16. ZINNIA

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Lorsque Babaro fit son entrée dans la pièce, il semblait que tout le reste s'estompait, laissant place à sa seule présence. Il dégageait une aura de fatigue profonde, celle d'un homme portant le poids d'innombrables responsabilités. Son allure, bien que marquée par l'épuisement, avait quelque chose de magnétique qui captivait toute mon attention.

Babaro, c'était le surnom affectueux que j'avais donné au docteur Ethan, inspiré de "baba wa roho" en swahili, qui signifie littéralement "père de l'âme". Ce terme était pour moi une expression de l'affection et du respect profonds que je lui portais, reflétant le rôle presque paternel qu'il jouait dans ma vie. Lorsqu'il me vit, il s'exclama avec une chaleur qui réchauffa mon cœur :

-       Bonsoir, tout le monde. J'ai entendu dire que Zinnia avait eu une piqûre d'abeille... ma mwanangu.

Son accueil me fit sourire, illuminant mon visage pour la première fois depuis son arrivée. Je me précipitai dans ses bras, cherchant refuge dans son étreinte rassurante. Lorsqu'il m'appelait "mwanangu", ce qui signifie "mon enfant" ou "ma fille", chaque syllabe résonnait en moi, éveillant un sentiment de connexion profonde et chaleureuse.

-       Mon Babaro, je suis si heureuse de te voir, répondis-je, ma voix empreinte d'enthousiasme.

À côté de nous, la Candace, surprise, demanda comment nous nous connaissions. Babaro, me serrant doucement contre lui, répondit avec une tendresse palpable :

-       Zinnia et Sakura sont les premiers bébés que j'ai mis au monde, mes précieux enfants.

Je ressentais une immense gratitude envers Babaro. Il avait comblé le vide laissé par l'absence de mon père, me guidant et me soutenant à chaque étape de ma vie. À l'époque, maman n'était pas encore mariée à Olivier, et bien que je m'entendais bien avec lui, ma relation avec Babaro était spéciale, unique.

-       Ton charme ? me demanda-t-il, sa voix teintée d'une inquiétude paternelle.

-       Oui, soupirai-je, baissant les yeux, une ombre de tristesse passant brièvement sur mon visage.

Babaro balaya la pièce du regard, son attention s'arrêtant un instant sur le dirigeant de l'Ordre, un personnage que je n'avais même pas remarqué se déplacer. Il passa de derrière l'Empereur, près de nous, à l'autre côté de la pièce, puis son regard se posa sur le duc Swahilis. Nos yeux se croisèrent, et il me gratifia d'un sourire bienveillant.

-       Wesley, bois ton thé, ordonna Babaro d'une voix ferme mais calme, avant de se tourner vers sa sœur. Les abeilles sont attirées par les zinnias, leurs fleurs, en raison de leur richesse en nectar et en pollen...

-       Tu es sérieux ? Zinnia sent les zinnias ? s'étonna la Candace, un sourire amusé se dessinant sur ses lèvres.

-       Non, pas Zinnia, son charme... c'est un peu plus complexe, répondit-il avec un sourire en coin. Petite sœur, tu sais que je t'aime, mais l'histoire des charmes est longue et très technique. Alex a un cours là-dessus, et tu pourrais y assister avec l'Ordre. Ça te fera du bien...

-       Si tu essaies de me vexer, c'est raté, répliqua la Candace, son rire résonnant dans la pièce.

-       Les zinnias sont des fleurs pollinisatrices, ajoutai-je, saisissant l'occasion de partager un peu de mon savoir. Ils favorisent la reproduction des autres plantes. C'est une relation symbiotique entre la fleur et l'insecte, une relation qui existe aussi chez les prima.

Babaro activa ses pouvoirs pour effectuer des analyses sanguines, sa lumière enveloppant mes mains d'une douce lueur. Son regard se fit intense, scrutant attentivement les résultats qui s'affichaient devant lui. J'observais, fascinée par son expertise médicale, la précision avec laquelle il maniait ses dons.

AITHIOPIA [T6]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant