Louis était assis sur un fauteuil de bois poli modestement garni d'un coussin brodé. Quand l'homme entra, il se leva et lui désigna le siège jumeau du sien. Le visiteur s'assit sur le bord de l'assise, coudes sur les genoux et mains croisées devant le visage. Le jeune homme se passa la main dans les cheveux. Était-ce à lui de commencer la conversation ?
« Marigold, prononça l'homme d'un ton neutre, comme une réponse à une question facile.
- Oui, fut tout ce que Louis trouva à répondre alors que ce nom seul faisait accélérer son cœur. »
L'homme cligna des yeux. Puis, sans s'en cacher, sans effet de surprise ni de fioritures inutiles, il sortit sa baguette de sa manche.
C'était un magnifique objet. Le bois utilisé était très clair, et la poignée délicatement sculptée afin de ressembler à un bec d'aigle.
Le sorcier ainsi révélé pointa sa baguette sur le jeune homme en face de lui et doucement, sur le ton de la conversation, dit :
« Endoloris. »
***
Marigold passa un doigt sur le miroir fissuré. Elle n'avait pas cassé quelque chose, comme cela, par accident, depuis ses dix ans. A quel point fallait-il qu'elle soit en colère pour briser les enclaves de self-control qu'elle avait mises en place pendant des années ? Elle se détourna du miroir et recommença à tourner en rond, accompagnée du son sec du verre qui se fendillait jusqu'à ressembler à une mosaïque de cristal.
Un claquement élastique, et la porte s'ouvrit en grinçant.
Marigold se retourna aussitôt, portant machinalement la main à son emmanchure gauche, et s'agaça en ne rencontrant pas la poignée familière de bois tourné.
Sa mère se tenait dans l'encadrement, le poing appuyé contre le chambranle pour ne pas tomber. La jeune sorcière se précipita. Elle mena la femme chancelante jusqu'au lit pour la faire asseoir, et en même temps s'affolait qu'elle eût gravi l'étage sans aide.
« Ne t'inquiète pas pour moi, Marigold. Tiens, prend ça. »
Hécate Launnec fourra sa baguette dans la main de sa fille et l'embrassa sur le front.
« File. »
Marigold ne se fit pas prier. Elle transplana aussitôt.
***
Louis gisait haletant au pied de son fauteuil. Ses mains tremblaient devant son visage et il s'étonnait de les voir intactes.
La douleur était partie aussi vite qu'elle était arrivée. Le père de Marigold, après avoir jeté son sort, s'était accroupi à côté de lui et avait patiemment attendu que ses convulsions s'arrêtent. Maintenant il le relevait par le col et lui soulevait le menton de la pointe de sa baguette. Il était impassible. Louis fut tenté de crier, mais la baguette qui s'enfonçait dans sa gorge l'en dissuada.
« Qu'as-tu fait à ma fille ?
- Rien ! »
Le visage de l'homme se ferma. Louis gémit. Revivre une fois cette douleur suffirait à le rendre fou.
D'un coup, ses souvenirs se mirent à défiler dans sa tête, comme on feuillette un livre. Ce soir où Marigold et lui avaient regardé les étoiles, jamais d'accord sur le nom des constellations, ce jour où il lui avait expliqué en détail comment on fabrique un canotier, et où elle avait décrit en retour le mécanisme des baguettes magiques, et puis ce baiser, le premier, devant la boutique de sa mère...
Le flot s'arrêta brusquement, remplacé par les yeux bleus du sorcier.
« Menteur, siffla-t-il entre ses dents, avant de murmurer : Endoloris ! »
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La sorcière et le chapelier ( Fanfiction Harry Potter )
FanfictionBretagne, 1898. Marigold Launnec, jeune Sang-Pure d'une famille désargentée, est obligée de travailler au service de Moldus. Cela la répugne, mais ravaler sa fierté est nécessaire, pour qu'elle puisse réussir un bon mariage et garder la réputation d...