L'Appel de l'Ancien Monde - Tome 4 : La révolte des damnés

Veillée de sang

      -Tiens Evalina, bois ça, c'est absolument délicieux.

Alice se tenait devant moi, un verre contenant un liquide pétillant dans la main. Elle me le tendit.

-Merci Alice.

J'acceptai le verre et le portai à ma bouche. Le liquide avait un gout exquis, fruité et doux, il ravissait mes papilles et réveilla mes sens.

-C'est super bon ! m'exclamai-je. Qu'est-ce que c'est ?

Elle sourit. Ses grands yeux de biche, ourlés de cernes à peine visibles, se mirent à briller d'amusement.

-Une nouvelle trouvaille de Saphir, tu sais à quel point elle aime créer de nouveaux parfums.

Nous étions tous réunis sur une des grandes terrasses du Temple, toute ma famille, ainsi que le Sarneï et l'Élite étaient présents. Les autres résidents du Temple, enfants, adolescents comme adultes, fêtaient un peu partout dans le Temple. J'en voyais certains sur la plage, d'autre encore avait préféré le calme des toits, certains la forêt. Ce soir, chacun restait en famille, en amoureux, ou entre amis.

-Pour quelle raison es-tu là, Alice ?

Je n'étais pas idiote, je savais qu'Alice m'appréciait, et depuis mon entrée dans l'Élite, nous nous étions beaucoup rapprochés, mais là, elle ne venait pas pour le simple plaisir de ma présence.

Elle fit une petite moue boudeuse avant de s'adosser contre la rambarde.

-Je voulais te parler...

-Ça, je l'avais bien compris.

-Il s'agit de Julian.

-Je m'en doutais, répondis-je en contemplant l'océan.

-Tu as fait le bon choix, tu sais, finit-elle par dire.

-Comment ça ?

-Tu as eu raison de suivre ton cœur et d'accepter ton âme sœur.

-Julian et toi... vous êtes ensemble, n'est-ce pas ?

Elle manqua de s'étrangler en buvant.

-Julian et moi ? (Elle pouffa.) Oh non, pas du tout, Ev, tu te trompes. Nous ne sommes pas ensemble.

-Mais vous l'avez été autrefois.

-Oui, autrefois. Tout comme Nathan a aimé Saphir lorsqu'il avait ton âge, cela appartient au passé. Julian et moi avons confondu amour et amitié. Je ne l'aimais pas de cette manière-là, et lui non plus.

-Je... je pense, continua-t-elle, je pense qu'il ne t'aimait pas.

-Qu'est-ce qui te faire dire ça ?

Je fus surprise de constater que les paroles d'Alice ne me blessèrent pas, j'avais fait la paix avec moi-même quant à la relation que j'avais eue avec Julian.

-Il pense t'aimer, mais il se trompe. Il a aimé la jeune fille un peu gauche, qui manquait de confiance en elle que tu as été. Avec toi, il jouait un rôle de protecteur, tu ne vivais qu'à travers lui, et même s'il n'en est pas rendu compte, cela le valorisait. Lui qui ne savait pas qui était son père, qui était hanté par son passé, tu as représenté une manière pour lui de dépasser ça. C'est une forme d'amour, mais elle n'est rien comparé à l'Amour, le vrai, ce sentiment pur et désintéressé.

-Alors... Lui comme moi, nous avons simplement souhaité cet amour ?

-Je pense que vous en aviez chacun besoin à ce moment-là. Voilà pourquoi votre couple n'a pas tenu, il ne le pouvait pas, les bases de votre amour n'étaient pas assez fortes.