Chapitre 26 - Disparition.

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(Henly)


Il est un peu plus de 22h, l'intervention a duré 13h, j'ai le dos en compote, mais je suis heureuse d'avoir pu sauver la jambe de ce patient. Entre-temps les parents du patient ont été retrouvés et ils attendent en salle d'attente, j'attends le Dr Gardiolat pour aller leur parler, je consulte mon téléphone, un message de Ryan m'informe que les propriétaires ont accepté notre offre, et que nous avons rendez-vous chez le notaire, mardi prochain à 18h15 pour signer le sous-seing. Je suis si heureuse, et si soulagée, c'est une page qui se tourne, et une nouvelle vie qui commence, nous allons pouvoir commencer à construire notre vie ensemble... Comme il me tarde !

- Étant donné le sourire placardé sur vos lèvres Dr Nvan, j'imagine que vous venez d'avoir une bonne nouvelle, serait-ce un retour positif des propriétaires de la maison que vous souhaitez acheter ?

- Précisément Dr Gardiolat.

- Super, je suis très heureux pour vous, Félicitations Dr Nvan.

- Merci, je vous attendais pour aller parler aux parents du patient, êtes-vous prêt ?

- Oui, allons-y.

Nous longeons l'immense couloir des blocs, puis nous quittons la zone réservée pour rejoindre la salle d'attente.

- Monsieur et Madame Roux ?

- Oui, bonsoir, comment va notre fils ? Demande Madame Roux les yeux remplis de larmes et de cernes.

- Bonsoir, je suis le Dr Nvan, j'ai opéré votre fils avec le Dr Gardiolat. Comme vous le savez votre fils a été percuté par un véhicule. Le choc a été extrêmement violents et les blessures de votre fils étaient très étendues est très graves. Nous avons beaucoup hésité entre une amputation et la conservation de sa jambe gauche. Plusieurs médecins se sont réunis en urgence pour délibérer sur ce point et nous avons décidé étant donné son jeune âge de faire notre possible pour conserver la jambe de votre garçon. Dans cette optique, le Dr Gardiolat et moi-même, avons fait notre maximum pour garder le plus de tissu possible, mais sachez que le chemin vers la guérison va être très long, et très difficile. Votre fils aura besoin d'au moins de deux années complètent pour se remettre, il gardera des séquelles à vie, notamment des cicatrices. Il est possible qu'il ait un handicap, il aura besoin d'une très longue rééducation et d'un traitement médicamenteux adapté. Sachez aussi que nous avons dû poser un fixateur externe sur la jambe de votre fils, il est donc possible qu'il ait besoin de reprise chirurgicale, c'est-à-dire que nous risquons de devoir le réopérer.

- Vous allez devoir réopérer notre fils ?

- Oui c'est possible, il faut bien que vous compreniez que votre fils souffre d'un traumatisme extrêmement sévère de la jambe, il avait une fracture ouverte, et des lésions traumatiques importantes, ainsi qu'une atteinte vasculaire... Vous devez être conscient que tout ceci expose votre fils a de graves séquelles fonctionnelles, mais aussi psychique, et que nous, chirurgiens avons dû faire un choix très difficile entre un traitement conservateur, hasardeux, long et fastidieux, ainsi qu'une intervention chirurgicale extrêmement compliquée, mais permettant à votre fils de conserver son schéma corporel. Et un traitement plus radical qu'est l'amputation, mais moins risqué d'un point de vue chirurgical, moins hasardeux, plus facile d'un point de vue thérapeutique, et qui offrent souvent aux patients une meilleure qualité de vie. Beaucoup de critères sont entrés en compte, notamment l'âge de votre enfant, la psychologie et autre. Sachez que si ça a été une décision prise dans un contexte d'urgence, il n'empêche que rien n'a été laissé au hasard, elle a été réfléchie, analysée, et argumentée par cinq chirurgiens et médecins parfaitement compétents, dont le Dr Gardiolat et moi-même.

- Bien sûr, nous comprenons, et nous vous remercions d'avoir fait votre maximum pour notre fils. Donc si je comprends bien, il est susceptible d'être réopérée, mais pour le moment il est tiré d'affaire.

