62. Préparation

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Dalpa ouvrit la lourde porte de chêne avec précaution. Il le savait parfaitement, déranger le Héros lors de situation alarmante pouvait se révéler dangereux. Et ce fait, il l'avait appris à ses dépens... Une fois qu'il fut certain qu'aucune flèche ou hache n'allait être lancée vers lui, il osa enfin pénétrer dans la salle d'entraînement. Une salle qui les avait vu grandir et se développer. Il trouva son ami seul, au fond de la pièce. Son regard concentré ne quittait pas la cible, ses mouvements s'enchaînaient naturellement. À la vue d'une telle aisance, Dalpa ne put s'empêcher de soupirer. Définitivement trop doué. Lui même éprouvait encore de la difficulté à parer certains coups, et ses articulations demandaient grâce après quelques heures seulement. Mais pas Link.

" Monsieur le Héros ! lança-t-il en s'approchant doucement. Devinez qui est là ! "
Aucune réaction. Sa concentration était si intense qu'il en oubliait le reste de son environnement.
" Seigneur de la Gourmandise, votre fidèle compagnon est arrivé ! "
L'absence de réponse lui fit serrer les dents et courber ses sourcils. Maintenant, il était vraiment inquiet.
" Link ! Link ! Par Hylia, répond moi ! "
L'épée de légende s'entoura d'une lumière bleu électrique, incitant le blond à enfin s'arrêter. Son oreille frémit, lui indiquant la présence du soldat. Dalpa expira profondément, soulagé.
" Tu m'as fait peur ! Tu te trouvais dans une transe encore pire que les précédentes ! C'est la défense de demain qui te met dans cet état ? "
Link ne bougea pas les lèvres. Pas un son sortit de lui. Son regard n'arrivait même pas à se lever. Il semblait vidé de toute énergie. Le seul signe qui prouvait qu'il écoutait résidait dans son léger balancement d'un pied à l'autre. Son ami comprit que les mots seraient pour l'instant inutile. Il enleva la lame des mains du Héros, qui n'opposait aucune résistance, et la rangea dans le fourreau. Il poussa ensuite Link hors de la salle, le guidant à travers le château jusqu'à atteindre un jardin. Les couleurs du paysage contrastaient nettement avec la bataille qui s'annonçait. Comme si, au fond, ce n'était qu'une illusion, que des milliers d'Hyliens n'allaient pas devoir se sacrifier. C'est précisément cette image là que Dalpa recherchait.

L'homme aux cheveux de jais conduisit le prodige vers un kiosque au centre de la végétation et lui fit signe de s'asseoir sur un banc de pierres. De là où ils se trouvaient, ils pouvaient observer de nombreux oiseaux, fleurs et fontaines. Une vue calme et paisible.

Avaient-ils la permission de se trouver ici ? Non, bien évidemment. Ce jardin si bien entretenu était celui de la reine décédée, son accès se limitait au jardinier et à la lignée royale. Lorsque le chevalier avait découvert cet endroit, il avait aussitôt mémorisé les tours de garde et les passages des souverains. Depuis, il utilisait ses connaissances pour se faufiler dès qu'un besoin émotionnel se faisait sentir. Aujourd'hui, le jardin servirait à apaiser l'anxiété qui rongeait Link. La proximité avec la nature du blond ne pouvait que renforcer le processus.

Alors durant de longues minutes, Dalpa ne prononça pas un mot. Il se contentait de poser sa main dans le dos de son compagnon, remuant légèrement ses doigts de temps à autre. Il observait le soleil disparaître derrière les murailles du château, calculant le nombre d'heures restantes avant le crépuscule. L'ennui l'envahissait, mais il se forçait à tenir. Pour Link.
" Dalpa, souffla ce dernier au bout d'un moment. Merci. J'en avais besoin.
- Et oui ! Qu'est-ce que tu ferais sans moi ? Je suis l'indispensable acolyte, le chasseur de mauvaises pensées ! Mon nom restera gravé dans les mémoires ! "
Link hocha la tête. Il était heureux de connaître quelqu'un d'aussi dévoué et drôle. Les problèmes semblaient tous risibles à ses côtés.
" Tu t'inquiètes pour demain ? demanda le noiraud.
- Bien sûr. Ce sont des créatures envoyées par Ganon pour nous affaiblir. Je suis responsable de chaque mort qu'il y aura sur le champ de bataille. Si j'échoue, je nous condamne. "
Dalpa amena son visage près de son ami avec une fausse expression outrée.
" Comment ? Et nous alors, les soldats ? On devrait se tourner les pouces pendant que tu prends tous les risques ? On est censé attendre que tu fasses tout le boulot pour nous ? Tu nous trouves si mauvais que ça ? À quoi ça sert de se former, dans ce cas ?
- Ce n'est pas ce que je voulais dire...
- On est inutile tu crois ?
- Bien sûr que non ! C'est juste que...
- Pourquoi culpabiliser alors ? le coupa Dalpa. C'est notre responsabilité à tous de sauver ces pauvres citoyens sans défense qui se font pipi dessus à la mention d'un simple petit bokoblin rouge de rien du tout ! Ne minimise pas notre importance. "
Le soldat posa délicatement la paume de sa main sur l'épaule du Héros et adoucit son regard.
"  Et surtout, laisse nous décharger un peu le poids de tes épaules. Tu le mérites bien. "
Link hocha la tête lentement. Il avait encore du mal à assimiler cette approche, mais il en comprenait l'essentiel. Vraiment, que pourrait-il faire sans son ami ?

Celui-ci, voyant que le temps de se morfondre était terminé, lança un malicieux :
" Tu sais... l'acolyte a faim, son ventre n'a rien consommé depuis midi... Et tous ces efforts à servir le légendaire porteur de la lame purificatrice l'ont épuisé ! Je pense qu'il devrait être récompensé comme il se doit ! "
Le blond se releva et répondit avec un ton tout aussi taquin :
" Est-ce qu'un chevalier qui a fuit le premier monstre qu'il a rencontré, alors qu'il s'agissait d'un simple petit bokoblin rouge de rien du tout, en mériterait autant ?
- Hey ! répliqua aussitôt son compagnon. Ils étaient plusieurs ! Et je me suis rattrapé, tu te souviens ? "

Leurs rires les suivirent pendant tous le trajet vers les cuisines royales.

L'enfance d'un héros - The Legend of Zelda, Breath of the WildOù les histoires vivent. Découvrez maintenant