AITHIOPIA [T6]

37. JUDICAEL

Je me laissai tomber dans mon fauteuil, je détestais les jugements de la noblesse, que des vice de procédures et de la manipulation. Cela me demandait beaucoup de concentration que j'aurais pu user ailleurs que pour ses bêtises, franchement.

Je devais passer un coup de fil à ma mère, la visite était prévue pour demain mais elle n'avait toujours pas béni la nouvelle demeure des nymphes, ce qui allait m'obliger à parler avec le temple, chose que je voulais totalement éviter. Déjà parce que je ne leur faisais absolument pas confiance, ils étaient capables d'y mettre on ne sait quoi, et aussi puisque je ne voulais vraiment pas leur être redevable.

Je soupirai et lançai un appel télépathique vers ma mère, en espérant que cette fois-ci, elle répondrait car ma mère m'ignorait depuis notre dernière dispute. Quelqu'un décrocha, je patientai tandis que Misha se déplaçait puis posait le téléphone sur une des tables où maman travaillait, devant elle.

- Bonjour mère.

Elle ne répondit pas et continua à découper des fruits. Je ne soupirai pas parce que ça n'allait pas arranger mes affaires, elle avait déjà accepté de prendre mon appel donc bon. Je me contentai de ce fait de l'observer cuisiner avec attention, comme elle le faisait pour moi quand j'étais enfant.

- Je suis désolé mère pour la dernière fois. Je n'aurais pas dû dire ce que j'ai dit.

Elle leva enfin les yeux vers moi, elle affichait toujours un air blasé qui me fit sourire, elle me fusilla du regard, je lui demandai :

- Comment vas-tu ?

- Je vais bien.

- Moi aussi, je me porte comme un charme maman. Tu es toujours fâchée ?

- Pourquoi m'appelles-tu aujourd'hui ?

- Maman, je suis juge, je suis super occupée... bien sûr pas trop occupée pour ma maman chérie mais... tu as raison, j'aurais dû passer directement à la maison. Je devais m'occuper de la construction de la nouvelle terre puis j'ai été un peu... disons distrait mais en ce moment...

- Distrait ? releva-t-elle aussitôt. Pour quelle raison ?

- J'ai... disons rencontré quelqu'un.

Au même moment, mon téléphone vibra, je posai mon regard dessus, surpris par la coïncidence : c'était Protea. Je me concentrai sur ma mère parce que j'allais rappeler Protea plus tard. Mais, mère plissa les yeux puis marmonna :

- Réponds.

- Je rappellerai.

- Réponds et cesse de me faire répéter.

- C'est elle.

- Je sais. Réponds.

Je laissai mon appel télépathique avec ma mère sur un côté de mon cerveau et décrocha.

- Juge Judicaël ?

- Oui, c'est ma ligne directe. Bonjour Protea.

- Bonjour Judicaël. Je suis désolé de te déranger...

- Pas de soucis.

- J'ai une urgence sur le continent qui m'empêche d'honorer notre rendez-vous de cet après-midi, m'expliqua-t-elle tandis que je l'entendais se déplacer. J'ai... excuse-moi... oui ? Non, soignez-la tout de suite ! (elle semblait parler à deux personnes) Althéa, cesse de jouer les rebelles ou je te fais menotter... ne me réponds pas jeune fille ! Fais-toi soigner en silence !

Je souris parce que Protea parais vraiment agacé, sa cliente du jour ne devait pas être facile.

- Je suis désolé, murmura-t-elle à mon attention.