L'Appel de l'Ancien Monde - Tome 4 : La révolte des damnés

Au-delà des mots

Eran

Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara. Sara.

Il ne pouvait pas penser à autre chose. Son esprit était plein d'elle. De son regard stupéfait. De la lame noire fichée dans son corps. Du rubis qui se reflétait sur son visage pâle. Du regard vide de Nathan. Du bruit du corps de son âme sœur lorsqu'il tombe au sol.

Il la tenait dans ses bras, il la serrait de toutes ses forces, comme si ce seul geste pouvait la guérir et lui rendre la force qui commençait à s'écouler peu à peu de ses veines en même temps que sa vie.

Il ressentait sa douleur, son chagrin, son inquiétude et son amour comme si tous ces sentiments étaient les siens. D'une certaine façon, c'était comme si c'était lui qui se vidait de son sang sur le sol.

Il posa ses mains sur son cœur et lui transmis toute sa force. Il essaya de la guérir, d'endiguer le flot ininterrompu de sang, mais rien n'y faisait. L'Épée de Rubis était la seule arme qui pouvait leur être fatale. Même Sara n'échappait pas à cette règle.

-Sara, mon amour... Je suis là.

Elle sourit et posa une main ensanglantée sur sa joue. L'odeur métallique qu'il connaissait tant lui donna la nausée pour la première fois de sa vie. Ce n'était pas simplement du sang, c'était celui de la femme qu'il aimait. Et il y en avait trop. Partout. Sur ses mains, ses cheveux, ses vêtements, ses bottes. Sa joue.

-Eran, souffla-t-elle.

-Tu ne vas pas mourir, mon ange. Tu ne peux pas mourir.

-Je ne sens déjà plus mon corps, mon amour. Je ne tiendrai plus très longtemps.

-Non.

Il secoua la tête. Il ne pouvait pas la perdre, pas elle, pas Sara, elle était toute sa vie. Elle était son univers, son éternité, sa meilleure amie, son amante, la mère de ses enfants. Il voulait vivre pour toujours à ses côtés, c'était ce qu'ils s'étaient promis, c'était ce qu'ils avaient toujours désiré.

Ils avaient déjà tant perdu, ils avaient vu leur famille mourir et en avaient recréé une. Le sort ne pouvait pas à nouveau s'acharner contre eux. L'Élue devait vivre. Sans Sara, le monde s'écroulait, sans elle, la magie n'aurait plus aucun sens.

Sara était le commencement et la fin. Elle ne pouvait pas disparaitre.

Je n'ai jamais vu dans ton esprit que ce jour arriverait, lui dit-il en pensée.

Parce que je te l'ai caché. Je savais que je mourrais un jour et que l'Entité en serait la cause, je ne savais simplement pas quand ni comment. Ni par qui...

Dans son esprit, elle avait toujours la même voix douce. Dans son esprit, elle n'était pas mourante. Dans son esprit, elle riait et souriait.

J'aurais pu empêcher ce jour d'arriver. Ensemble, nous aurions trouvé un moyen.

Elle secoua la tête.

Certaines choses doivent arriver, Eran. Tu le sais aussi bien que moi.

Mais pas ta mort ! Sans toi... sans toi, vivre ou mourir m'importe peu.