L'Élue et le fils de la nuit - Partie II

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-Et Jérémie ? Et Diana ?

Elle eut un sourire diabolique.

-Des Darkhane, pur et dur !

-Alors je suis différente...

Son visage devint plus sérieux.

-Tu l'as toujours été, ma chérie, mais tu as toujours cru que c'était anormal ou que cela faisait de toi quelqu'un de faible ou d'illégitime pour appartenir à notre famille.

Je levai des yeux surpris vers elle, bouche bée qu'elle ait aussi facilement lu en moi. Elle rit devant mon air étonné.

-Voyons, ma chérie, je peux lire en toi comme dans un livre ouvert ! Pensais-tu vraiment que je ne savais pas ce qui te tourmentait ?

-Je... pourquoi ne m'avoir jamais rien dit ?

Son visage se décomposa.

-Ce fut ma première erreur. Je pensais aggraver la situation, j'ai eu tort.

-Personne n'est parfait, maman. Nous faisons tous des erreurs. Moi la première. J'ai l'impression que j'en fais tout le temps...

Elle sourit.    

-Non, Evalina. Tu n'as commis aucune erreur. Tu as fait exactement ce qu'il fallait. Ne te juge pas trop durement.

-J'ai pourtant l'impression de tout faire de travers. Avec Julian et Nathan, avec Diana, avec Adel... regarde ce que j'ai infligé à ma meilleure amie...

Elle me caressa les cheveux.

-Concernant Julian et Nathan, tu n'as fait qu'écouter ton cœur, ma chérie. Crois-moi, je sais ce que tu ressens, je sais ce que l'amour peut entrainer, je connais ce sentiment de déchirement.

Je levai les yeux vers ma mère, étonnée. Moi qui pensais que ma mère n'avait jamais eu aucune question à se poser. Elle connaissait mon père depuis toujours, j'avais toujours cru qu'aimer mon père avait été une évidence pour elle.

-Mais... comment... je pensais que toi et papa...

-C'était évident ? compléta-t-elle pour moi avec un sourire indulgent.

Je hochai la tête.    

-Ça l'a été, en partie. J'ai eu l'immense chance de rencontrer ton père lorsque j'étais enfant. Il a d'abord été mon meilleur ami, mon confident, mon allié face au reste du monde. Puis je l'ai perdu et une partie de moi l'a oublié. Mais on n'efface jamais l'amour, ma chérie, jamais. Il reste toujours là, gravé en nous. Et lorsque je l'ai revu, à 17 ans, j'ai su qui il était et ce qu'il représentait pour moi. Je l'ai su avec une lucidité qui me terrifie presque aujourd'hui. J'aurais été prête à réduire le monde à feu et à sang pour lui.

J'écarquillai les yeux, incapable d'imaginer ma mère faire une chose pareille.

Elle perdit soudain son sourire et elle se détourna.

-Je crois qu'il est temps que je te dise quelque chose, Evalina... soupira-t-elle avant de passer une main tremblante dans ses cheveux de jais.      

-Maman ? soufflai-je, le cœur battant.   

Elle se tourna vers moi, et je vis des larmes au coin de ses yeux.

-Je dois te le dire, avant que quelqu'un ne te le dise à ma place, avant que Cara ne te le dise.

-Cara ? Mais enfin, de quoi parles-tu, maman ?

-Je n'ai jamais été une héroïne, ma chérie. Jamais. Je n'ai pas été cette fille, vouée au bien, qui a lutté de toutes ses forces contre le mal.

L'Appel de l'Ancien Monde - Tome 4 : La révolte des damnésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant