Art. 8 | Loi

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Cady

À onze heures trente tapantes, je reçois un texto qui m'annonce son arrivée. Il est carrément plus à l'heure que moi. Après avoir essayé bien trop de tenues et les avoir laissés empilées sur mon lit, j'emprunte enfin l'ascenseur. Le ciel est ensoleillé aujourd'hui et je sais que nous avons un peu de route. J'ai fait mes recherches et la propriété Windsoor est à l'extérieur de la ville, je le savais déjà car il m'en avait parlé quand nous étions plus jeunes. Je tapote du doigt sur ma lèvre le gloss que j'ai appliqué, j'ai opté pour une robe blanche en dentelle qui me donne un air plus décontracté qu'hier tout en restant chic. J'ai l'air moins coincé aussi, mes petites beautés à lanières dorées qui enroulent mes chevilles m'aident. Je les porte rarement car... ben 8000 dollars. J'ai dépensé 8000 dollars dans ces petits bijoux, mais elles en valaient chaque billet.

— Mlle Pen.

Bale est appuyé contre sa voiture. Un cabriolet gris qui a l'air flambant neuf.

— Une Maserati.

— Un grand sage m'a dit un jour que j'avais une Ferrrari alors que je pouvais avoir cent Maserati.

— Une sage personne.

— J'aime le croire.

Il ouvre la portière, je monte côté passager et claque la porte derrière moi. Je m'enfonce dans le cuir, et j'attends qu'il entre de son côté. Une fois derrière le volant, il me brief sur le déroulement de la journée. Du Brunch auquel on arrive en retard, à la partie de polo qu'on regardera des gradins, jusqu'à la partie de golf prévue en fin de journée. Le lancer en bourse commence à vingt heures pétantes.

— Donc j'évite le couple des Denport, j'essaye de ne pas parler à Conrad, je me montre possessive devant la princesse de Monaco qui vous fait du rentre dedans, j'oublie quelque chose ?

J'observe à la dérobée son profil alors qu'il est concentré sur la route. De son nez aquilin à ses lèvres pressées entre elles dans une fine ligne. Les pneus entrent en contact avec des graviers et nous sommes légèrement chahutés jusqu'à ce que la voiture s'immobilise sur un parking. Un voiturier nous attend.

— Ce n'est pas tout.

Son corps s'incline vers moi quand il lâche le volant, et il se penche assez vers moi pour me faire sentir son parfum, une de ses mains se lance entre nous, et les battements de mon cœur semblent ralentir. Il glisse son bras autour de mon appuie-tête et concentre toute son attention sur moi. Il se penche en avant, son visage à quelques centimètres du mien, et, bien qu'il ne me touche pas, j'ai l'impression qu'il est tout contre moi.

— Qu'est-ce que vous faites ?

J'essaie de paraitre tout à fait naturelle en lui répondant, alors qu'il reste muet.

— Nous sommes en retard.

— Et alors ?

— Et alors il faut donner une raison à notre public.

Son doigt se faufile dans une de mes mèches et il tire légèrement dessus pour qu'elle s'échappe de l'élastique, il renouvelle l'opération trois fois.

— Vous n'êtes pas sérieusement en train de vouloir me faire ressembler à une femme qui vient de se faire prendre dans la voiture de son milliardaire ?

Mon indignation le fait sourire et il se redresse pour remettre le nœud de sa cravate.

— C'est exactement ce que j'essaie de faire croire, Mlle Pen, j'ai une réputation à tenir.

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