L'enfance d'un héros - The Legend of Zelda, Breath of the Wild

55. L'éclat de légende

Les deux compagnons apercevirent enfin le relai. Ils étaient fatigués d'avoir autant marché, et leur estomac (surtout celui d'un certain gourmand) se réjouissaient d'avance d'avoir des repas un peu plus élaborés que ce à quoi ils s'étaient habitués.  Zelda était presque prête à courir vers ce lieu si attirant.
Un hennissement sur sa droite l'en retint. Un bokoblin noir fonçait droit sur eux, chevauchant un cheval. Il poussait des grognements monstrueux.
" Link ! "
Il n'en fallut pas plus au Héros pour qu'il prenne en main la situation. Il éloigna la princesse d'un geste de main et se prépara à la riposte, la fuite étant impossible à cause de la monture. La lame purificatrice s'illumina soudain d'un bleu mystique. La voix de Fay résonna dans sa tête.
" Maître, vous êtes prêts à exploiter l'Éclat de légende. "
La lumière émanant de son épée s'intensifiait. Une force inconnue se diffusa dans tout son bras, lui causant une douleur indescriptible. Link ne comprenait absolument pas ce que cela signifiait. Et avec le bokoblin qui se rapprochait, il n'avait plus le temps de réfléchir. Il para le coup de son adversaire et sauta en arrière. Il se retourna, prêt pour une nouvelle offensive. Ce qu'il vit le surprit. Le monstre était tombé de son cheval. Son corps était tranché en deux, son sang s'étalant sur l'herbe verte et sa masse en bois brisée par une coupure nette. Il allait s'avancer pour observer le phénomène de plus près, mais l'explosion violette le prit de court.
" Qu'est-ce que c'était ? "
Zelda avait observé la scène, ébahie. Elle arracha presque la lame des mains de son ami, et l'examina dans tous les sens.
" On aurait dit un prolongement du coup de la lame purificatrice, avec une plus grande puissance encore. L'aura qu'elle répandait est similaire à celle qu'elle avait dans du sanctuaire de la Renaissance. Sa lumière n'est pas uniquement une aide d'éclairage, elle permet de projeter une partie de son pouvoir pour une meilleure attaque ! "
Elle osa à peine toucher à une autre partie que le pommeau. Sa fascination n'était en rien partagée par le Héros.

Link ressentait de l'horreur. Cette technique était meurtrière et imparable. Simplement effroyable. Puisqu'il n'avait eu aucun contrôle, qui sait quel dommage cela pourrait causer pour un entraînement. Il avait peur de causer des accidents terribles et aux conséquences inquantifiables. Son coeur s'emballa.

La blonde tendit l'arme à son compagnon. Celui-ci dû s'empêcher de faire un mouvement de recul et rangea immédiatement l'objet divin dans son fourreau. Il ne le ressortirait pas avant que nul ne soit à proximité. La princesse reprit sa marche, inconsciente du trouble dans lequel était plongé son ami.
" Il faut admettre que la déesse Hylia est particulièrement forte... Le Fléau doit être redoutable pour qu'une telle arme voit le jour. "
Elle jetta un regard sur Link, qui scrutait l'horizon de son air impassible. Elle aimait partager ses inquiétudes avec lui, mais elle se dit qu'il devait être encore sur ses gardes.

Le lit était moelleux. Zelda avait l'impression de s'allonger dans un nuage.
" Ça fait du bien ! Pas vrai Link ? "
Le silence lui répondit. Elle se releva, dans l'incompréhension. Le Héros se trouvait à ses côtés quelques secondes auparavant seulement, il ne pouvait pas tout simplement disparaître ! Elle ressortit sa tête à l'extérieur pour se prendre de plein fouet l'air glacial. Elle grimaça. Son corps s'était déjà habitué à la chaleur et frissonnait à l'idée de ressortir. Pour autant, son inquiétude était trop importante. Elle affronta la brise fraîche.

Dehors, le personnel du relai s'était regroupé autour du feu. Rien n'y était mis à cuire, laissant les flammes monter dans le ciel. Une femme avait sorti un harmonica et dansait, accompagnée par les chants de ses compagnons. Pour un relai proche de monstres, ils n'avaient pas froid aux yeux.
" Votre Altesse ! fit l'un des chanteurs. Venez nous rejoindre !
- Non merci, je cherche le Héros.
- Je l'ai aperçu à l'écurie, il doit encore y être. "
Zelda ne s'attarda pas plus longtemps et pénétra dans la vaste construction en bois. Les chevaux remuaient leur museau à son passage, curieux. Seul un ne vacilla pas. À vrai dire, il ne lui accordait pas la moindre attention. Elle s'approcha de lui et aperçu le chevalier qui brossait délicatement la robe noire de l'équidé.
" Link ? "
Ils se tourna vers elle. Il semblait une fois de plus inaccessible, derrière la porte de l'enclos fermé et son regard distant.
" Je...Je voulais juste te demander si tu connaissais l'existence du pouvoir de la lame purificatrice... C'est important pour mes recherches.
- Non. "
Zelda cilla. Il s'isolait de nouveau. Quelque chose n'allait pas. Et ce n'était pas en esquivant la question qu'elle obtiendrait une réponse. Elle fit un rapide soupir avant de reprendre.
" En vérité, je m'inquiète pour toi. "
Link eu la maladresse de brosser le cheval un peu trop vite, montrant sa nervosité.
" Je sais qu'on se connait encore assez peu, mais je pense que ça te ferait du bien d'en parler. "
Un silence régna. La princesse se mit alors sur la pointe des pieds afin de déverrouiller la grande porte qui les séparaient. Une fois à l'intérieur, elle vérifia qu'ils étaient seuls et verrouilla le box. Link continuait de s'occuper de l'équidé, ne prononçant pas un mot. Elle l'observa avec insistance avant d'enrouler ses bras contre lui. Elle lui envoya tout le réconfort possible à travers cette étreinte, sans même connaître l'origine du mal être. Son seul souhait était de l'aider.
Link, de son côté, était comme pétrifié. Il ne savait pas comment réagir. Il voulait pouvoir parler de son problème. Il voulait pleurer pour évacuer sa peur. Il voulait répondre à ce câlin empli d'affection. Il voulait aller mieux. Mais une part de lui l'en empêchait. Il se sentait étouffé par ses émotions et ne devait pas chercher à les exprimer. À cause des regards.

Zelda finit par se détacher de lui, constatant qu'il refuserait de s'ouvrir. Elle chercha alors un autre moyen pour lui rendre le sourire. Elle tourna à peine les yeux que ce fut une évidence.