AITHIOPIA [T6]

63. ALEXANDRA

Le Jubilée d'Eller se passait bien pour notre grande joie puisque nous étions en charge de l'organisation et que c'était un beau contrat pour nous. Ketmie était à bout de nerf, son charme menaçait de se relâcher quand je la croisai mais le montant du contrat l'avait convaincu de venir.

Pétunia aussi était là juste pour l'argent. Sakura voulait des fleurs pour son jardin et ses serres, chose que Stella lui avait promis. Mes cousines étaient là pour la forme mais surtout pour surveiller les filles pendant mon absence. Protea était là par devoir, Cassia voulait juste se créer des contacts et Celiosa avait été forcé de venir, je n'aimais pas la savoir seule à la maison. Le reste de la famille avait réussit à esquiver.

J'avais rempli ma part en tant que nouvelle dirigeante de Celestia, j'avais rempli ma part pour le Jubilée. Le soleil venant de se coucher, techniquement, nous pouvions nous en aller car Eller allait passer du temps en famille. Or, j'avais reçu une demande qui m'inquiétait, ce qui me fit décider de rester un peu plus longtemps.

- Maman, notre service est fini, chuchota Nigella, les bras croisés. J'ai du travail et Sakura doit réviser...

- Ne me fais pas répéter, soupirai-je, nous restons. Sakura n'a nul besoin de réviser, elle est tellement studieuse qu'elle s'en sortira ! Et franchement Nigella, fais un effort, l'amour te rend irritable...

Elle se retint de me répondre car elle savait que je ne changerais pas ma décision. Je me pris un verre et m'installa sur le seul boudoir que je trouvai vide, histoire de me détendre de cette longue journée. Mon regard s'attarda sur Protea qui entra dans la cuisine qui avoisinait le boudoir. Elle jeta la boisson dans son verre dans le lavabo, je souris, sûrement du jus.

Protea était de plus en plus de mauvaise humeur en ce moment à cause de tout ce qui nous arrivait et surtout la tournure que prenait sa vie. Elle me faisait de la peine, je comprenais ce sentiment de solitude qui devait l'envahir et aussi le poids des responsabilités.

Je l'avais vécu quand du jour au lendemain, ma famille et moi étions passé du luxe du ciel à la misère de la terre. Puis à la mort d'une grande majorité des miens, j'avais dû devenir responsable très vite, apprendre à diriger rapidement, du haut de mes 13 ans, alors même que je sortais de l'hôpital.

Je n'oublierais jamais comment les huissiers, les avocats et les ennemis de ma famille m'avaient limite harcelé alors même que j'étais alité. Mais ce qui m'avait décidé, ce qui m'avait fait comprendre que ce monde était sans pitié envers moi, c'était quand au lendemain de mon viol, la dite-femme de mon agresseur avait envoyé quelqu'un pour m'éliminer et détruire les preuves. Depuis ce jour, j'avais cessé d'être la petite dernière, j'avais pris ma place et dirigé d'une main de fer toute ma famille survivante.

- Tante Tea, on veut à boire... s'il te plaît...

Je baissai les yeux vers Kha qui la regardait avec un grand sourire. Il tenait la main de Judicaël. Stella et moi avions remarqué que son fils s'amusait beaucoup à caser les gens. Vu qu'Ayden voyait les destinées, je me demandai si ce n'était pas aussi le cas pour les jumeaux ou du moins l'un des deux.

- Bien sûr mon amour. Bonsoir... Judicaël.

- Bonsoir Protea, répondit-il en remarquant tout de suite l'hésitation.

- Tata, je suis fatigué, portes-moi, exigea Kha en prenant un air dramatique.

Protea rit, Judicaël le souleva dans ses bras. Kha était un spécialiste des caprices, nous cherchions toujours un moyen de l'empêcher de faire ce genre de choses.

- Altesse, vous m'avez dit que vous vouliez marcher...

- J'ai changé d'avis, répondit-il en tendant les bras vers Protea, je veux un câlin !