Un cœur simple

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Marigold sonna à la porte de la maison moldue, impeccablement vêtue et coiffée. Elle portait l'uniforme qui lui avait été remis la veille, une robe noire à manches bouffantes, boutonnée du col aux chevilles.

Le ciel était bas et étouffant. Une moiteur qui rendait ses gants insupportables traînait dans l'air, vestige des orages d'août. Les feuilles des châtaigniers alentours et les haies, taillées avec une précision remarquable pour de l'ouvrage moldu, jaunissaient et se piquetaient de brun. L'herbe sous ses semelles, en revanche, était épaisse et vigoureuse, tout comme les dahlias fuchsias de chaque côté de la porte.

Le majordome lui ouvrit et la salua d'un signe de tête poli.

« Suivez-moi, mademoiselle. »

Elle obéit et il la mena jusqu'à une chambre du deuxième étage, où les attendait la comtesse.

La pièce était trop meublée. Trop de petites tables joliment sculptées, mais inutiles, sinon pour accueillir de mignons coffrets ou de délicats plâtres tout autant dénués d'usage. La courtepointe de damassé polychrome aurait été admirable dans un décor plus sobre, la coiffeuse était bourrée de bijoux. La comtesse elle-même était trop chargée, de colliers, de dentelles, de rubans de soie. Néanmoins, sa robe était bien coupée et les tons bien choisis. La jeune femme n'avait pas l'air maquillée mais portait une coiffure artistiquement négligée dont chaque tombé de mèche devait être calculé au millimètre.

« Ah, vous êtes arrivée. Merci, Jacques. »

Le majordome quitta la pièce avec une courbette. La Moldue se tourna vers Marigold et lui demanda :

« Redites-moi votre nom ?

- Anne Launnec. »

Marigold faisait trop sorcier, avait dit son père. Elle le croyait et n'avait de toutes façons pas envie d'expliquer cet étrange nom à une inconnue.

« Très bien. Je vous appellerai Anne, mais pour vous je serai Madame de Semblé.

- Bien, madame. »

La comtesse sourit.

« Parfait. Je me suis habillée seule ce matin, mais à partir de demain vous m'y aiderez. Vous me coifferez, m'apporterez mon petit-déjeuner... »

Marigold acquiesçait distraitement à l'énumération de consignes de la comtesse, tout en caressant du bout des doigts sa baguette, glissée dans sa manche. Elle avait insisté pour la garder, en cas d'urgence, et son père avait cédé.

La comtesse, qui avait terminé de lister ses ordres, appuya sur un bouton fixé au mur. Il y eut quelques secondes de flottement, puis une femme d'une trentaine d'années entra dans la pièce. Elle avait la peau sombre et portait le même uniforme que Marigold, ainsi qu'un fichu qui retenait ses cheveux crépus en arrière.

« Madame ?

- Voici Anne Launnec, ma nouvelle femme de chambre. Présentez-lui la maison, voulez-vous ?

- Bien sûr, madame. »

La femme fit signe à Marigold, qui la suivit hors de la chambre.

« Moi, c'est Félicité, mais appelle-moi madame Flauquemet, d'accord ? Je suis la bonne, l'intendante, et par-dessus le marché la cuisinière. Ça va me faire du bien d'avoir une paire de bras en plus, crois-moi. Ici, il n'y a quasiment personne : toi, moi, Jacques, le majordome, et Georges, le secrétaire de Monsieur. »

Marigold hocha la tête, appréciant le débit rapide et efficace de la domestique. Elles passèrent devant une porte ornée d'une plaque dorée qu'elle n'eut pas le temps de lire.

La sorcière et le chapelier ( Fanfiction Harry Potter )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant