Bale
Je n'ai aucune idée de pourquoi je suis allé jusqu'à ce bar miteux. Ne pas avoir de ses nouvelles de la semaine m'a rendu plus fou que ce que j'aimerais bien admettre, je ne parle pas de quand je l'ai vu assise en face de ce policier qui est surement un homme aux milliers de qualités, qui la faisait rire à gorge déployée. Après avoir ruminé depuis, j'ai craqué en passant devant son bar fétiche en rentrant de ma réunion. Ce sera tellement plus intéressant ce week-end avec elle. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me rejette de cette façon, mais quand elle a finalement accepté, j'ai failli afficher un sourire que le monde n'a pas besoin de voir.
Je demande à mon chauffeur d'accélérer, il me dépose au manoir pour que je me change.
Ce soir, je m'occupe d'un réseau de trafic d'humain. La police pense pouvoir me tenir, mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que je suis au courant de leur plan et que j'ai prévu de frapper deux heures plus tôt.
Une fois en tenue, je monte sur ma moto et file sur la rive gauche de Walvatown. La nuit est tombée depuis un bon bout de temps et la lune éclaire les conteneurs rangés sur les docks. Posté sur un toit plus loin, j'attends des mouvements. Les criminels sont de plus en plus prudents la nuit et je me demande même si certains ne commencent pas à agir le jour pour m'éviter. Un homme en noir fait le tour de quatre conteneurs rouges avant de revenir sur ses pas, comme s'il analysait si la voie est libre. Il tape sur la porte en métal, deux autres hommes le rejoignent. Ils regardent les horizons et une file indienne de femmes, les poignets liés et un sachet sur la tête commence à avancer.
Je descends en tyrolienne sur l'un des conteneurs pour les prendre par surprise. J'avance lentement et silencieusement au-dessus d'eux, et dès qu'ils s'engouffrent dans un petit tunnel, j'en profite pour plonger dans l'obscurité.
Bande de fils de putes.
Le premier tombe à terre quand j'arrive sur son dos, l'autre tire avec sa mitraillette dans le vide et touche mon armure. Je m'empare de son arme et lui met un crochet du droit alors que le troisième vient m'attaquer par l'arrière. Les filles crient et se roulent en boule au sol. Elles ne voient rien et ne peuvent pas se détacher entres elles. L'homme essaie de m'étrangler, mais je lui envoie une lame dans le dessus du pied. Il crie sous la douleur mais ne s'arrête pas pour autant. Il sert si fort que je perds l'équilibre et lui tombe dessus. Celui que je viens de désarmer vient l'aider, il essaie de me blesser et arrive à attraper la mitraillette de l'autre toujours inconscient au sol. J'arrive à reprendre mon équilibre en mettant des coups de coudes dans l'abdomen de celui que j'écrase et fonce sur l'homme armé. Je n'ai pas peur qu'il tire sur moi, mais sur les filles pour pas qu'elles ne parlent de détails qui pourraient inculper le chef.
Je soupçonne que c'est Marrone, mais il me faut des preuves.
On commence à se battre, un contre deux au début, seulement le troisième se relève et vient aider les autres. Lentement, je les écarte des femmes apeurées et nous sortons du tunnel. Je sais que c'est risqué. D'autres vont arriver en entendant le chahut et les chances que j'arrive à les sortir en vie d'ici commence à s'amoindrir.
Avec difficulté, je lance un pique sur l'un des hommes qui tombe raid. Ils ont plus d'expérience en combat que ce que j'affronte habituellement.
