Lorsque Marigold entra dans le box de Firitellek, l'hippogriffe bondit sur ses pattes et poussa un cri de joie, démontrant qu'elle avait parfaitement reconnu la tenue de monte de sa maîtresse. La jeune sorcière gratouilla sa monture sous le bec, puis passa un baudrier de cuir patiné autour de son large poitrail, en veillant à ne plier aucune plume et à ne contraindre aucun muscle. Une fois que l'hippogriffe fut équipé, elle se hissa sur son dos et attrapa d'un geste nonchalant les rênes qui reposaient sur les puissantes épaules.
Marigold claqua de la langue et Firitellek trotta vers l'extérieur. Après une brève course d'élan, elle s'envola.
La cavalière laissa sa monture frôler les cimes des chênes, savourant le vent qui se déversait sur son visage et faisait voler les pans de sa veste. Elle n'avait pas monté Firi depuis qu'elle avait été engagée chez les Moldus.
Elle pratiquait pourtant depuis son septième anniversaire, à l'occasion duquel son père lui avait offert Firitellek, alors encore pouliche. C'était aussi son père qui avait été son professeur, lui répétant inlassablement que l'hippogriffe était le symbole de leur famille depuis la nuit des temps, que la fierté des Launnec leur permettait de s'élever plus haut que quiconque, à l'image de l'orgueilleux animal.
Marigold ressassait ses souvenirs et les comparait amèrement au présent. Elle resta apathique, dirigeant machinalement le vol de Firi un petit moment, puis se ressaisit et donna le signal du retour à sa monture. L'hippogriffe rechigna, mais accepta finalement de se poser et de retourner dans son box après que Marigold lui eut retiré son harnais.
***
« Vingt-huit, vingt-neuf, trente, trente-et-une. »
Marigold examina attentivement son tricot. Là, à l'avant-dernier rang. Elle se pencha et récupéra sa pelote de laine. Elle en fouilla les entrailles pour débusquer l'extrémité libre du fil. Elle la coupa à l'aide de ses ciseaux de broderie, puis ligatura le trou dans son ouvrage avec le morceau obtenu. Le résultat était voyant, elle devrait corriger cela plus tard – si seulement elle n'avait pas oublié son aiguille à laine... Elle reprit son travail en marmonnant entre ses dents. Tout eût été plus simple si elle avait pu utiliser sa baguette.
Mme Flauquemet apparut, avec entre les bras un énorme registre et entre les dents un crayon. Elle déposa les deux sur la table, souleva le couvercle de la marmite suspendue dans la cheminée, goûta son contenu, hocha la tête, puis quitta la pièce en attrapant un plumeau qui traînait. Marigold finit péniblement son rang. Mme Flauquemet revint, juste le temps de crier :
« Va chercher la commande de Madame à la chapellerie, s'il te plaît ! »
et déjà elle repartait.
Marigold resta d'abord abasourdie, le temps de comprendre les mots de l'intendante, puis elle posa ses aiguilles sur son tabouret, attrapa sa cape accrochée à une patère et quitta la pièce d'un pas vif, trop heureuse de se dégourdir les jambes.
Elle entra dans la boutique en faisant tinter la clochette au-dessus de la porte, provoquant l'apparition de la chapelière derrière le comptoir. Elle tenait à la main une aiguille à coudre démesurée. Elle la piqua dans son chignon comme une épingle à cheveux et héla Marigold qui se tenait, hésitante, sur le paillasson.
« Je peux vous aider, mademoiselle ?
- Je viens chercher la commande de la comtesse de Semblé...répondit la jeune sorcière.
- Ah, oui ! La fameuse toque. J'ai opté pour un passepoil en feutrine, finalement, vous lui direz, dit la commerçante en fronçant les sourcils, soudainement très sérieuse. Je vais vous chercher ça... »
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La sorcière et le chapelier ( Fanfiction Harry Potter )
FanfictionBretagne, 1898. Marigold Launnec, jeune Sang-Pure d'une famille désargentée, est obligée de travailler au service de Moldus. Cela la répugne, mais ravaler sa fierté est nécessaire, pour qu'elle puisse réussir un bon mariage et garder la réputation d...