un sourire qui valait bien tout ce qu'il avait pu admirer au cours de ses voyages. Son sourire était incomparable, tellement que tous ces endroits qu'il avait eu la chance de visiter ne pourraient jamais être aussi beaux. Les semaines, les mois, les années avaient beau passer, Harry n'oubliait pas ce sourire.

Entre deux destinations, lorsqu'il passait des heures dans le train, dans l'avion ou en bateau, il écrivait. Il écrivait des tonnes de lettres, toutes destinées à Louis. Des lettres dans lesquelles il racontait ses périples. Parfois, il glissait un dessin ou deux, ou bien une photo ou une carte postale, histoire de pouvoir lui partager les nombreuses vues panoramiques qu'il avait pu contempler. Puis il lui répétait qu'il l'aimait, qu'il n'arrêtait pas de penser à lui, qu'il aurait voulu qu'il soit là, avec lui. Il lui disait qu'il lui manquait, démesurément, que son absence était difficile à vivre, qu'il ne cessait de penser au moment où ils pourraient enfin se retrouver et vivre pleinement leur amour. Ils en avaient eu un avant-goût en Italie, avant qu'il ne parte pour faire son tour du monde, mais il voulait plus. Il voulait tellement plus.

Et ils méritaient tellement plus.

Louis semblait tout aussi nostalgique de leurs moments passés ensemble. Lui aussi lui faisait savoir à quel point il l'aimait et à quel point il lui manquait. Harry gardait précieusement toutes ses lettres qu'il glissait dans ses carnets de voyage, les relisant lors des jours trop sombres, enfouis dans sa couette, pleurant à chaudes larmes. Parce que oui, son absence le déchirait de l'intérieur. Il y avait des jours comme ça, où il aurait préféré ne jamais partir, des jours où il regrettait amèrement ce voyage qui le tenait éloigné de Louis. Mais il finissait toujours par se raisonner, se remémorant leurs moments à deux, en se disant qu'ils avaient toute la vie devant eux, si ce n'est même plus. Et ce grand voyage ne prenait qu'une petite place dans sa vie, c'était quelque chose d'insignifiant à côté de tout ce qu'il s'apprêtait à vivre aux côtés de Louis.

Ils s'appelaient aussi. Au départ, c'était presque tous les jours, puis petit à petit, les appels s'étaient étendus, et ils avaient fini par s'appeler une fois par semaine, voire une fois toutes les deux semaines. Ce n'était pas qu'ils ne pensaient pas l'un à l'autre, c'était simplement qu'au fil des jours, ils apprenaient à endurer cette absence et à vivre avec.