- Non, étant donné l'ampleur du traumatisme, et la complexité de l'acte chirurgical, il y a des risques postopératoires, C'est pourquoi votre fils va rester en soins intensifs durant plusieurs semaines, une équipe sera là 24 heures sur 24 pour surveiller l'évolution de sa guérison.

- Est-ce qu'on peut aller le voir ? Demande Madame Roux impatiente.

- Pour le moment, il est en salle de réveil, il sera conduit en chambre d'ici une petite heure, une aide-soignante va venir vous chercher pour vous conduire à sa chambre.

- Merci infiniment Dr Nvan, Dr Gardiolat, Monsieur et Madame Roux nous serrent la main chaleureusement et nous partons dans la direction opposée.

- Vous êtes très douée pour parler aux proches Dr Nvan, sur ce je rentre chez moi et vous devriez en faire autant.

- Oh oui, bonne soirée Dr Gardiolat.

- Vous de même Dr Nvan.

Enfin cette journée se termine, je passe au distributeur me prendre un kinder bueno pour m'aider patienter jusqu'à la maison, et je dépose ma blouse au vestiaire, j'appelle un taxi et je me dirige vers l'entrée principale. Je m'assieds sur le banc sur le côté du bâtiment, en attendant mon taxi, je compose le numéro de Ryan.

- Bonsoir mon amour.

- Bonsoir.

- Alors cette opération ?

- Une fracture Gustilo 3c.

- Conservation ou amputation ?

- Conservation.

- Oh compliqué ! Comment cela s'est passé ?

- C'est une réussite.

- Super, ça fera trois choses à fêter ce soir...

- J'arrive pour te récupérer, le temps de faire la route, je serai là dans une demi-heure.

- Non c'est bon mon amour, j'ai appelé un taxi, tu parlais de trois choses à fêter ? La maison et l'opération ne font que deux.

- Tu oublies l'orgasme anal.

- Mais ça, on ne sait pas encore si ça sera une réussite ou non.

- Dépêche-toi de rentrer pour le savoir, tu es où là ?

- Devant l'entrée principale.

- Dehors ? Non rentre à l'intérieur.

- Bonsoir Dr Nvan.

Je tourne la tête et je suis pétrifiée quelques secondes.

- Mr Dupuis qu'est-ce que vous faites là, pardon j'allais rentrer.

- Non, vous n'irez nulle part, dit-il en ouvrant un pan de sa veste pour me montrer l'arme pointée sur moi. Jetez votre téléphone et posez votre sac à main sur le banc.

Les larmes me montent aux yeux, j'entends Ryan hurler dans le téléphone, je suis paralysée par la peur, je jette mon téléphone le plus fort possible contre les portes coulissantes de l'hôpital en espérant que cela alertera quelqu'un.

- Vous voulez mourir ? Levez-vous et dirigez-vous vers le SUV gris là-bas.

Je m'exécute, les larmes dévalent mes joues, Ryan sait où je suis, et il sait que Mr Dupuis est avec moi, il y a des caméras de surveillance, et il y a des gens qui discutent pas très loin, ils vont forcément remarquer que quelque chose ne va pas. Il ne faut pas que je panique, on va très vite me retrouver. Monsieur Dupuis ouvre la porte arrière du SUV.

- Monte, va au fond.

Je m'installe sur le siège du fond, le conducteur est une femme, elle porte de grosses lunettes noires, un masque FFP2 sur le visage et des gants. Mais pourtant, sa taille, sa carrure, son cou, je la connais, c'est une certitude. La conductrice démarre la voiture et lorsque nous nous appétons à passer devant l'hôpital, je vois deux agents de sécurité courir vers l'extérieur, ils cherchent des yeux lorsque nous passons devant eux et je me retourne pour qu'ils me voient. Oui par chance, ils m'ont reconnu. Mr Dupuis me met un violent coup dans le bras.

- Retourne-toi.

Je me retourne, à la fois rassurée et angoissée.


Ce chapitre est très court et je m'en excuse, mais rassurez-vous, le prochain sera intense ;)

Supplie-moi - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant