Le vent se lève

21 4 2
                                    

« Louis, applique-toi, s'il te plaît. »

Le garçon ne répondit pas. Il se contenta d'attraper ses ciseaux pour rectifier les fronces mal fixées du bonnet qu'il tenait à la main. La chapelière leva les yeux de son livre de comptes.

« Qu'est-ce qui ne va pas, Loulou ? »

Louis posa coiffe et outils et se laissa aller sur le dossier de sa chaise, les doigts crispés dans ses cheveux. Ce serait difficile de cacher la situation à sa mère plus longtemps. De toutes façons, il faudrait bien qu'il l'avertisse un jour ou l'autre.

« J'ai demandé quelqu'un en mariage. »

La commerçante posa soigneusement sa plume et croisa les bras sur le registre ouvert.

« Sans avertir ta mère ? Je suppose que c'est de ton âge.

- Non ! C'est sérieux...Je veux dire, je veux vraiment l'épouser. Ce n'est pas une passade de gamin, répondit Louis en se levant, l'air offensé.

- Je sais, mon Loulou. Dis-moi, c'est la bonne de la comtesse ?

- Oui. Enfin, elle ne l'est plus...Mais oui. »

La chapelière se leva à son tour.

« Bon. Elle a accepté ?

- Je ne sais pas. Elle est partie sans me donner de réponse, répondit le jeune homme, résigné à accepter l'aide de sa mère.

- Ah. Eh bien, va la voir demain. N'insiste pas si elle n'a pas l'air sûr, mais... »

Elle s'interrompit devant l'air embarrassé de son fils.

« Qu'y a-t-il ?

- Je ne peux pas vraiment me présenter chez elle, comme ça...

- Allons. Ses parents ne sont pas au courant non plus ?

- Entre autres... »

L'artisane, les mains sur les hanches, jaugea son fils, qui regardait ses pieds.

« Dans quelle situation tu t'es fourré, je me le demande. Tu peux lui faire passer une lettre ? »

Louis releva les yeux, un espoir soudain s'épanouissant sur son visage.

« Ah, oui ! »

Et il courut vers sa chambre sans plus de cérémonie. Sa mère se passa la main sur le visage. En espérant que la jeune fille ne soit pas enceinte...

***

Marigold descendit au salon avec l'intention d'emprunter du papier à lettre dans le secrétaire qui s'y trouvait. Il lui fallait écrire à Louis, organiser une rencontre, le plus vite possible. Avertir son père serait l'objet d'une autre phase de son plan improvisé.

Dans l'entrée, elle croisa Rosemonde qui prenait congé. La domestique transplana après l'avoir saluée.

La jeune sorcière pénétra dans le salon le cœur étonnamment léger.

« Marigold. »

Elle se retourna, aussitôt aux abois. Elle n'avait jamais entendu son père l'interpeller sur ce ton. Et pour cause.

Il tenait dans la main gauche une feuille de papier violet. Celui qu'elle avait offert à Louis. Elle sentit sa gorge se nouer.

« Un charmant petit oiseau de papier est venu frapper à la vitre. Je pense qu'il t'est destiné. »

Il lui tendit la lettre, le regard impénétrable. Marigold la lut, serrée entre ses doigts tremblants.

Marigold,

La sorcière et le chapelier ( Fanfiction Harry Potter )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant