Arriva samedi.
Marigold se réveilla d'un coup, sans s'attarder dans l'agréable flou de la somnolence une seule seconde. Toute la semaine, elle avait refusé de s'avouer qu'elle attendait le rendez-vous de Louis. Repriser son chemisier préféré ? Il en avait bien besoin, elle avait maigri ces derniers temps. Nettoyer la boucle d'argent de sa ceinture ? Juste un entretien de routine. Se laver les cheveux alors même que les températures baissaient dangereusement ? Il fallait d'autant plus le faire avant que le climat hiémal ne s'installe durablement.
Mais se réveiller à six heures et demie du matin sans aucune raison sinon ce Moldu ? Elle refusa d'admettre quoi que ce soit et se leva sans perdre plus de temps.
Dans la cuisine déserte, elle avala une tasse de café, assise sur le plan de travail sans aucune forme de cérémonie. Elle s'était bizarrement réveillée d'une humeur butée.
Une fois remontée dans sa chambre, elle troqua sa chemise de nuit et ses pantoufles contre une paire de bas et des sous-vêtements. Elle hésita à mettre son corset, mais finalement le reposa sur son étagère. Elle allait être dehors et respirer l'air froid de décembre toute la journée, ce n'était pas le moment de manquer de souffle. Puis elle enfila avec soin un chemisier de coton noir à motif de toutes petites fleurs violettes, avec des boutons d'ébène. Sur son jupon, grâce à une large ceinture en cuir de dragon, elle ajusta une jupe de tissu couleur fauve, épais, presque grossier.
Elle s'assit ensuite devant sa coiffeuse et tressa ses cheveux à sa manière habituelle mais les agrémenta cette fois de rubans violets et d'une épingle en bois de vigne.
Une fois tous ces préparatifs achevés, l'horloge à balancier du salon sonnait péniblement la demie de sept heures.
Marigold passa l'heure suivante à essayer de s'occuper les mains, elle lut quelques versets, continua son ouvrage de broderie, alla rendre visite à Firitellek, salua son père qui s'était levé et lui fit part de sa soudaine envie d'observer le paysage enneigé vu d'en haut, obtint son approbation, s'alourdit de ses bottines, de son châle, de sa cape, glissa sa baguette dans sa manche, et quitta la maison Launnec d'un bon pas.
Elle traversa le village et s'éloigna des maisons jusqu'à une butte en pleine forêt où se dressaient les ruines d'un campanile. Le bâtiment était à moitié écroulé, envahi par les plantes grimpantes. Pour une raison étrange, personne n'avait récupéré la lourde cloche de bronze qu'il abritait. Elle reposait sur le sol meuble, en partie recouverte par la neige.
Louis l'y attendait déjà, bien qu'elle soit en avance de dix bonnes minutes. Il était assis sur un mur effondré. Il ne la vit pas arriver. Il semblait parler tout seul, se passant régulièrement la main dans les cheveux et marmonnant dans sa barbe. Elle l'interpella. Il se leva aussitôt et la rejoignit en bas de la butte, l'air, si cela lui était possible, un peu gêné.
« Bonjour, mademoiselle Launnec ! Vous êtes en avance.
- Vous aussi. »
Ils se mirent en marche à travers les bois.
« Vous êtes arrivée à pied.
- Oui, en effet, acquiesça-t-elle, soupçonnant un calembour en embuscade. »
Louis, percevant l'incompréhension sceptique de son interlocutrice, s'expliqua à grands renforts de gestes inutiles.
« Oui, parce que, comme vous êtes une sorcière, je ne sais pas, vous auriez pu apparaître, comme ça, comme hier, quand vous êtes partie... »
Marigold le regardait, sourcils froncés. Il se tut, inquiet à l'idée d'avoir contrevenu à une quelconque loi implicite du monde sorcier.
« Transplaner ?
VOUS LISEZ
La sorcière et le chapelier ( Fanfiction Harry Potter )
FanfictionBretagne, 1898. Marigold Launnec, jeune Sang-Pure d'une famille désargentée, est obligée de travailler au service de Moldus. Cela la répugne, mais ravaler sa fierté est nécessaire, pour qu'elle puisse réussir un bon mariage et garder la réputation d...