L'enfance d'un héros - The Legend of Zelda, Breath of the Wild

63. Bataille acharnée

Les rangées ennemies s'approchaient rapidement, tout en conservant leurs forces pour la charge. L'horizon semblait rouge de sang. Beaucoup de monstres possédaient malgré tout une couleur différente : le bleu de la peur ou... le noir de la mort. Link tressailli en constatant le nombre de Lynels argentés. Il savait que la bataille serait rude, et ce qui avançait en sa direction lui prouvait à quel point il avait raison. Il quitta Dalpa sans un mot, mais manifesta son encouragement par un léger signe de tête. Ils n'allaient pas combattre aux mêmes endroits, ce que le prodige regrettait amèrement.

En se dirigeant vers sa zone de déploiement, il pu observer les palissades et les rangées de pics qui avaient été érigées durant la nuit. Pas une seule se retrouvaient sans soldats, et aucun espace autour du château ou de la citadelle n'était pas protégé. Les monstres seraient forcés à la percée. De ce qui avait été remarqué, ces bêtes n'avaient aucun sens de la stratégie et ne cherchaient pas à s'organiser de manière particulière. Pour autant, ils étaient tous réunis pour une attaque groupée, et il fallait craindre l'arrivée des Yigas.

La défense préparée par le roi et ses généraux permettait l'entrée des sbires de Ganon sur un passage seulement, passage mortel puisque les y attendaient fermement la première division de l'armée. Les prendre par les côtés réduirait ainsi la force de l'offensive en les amenant à diviser leurs membres.

Sur des murailles de fortune étaient installées les gardiens tourelles Sheikah. Les chercheurs n'ayant pas tout à fait le contrôle parfait sur les gardiens à pied, leur utilisation semblait trop risquée.

En clair, tout était pensé avec soin. Un plan méticuleux avec un fort potentiel.

Mais rien n'empêcherait le massacre de milliers de combattants. Les adversaires semblaient venir de tout le royaume, leur nombre donnaient de quoi avoir des frissons. Link ne préférait pas y penser. Il allait exercer ses talents aux côtés de la lame de la déesse. Fay et lui ne formaient plus qu'une seule entité ayant un seul objectif. Aujourd'hui, ils seront le bouclier d'Hyrule, perpétuant la légende. Ils tiendront. Hyrule survivra.

Un piaf atterrit rapidement près d'un capitaine, non loin. C'était un messager, au vu de son uniforme. Le Héros s'approcha donc pour entendre les informations.
" Les Gerudos et les Gorons font face à d'autres sbires de Ganon. Les Zoras devraient arriver d'ici quelques heures. Les Piafs ont également promis leur aide.
- Dans ce cas, si nous tenons jusqu'à l'arrivée des renforts, nous sommes sûrs de réduire au maximum les pertes. "
L'officier adressa un regard entendu avec Link, s'inclina légèrement, et diffusa l'information à ses troupes. Le blond rejoignit son propre bataillon, qui attendait le moindre commandement de sa part. Après un moment d'inaction, il empoigna l'épée de légende, pointe vers le haut, et rapprocha sa main près de son cœur. Son mouvement fut suivi. Puis, il leva son bras vers le ciel, comme s'il espérait une bénédiction des déesses. Fay s'entoura d'une lumière si éblouissante qu'il était difficile de l'observer. Les soldats semblaient prendre cela pour un signe de victoire et se mirent à pousser des cris d'encouragement. Puis, tous se mirent en place, possédant une motivation nouvelle. L'heure arrivait à grands pas.

Des cors retentirent depuis l'armée opposée. Les Hyliens se cramponnaient à leur position, dans l'attente de l'inévitable. Bientôt, les seuls bruits furent ceux de la respiration haletante des combattants et les grognements monstrueux. Bien qu'aucun ordre ne fut prononcé, les monstres s'arrêtèrent à quelques mètres des lignes de défense. Eux aussi semblaient redouter l'avenir. Des Lynels se mirent soudainement à hurler, les créatures se précipitant vers la citadelle.

Link se concentra sur sa volonté de protéger, et déversa plusieurs éclats de légende sur les premiers arrivants. Il accueillit la mêlée avec ses compagnons d'armes. Le début du combat était simple, il suffisait de maintenir une barrière stable et solide. Si un soldat tombait, un autre venait au soutien.

Link passait d'un ennemi à un autre, sans jamais s'arrêter. Un seul coup était nécessaire à tuer un monstre, peu importe s'il s'agissait d'un Bokoblin ou d'un sorcier. L'écart de puissance démontrait à l'adversaire qu'il valait mieux attaquer ailleurs, si bien que Link fut contraint de quitter les rangs pour prolonger sa dance macabre.

Il ne prenait plus connaissance des cris de douleur et de rage. Sa concentration se portait sur son environnement proche, ne pas se laisser surprendre restait un élément essentiel appris en cours de chevalerie. Il para la flèche d'un Moblin avant d'enfoncer sa lame dans le torse d'un Lynels, avant que celui-ci ne puisse relâcher ses flammes. Puis il utilisa son bouclier pour repousser l'assaut d'un Lézalfos et répliquer. Se mouvoir devenait difficile à mesure que les cadavres s'empilaient au sol. Pourtant, il ne cessait pas. Tantôt il débarrassait un sorcier des glaces de sa baguette, tantôt il tranchait la tête d'un Bokoblin, s'il ne transperçait pas l'oeil d'un Hinox mis à terre par les soldats. La bataille devenait un chaos sans nom.

Lorsque les oreilles du prodige lui signalèrent un danger pour un de ses camarades, il n'hésita pas une seconde à changer complètement de direction. Il fallait coûte que coûte protéger les vivants. Il fallait protéger farouchement le royaume. Il fallait protéger. Protéger. Protéger.

Fay répondit aussitôt à l'instinct de son porteur. Désormais, chaque coup d'épée était accompagné d'une force divine et prolongé par l'éclat de légende. Les monstres peinaient désormais à s'approcher indemne de la citadelle. Link se trouvait à nouveau dans une situation de transe, incapable de notifier son entourage. Ses tentatives réussissaient toujours, son instinct différenciait pour lui amis et ennemis. Lorsque ses yeux étaient aveuglés par les nuages violets des monstres morts, son ouïe le guidait. Il ne sentait pas la douleur, la fatigue, ou le désespoir. En lui n'existait qu'une rage de vaincre et de protéger.

Ni Fay, ni Zelda, ni Dalpa n'auraient été capables de le réveiller.

Le matin laissa place au crépuscule, qui à son tour laissa place à l'aube. Dans un dernier cri guerrier, le Héros anéantit le dernier Bokoblin rouge alors que la créature tentait de fuir. Son souffle était court, de la sueur perlait sur son visage. Et seulement à cet instant, il comprit que la bataille était terminée. Des membres de son bataillon se précipitèrent à sa rencontre, et l'empêchèrent de tomber au sol. La fatigue l'envahissait pour la première fois depuis la veille.

On le conduisit dans sa chambre, ses égratignures traitées. Les cuisiniers laissèrent un repas pour le moment où le prodige aurait faim. Zelda surveillait régulièrement son état, s'assurant qu'il ne manquait de rien.

On ne pourrait compter le nombre de chansons écrites dans les mois qui suivirent en mémoire de la bataille et du Héros des Plaines.