Ils sont coordonnés et arrivent à déjouer mes contre-attaques. L'un réussi à attraper mes bras dans mon dos et hurle à l'autre de me tirer dans la tête. Je suis affaibli depuis le week end dernier et j'ai du mal à me défaire de sa prise. Le pouls battant, je serre les dents en essayant de me dégager. L'homme ramasse l'arme, la charge et pointe le canon vers moi. On dit qu'on voit toute sa vie défiler quand on est sur le point de mourir. Ce n'est pas ce qui m'arrive. Tout ce que je vois, c'est le noir, des regrets de ne pas avoir fait assez et de deux billes couleur whisky. Puis, à la vitesse de l'éclair, la tête de l'homme en face de moi explose dans un coup de feu qui me surprend. Sans perdre de temps, je profite du choc de l'homme derrière moi et m'enlève de sa prise en lui mettant un pain qui le fait perdre connaissance. Automatiquement, je cherche en direction de l'auteur du coup de feu et y trouve une petite silhouette, les mains tendues sur son arme, la respiration amenant sa poitrine de bas en haut à une vitesse folle. Je tends un bras ganté en sa direction et me mets devant la silhouette inerte qu'elle fixe au sol dont le sang s'écoule.
— Tout va bien, il le méritait d'accord ?
Ma voix trafiquée la sort de sa torpeur, mais elle ne me regarde pas.
— Procureure, regardez-moi !
Elle n'écoute pas, ses yeux sont embués, et son souffle devient erratique.
— Cady Pen, ordonné-je en approchant d'elle.
Elle évite toujours mon regard et ça me rend fou. Elle est en train de perdre pied, je le vois. Je lui interdis, une fille avec autant de force qu'elle, ne peut pas s'éteindre en ôtant la vie d'une ordure pareille. Je ne réfléchis pas, je me poste juste devant elle et mes doigts attrapent son menton pour la forcer à me regarder. Enfin, ses yeux percutent le mien et ils veulent me dire trop de choses.
Regrets, peur, tristesse.
J'y vois des tourments semblables à ceux dont Billy m'a parlé quand il l'a trouvé à coté de mon corps. Semblable au jour où j'étais sur elle dans le lit.
Cady Pen a des démons, et j'ai envie de l'aider à les combattre.
— Restez avec moi.
Elle hoche la tête d'une manière imperceptible et je lui entoure la taille comme à notre première rencontre. Je lance un pique en direction du pont au-dessus de nous, qui nous hisse en haut.
— Je dois aider ces femmes sinon tout ça n'aura servi à rien. Vous ne bougez pas d'ici, compris ?
Là encore, elle semble inanimée, comme si elle n'était pas vraiment là.
Le temps presse et même si j'aimerais plus que tout rester avec elle, je suis obligée de mettre les femmes en sécurité. Je redescends, les trouve qui pleurent sur le sol.
— Ils sont morts. Si l'une d'entre vous parle anglais, qu'elle le transmette aux autres, nous devons bouger tout de suite.
Une des femmes parle une autre langue, je dirais de l'espagnole et elle commence à se lever, tremblants comme des feuilles. J'attrape le poignet de la première, qui sursaute à mon toucher et l'oblige à me suivre. Je ne peux pas leur enlever le sac sur leurs têtes au risque qu'elles prennent peur. Nous sortons de l'autre côté du tunnel, là où j'avais prévu de les emmener. Un autre conteneur est là, qui se fond parfaitement dans la masse. Celui-là est le mien, et personne ne pourra l'ouvrir sans ma combinaison. Combinaison que j'ai remise à un des policiers.
— Attention à la marche.
La fille traduit et doucement, elles commencent à entrer dans le bout de métal.
— Je dois partir, je suis obligé de vous enfermer ici, mais les policiers vont arriver.
— Non, crie la femme, affolée, ne nous enfermez pas encore !
— Ils vont trouveront dans quelques heures, je n'ai pas le choix.
Elle ne me fait pas confiance et je le comprends parfaitement. Ces filles ont dû vivre les pires tourments et elle pense à nouveau que je leur joue un mauvais tour. Je suis obligé de quitter l'endroit et je referme les deux portes lourdes avant de fermer le cadenas.
J'ai clairement une mission encore plus importante. Que Cady Pen n'arrête pas de briller.
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Nightwolf
RomanceCady Pen est la nouvelle procureure de Walvatown, son objectif utopique est d'amener la sécurité dans les rues de cette ville. Derrière cette façade, nul ne suspecte le secret dévastateur qui la ronge. Bale Windsoor, arrogant, milliardaire et conn...