Mme Flauquemet accueillit Marigold dans la cuisine en lui tendant sous le nez un plateau en argent garni d'une tasse et d'une cafetière fumante.
« File porter ça à Monsieur.
- Mais ce n'est pas mon...commença à rétorquer la sorcière en réceptionnant la lourde argenterie.
- Je sais, je sais, la coupa la cuisinière en agitant la main, mais il faut que je rattrape cette sauce (elle désigna une casserole remplie d'un liquide épais qui clapotait mollement) d'ici le déjeuner. Or, Monsieur attend son café de onze heures trente depuis – elle jeta un coup d'œil à l'horloge sur le manteau de la cheminée – treize minutes, donc tu vas te dépêcher de le lui porter et plus vite que ça. »
Marigold accepta sans protester plus avant, d'autant que Madame lui avait dit ne plus avoir besoin de ses services jusqu'à l'après-midi, et par conséquent se débarrasser de cette tâche impromptue était le seul obstacle qui lui restait à franchir avant de profiter d'une heure de repos pour son dos et ses pieds.
Elle gravit les nombreuses marches – si nombreuses – jusqu'à l'étage et, en s'avançant dans le couloir croisa Jacques, le majordome, occupé à remplacer les bougies des chandeliers fixés aux murs. Elle le salua en passant, mais il ne réagit pas et elle pesta en se rappelant sa quasi-surdité. Elle hésita un instant, mais préféra passer son chemin plutôt que de s'évertuer à lui dire bonjour.
Une fois arrivée devant la porte du bureau de Monsieur, la jeune sorcière toqua et entra quand la voix du comte lui en donna l'ordre. Elle déposa le plateau sur le bureau de chêne massif en s'excusant pour le retard du café. Monsieur leva les yeux de ses papiers et répondit :
« Ce n'est rien...Surtout quand il est livré en si charmante compagnie. »
Marigold ne répondit rien et alla pour sortir avant de perdre tous ses moyens. Mais le comte se leva et l'arrêta d'un geste.
« Attends...Ne voudrais-tu pas rester un moment ? »
La sorcière se tendit. Il s'était approché, assez près pour la prendre par le bras s'il le voulait.
« J'ai du travail.
- Juste quelques minutes... »
Elle fit mine de partir, il lui attrapa le poignet. Elle voulut se dégager, mais déjà il l'avait ceinturée et commençait à déboutonner sa robe. Marigold eut un haut-le-cœur quand ses doigts se glissèrent sous son col. Elle parvint à attraper sa baguette, et, en se contorsionnant, l'enfonça dans le cou du comte et cria :
« Stupéfix ! »
Sa magie décuplée par la panique, Marigold projeta son agresseur à l'autre bout de la pièce, où il resta évanoui.
Il y eut quelques secondes de calme où la sorcière ne pensait qu'à ce qui venait de se passer, puis elle réalisa deux choses : tout d'abord, la poignée de la porte qui donnait sur la chambre de Monsieur tournait et la voix inquiète de Georges, son secrétaire, traversait le panneau de bois ; ensuite, dans l'encadrement de la porte qui donnait sur le couloir se trouvait Louis, une boîte à chapeau sous le bras et sur le visage une expression d'ahurissement qui remplaçait son habituel sourire gargantuesque.
Marigold jura, en trois pas fut à côté du jeune homme, cria « Oubliette ! », sa baguette pointée vers le comte, puis transplana avec Louis.
***
Les vagues se brisaient placidement sur la plage de galets, survolées par les mouettes et surmontées par les falaises trapues de roche rose. Ce tableau tranquille fut gâché par l'irruption d'une sorcière au taux d'adrénaline beaucoup trop élevé et d'un Moldu nauséeux. La sorcière se tourna vers son compagnon et dit, comme si de rien n'était :
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La sorcière et le chapelier ( Fanfiction Harry Potter )
FanfictionBretagne, 1898. Marigold Launnec, jeune Sang-Pure d'une famille désargentée, est obligée de travailler au service de Moldus. Cela la répugne, mais ravaler sa fierté est nécessaire, pour qu'elle puisse réussir un bon mariage et garder la réputation d...