De chaque côté de la table trônait une famille, le fils entre le père et la mère. Les fils avoisinaient la vingtaine et se tenaient de façon impeccablement correcte dans leur costume bien coupé. Les mères lui souriaient avec une indulgence sûrement feinte, les pères l'examinaient d'un œil critique. A l'autre bout de la table, son propre père la fusillait du regard en faisant signe à Rosemonde d'apporter les plats.
« Excusez ma fille, s'il vous plaît. Elle aime se promener autour du village et le son de la cloche ne porte pas très loin. »
Une des mères lança un coup d'œil dubitatif vers la petite montre en argent que Marigold portait en pendentif.
« Marigold, je te présente messieurs et mesdames Trezeguet et Delacour, et leur fils respectif : François et Honoré. »
La jeune fille les salua d'un signe de tête assorti d'un sourire. Le silence retomba alors que Rosemonde apportait le potage. Mme Trezeguet lança courageusement :
« Vous connaissez notre cadette, je crois ? Marianne ?
- Oui, tout à fait. »
Un ange passa. Mme Trezeguet persista :
« Remarquable demeure que vous avez là.
- Elle est dans la famille depuis deux cents ans, précisa M. Launnec.
- Oh, vraiment ?
- Oui. Nos aïeux habitaient Saint-Malo, mais ils ont dû quitter la ville quand les Moldus l'ont investie. »
La conversation roula sur les origines des uns et des autres jusqu'au dessert, où les hommes se mirent à parler de Quidditch. Mme Trezeguet semblait écouter avec attention, et faillit rectifier son mari quand il parla d'un geste technique. Pas grand-chose ne la trahit, juste une inspiration et une main à moitié levée.
Au début du repas, Marigold s'inquiétait de la visibilité de ses blessures, mais comme personne ne lui faisait de remarques, elle se détendit et put profiter pleinement de l'heure d'ennui qui s'offrait à elle.
Après le dessert, les hommes passèrent au salon pour boire un verre de pommeau, fumer et échanger quelques plaisanteries inconvenantes, et les femmes se retirèrent dans la bibliothèque. Rosemonde leur servit une infusion, puis retourna à sa cuisine, non sans faire les gros yeux à Marigold en désignant l'horloge qui trônait au-dessus de la porte.
La bibliothèque était plutôt petite, peu lumineuse mais bien entretenue. Marigold sirotait sa tisane, se demandant si elle aurait le temps de monter Firitellek ce soir. Les jours étaient de plus en plus longs et elle devait veiller de plus en plus tard pour libérer l'hippogriffe de son box exigu.
Ses deux hôtes se jetaient des coups d'œil en coin, toussotaient. Mme Trezeguet tenta une approche :
« Ces aquarelles sont-elles votre œuvre ? Elles...
- Celle de ma mère, répondit Marigold, coupant court au compliment.
- Elle est très douée, persista Mme Trezeguet, qui avait en horreur les blancs d'une conversation.
- Était, je le crains.
- Oh. Toutes mes excuses. »
Mme Trezeguet était effondrée. Commettre une maladresse de ce genre était ce qu'elle craignait le plus en société.
La jeune sorcière reposa sa tasse avec un sourire indiquant que ce n'était pas grave, et aussitôt Mme Delacour prit le relais de sa consœur :
« Vous avez étudié à Beauxbâtons, n'est-ce-pas ?
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La sorcière et le chapelier ( Fanfiction Harry Potter )
FanfictionBretagne, 1898. Marigold Launnec, jeune Sang-Pure d'une famille désargentée, est obligée de travailler au service de Moldus. Cela la répugne, mais ravaler sa fierté est nécessaire, pour qu'elle puisse réussir un bon mariage et garder la réputation d...