Quelques minutes plus tard, leur gobelet fumant serré entre leurs doigts gourds, ils s'écartaient de la rue principale et s'installaient sur un banc en pierre, dans une impasse étroite déserte à l'exception de quelques chats errants qui se terraient sous les porches pour échapper à la neige.
« Ôtez-moi un doute, demanda Louis au bout d'un petit moment de silence.
- Mais certainement, répondit Marigold en croisant les jambes d'un air docte.
- Vous n'avez pas de poches, ni de sac.
- Tout à fait, confirma la sorcière en se demandant ce que le Moldu pourrait tirer d'un tel constat.
- Alors comment se fait-il que vous n'ayez pas les mains encombrées de votre boîte à musique ?
- Ah, c'est parce que je suis douée en enchantements. »
Et elle but une gorgée de vin désormais tiède, comme pour mettre un point final à sa réponse. Louis ne jugea pas déplacé d'insister :
« Et donc ? »
Marigold vérifia que personne n'approchait, puis posa son gobelet et se leva en faisant tournoyer sa cape comme un prestidigitateur.
« Et donc j'ai sur moi, si je me rappelle bien, une bourse contenant trois Gallions sept Mornilles, la boîte à musique, une épingle à chapeau tordue, deux mouchoirs, ma baguette et la lettre d'une amie.
- Mais où ? »
La jeune fille sourit et fit mine de lisser sa jupe. Une bourse remplie tomba bruyamment dans sa paume. Elle l'envoya à Louis et vint se rasseoir à côté de lui, avec, en éventail entre les doigts, sa baguette, une épingle à chapeau et une enveloppe ouverte marquée du sceau de la poste de Paris.
« Sortilège d'extension brodé. Très complexe. Il nécessite un tissu particulier, expliqua-t-elle en tapotant sa jupe. C'est mon préféré. »
Elle rangea ses effets un à un, juste en les glissant sur sa taille, qui semblait les absorber, avec un bruit de claquement, comme un tiroir que l'on referme. Elle tendit la main pour récupérer sa bourse. Louis la lui céda sans réfléchir.
« Mais...vous les convoquez par la pensée ou... »
Elle rit.
« Non, j'utilise un sortilège d'Attraction informulé. Il me suffit de laisser ma baguette dans ma main, comme cela. »
Elle joignit le geste à la parole, avant de renvoyer l'instrument dans sa manche d'une torsion du poignet et de redevenir sérieuse.
« C'est du spectacle, tout cela. Je ne suis vraiment pas censée vous le montrer...
- Oh, ne vous inquiétez pas. Je n'en parlerai à personne.
- Je sais...C'est simplement que...Peu importe. »
Marigold termina son vin chaud et se leva.
« Allons rendre ces verres. »
Tout en se rendant à l'échoppe aux côtés de Louis, Marigold hésitait à le planter pour le reste de la journée. Elle courait le risque d'être vue, et elle-même se houspillait – une Sang-Pure, passant la journée avec un Moldu, ne pouvait-elle pas tenir son rang ? Néanmoins, elle passait pour le moment une très bonne matinée, et elle repoussa sans scrupules mais en sachant qu'elle le regretterait, l'idée de poser un lapin au garçon.
Les deux jeunes gens assistèrent, de loin, sans avoir l'air d'y toucher, à un spectacle de marionnettes, chacun se donnant comme excuse que l'autre ne partait pas non plus. Ils dérivaient d'un étal à un autre, s'extasiant devant des statuettes de korrigans, face à de la dentelle si fine qu'on aurait cru une toile d'araignée (Louis en acheta deux brassées pour une coiffe de mariée que sa mère devait livrer quelques jours plus tard), ou encore sur des paysages miniatures de la taille d'un ongle.
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La sorcière et le chapelier ( Fanfiction Harry Potter )
FanfikceBretagne, 1898. Marigold Launnec, jeune Sang-Pure d'une famille désargentée, est obligée de travailler au service de Moldus. Cela la répugne, mais ravaler sa fierté est nécessaire, pour qu'elle puisse réussir un bon mariage et garder la réputation d...