Supplie-moi - Tome 2

Chapitre 6 - Un patient étrange

(Henly)

Plusieurs semaines se sont écoulées, et avec le temps, une sorte de routine s'est installée naturellement. Le soir, lorsque nous rentrons, le premier qui arrive prépare le repas pour l'autre, ensuite nous mangeons ensemble, nous débriefons de notre journée, nous nous racontons les éventuels cas intéressants. Puis nous allons devant la télévision, nous regardons un film ou une série. Tous les mardis soir c'est l'arme fatale saison 1, et tous les vendredis c'est Koh Lanta. Ensuite nous allons nous coucher, et le samedi soir, nous sortons soit tous les deux, soit avec les amis de Ryan, ou soit avec Sophie et Mathieu. Au travail, je suis complètement autonome, et tout le monde est ravi de mon comportement et de mes compétences. Mon référent me laisse les opérations les plus intéressantes, il ne me dit même plus ce que je dois faire, il ne m'envoie même plus sur des cas, il me traite comme si j'étais une titulaire ou même, comme son égal. Il en va de même pour tous mes autres collègues. Je ne regrette vraiment pas mon choix d'être venu dans la clinique Arago, j'ai beaucoup de chance, et J'apprends énormément de choses. Au final, il n'y a rien qui me différencie d'un titulaire, mis à part le salaire et encore, je n'ai pas à me plaindre de ce côté-là non plus. En résumé ; j'ai un homme parfait, qui me rend heureuse, une petite routine de vie très confortable, et un travail très prenant qui me passionne. Finalement la routine ce n'est pas si mal. Cela dit, la routine va bientôt changer, car les vacances de Noël approchent et tout s'accélère. Nous fêtons noël chez mes grands-parents au Cap Ferret avec les grands-parents, la mère et les sœurs de Ryan. Ça sera l'occasion de présenter ma famille à celle de Ryan. Ensuite nous rentrons sur Paris pour fêter le premier de l'an avec Sophie et Mathieu, et Vincent et Martha qui rentrent en France pour les vacances. Le premier de l'an se déroulera chez nous, il faudra donc que j'élabore un menu gastronomique, et que je prépare les chambres d'amis pour nos invités. Il me tarde d'avoir tout ce petit monde à la maison, ça va nous faire du bien de nous retrouver tous les six. Mais avant d'en arriver là, il va d'abord falloir que je finisse de boire ma canette de coca et que j'aille voir mon dernier patient de la journée.

- Monsieur Thomas Dupuis s'il vous plaît.

- Oui, bonjour docteur.

- Bonjour, je vous en prie entrez installez-vous. Lui dis-je en indiquant le fauteuil en face de mon bureau.

Une fois que l'homme est assis, je reprends.

- Donc, les urgences vous envoient pour une fracture à la main, est-ce que je peux voir vos radios ?

- Oui bien sûr, tenez, les voilà.

- Alors, on voit bien la fracture, ici, vous voyez ? L'os du carpe est fracturé et le métatarse et fissuré.

- Je ne comprends rien de ce que vous dites, mais est-ce que c'est grave ?

- Ça aurait pu l'être, vous voyez votre radio. Ça c'est votre main, elle est constituée en partant du poignet : du carpe qui est lui-même constitué de huit os solidement reliés par des ligaments. Comme vous le voyez ici, juste au-dessus de mon doigt, cet os est fracturé. Parmi ces os, il y a, le scaphoïde, une fracture du scaphoïde aurait été très problématique, en l'occurrence, le vôtre est intact, donc dans votre malheur, vous avez quand même eu de la chance. Par contre, vous voyez ces cinq os-ci, ce sont les métacarpes, ce sont des os qui sont longs, ils prolongent le carpe et forment avec lui le dos de la main, et ce que vous voyez ici, ce petit trait irrégulier, c'est une fissure. Ensuite, on voit ici vos cinq doigts composés de trois phalanges par doigt, excepté pour le pouce qui n'en possède que deux et tout est intact. Donc vous n'avez pas besoin d'être opéré, je vais vous poser un plâtre et on se reverra dans un mois pour que je vous le retire. Est-ce que vous avez bien tout compris ? Avez-vous des questions ?