Cela faisait deux mois jour pour jour qu'elle et Louis s'étaient embrassés pour la première fois, réalisa Marigold alors qu'elle s'habillait. Cette durée lui parut soudain vertigineuse.
Deux mois, passés à organiser des rendez-vous, à rivaliser de bêtise amoureuse et de rires qui les emportaient tous les deux pour le prétexte le plus insignifiant – voire inexistant. Comme un nuage qui ressemblait à la fois à un chat et à une couronne, sans qu'ils parvinssent à se mettre d'accord, ou une feuille tombée de travers dans un arbuste déplumé (cette feuille les avait tenus pliés en deux pendant une bonne dizaine de minutes).
Marigold rejetait sans scrupules ni réels efforts la pensée qu'elle était Sang-Pure et lui Moldu, bien qu'elle sût qu'un jour elle ne saurait plus la mettre de côté ainsi. Pour retarder ce moment le plus possible, elle s'abrutissait de fatigue tous les soirs ; en montant Firitellek, en lisant ou en brodant.
Elle arriva au campanile en même temps que Louis et s'accorda un baiser avant de déclarer :
« Je ne vais pas pouvoir rester longtemps, aujourd'hui.
- Pourquoi ? demanda Louis en collant son front contre le sien.
- Deux de mes...prétendants viennent déjeuner aujourd'hui avec leurs parents. »
Le sourire de Louis disparut. Lui aussi, tous les soirs, reprisait, reformait, lustrait, nettoyait, et ne s'arrêtait que quand il ne pouvait plus tenir debout, pour oublier qu'un jour il ne la verrait plus. Marigold ne l'avait jamais dit clairement, mais il était inenvisageable pour elle d'entretenir une relation adultère. De toutes manières, elle déménagerait sûrement tout de suite après la cérémonie.
La jeune sorcière retira ses gants et prit le visage du garçon entre ses mains.
« On a encore du temps, Louis. Au moins quelques mois... »
Louis opina sans conviction en caressant les doigts de Marigold.
Après une demi-heure de baisers doux-amers, elle le quitta pour rejoindre la maison Launnec. Il resta assis au pied du campanile, ruminant son avenir.
Alors que Marigold passait devant la forge, Merlin Mancort, Charles Sorrère et Loïc Floch, adossés au bâtiment trapu, la sifflèrent sans vergogne, scandalisant une vieille dame qui passait. Elle continua son chemin sans les considérer, jusqu'à ce que :
« Eh, tu prends combien pour une passe ? »
Elle s'arrêta brusquement, presque sans entendre les rires des trois acolytes. Ses joues chauffaient, ses oreilles sifflaient et ses yeux larmoyaient. Elle n'arrivait pas à réfléchir, empêtrée dans le choc.
Puis, d'un coup, le calme.
Elle retira son gant droit et se dirigea vers les sorciers. Elle s'arrêta devant eux sans tenir compte des rires qui avaient repris. Tout ce qui comptait désormais était son honneur.
« Oh, on l'a énervée ?
- Qui a dit cela ? »
Les garçons s'entre-regardèrent, au bord du rire mais retenus par son ton calme.
« Moi, répondit Merlin. Pourquoi ? Tu... »
Il avait à peine ouvert la bouche que Marigold l'avait giflé avec son gant en le regardant droit dans les yeux.
« Je réclame un duel. »
Un rictus se dessina sur le visage du jeune homme. Il bondit sur ses pieds et accepta d'un coup de menton.
« Très bien. Une idée pour le lieu ? »
Marigold remit son gant sans le regarder.
« C'est toi l'offensé. »
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La sorcière et le chapelier ( Fanfiction Harry Potter )
FanfictionBretagne, 1898. Marigold Launnec, jeune Sang-Pure d'une famille désargentée, est obligée de travailler au service de Moldus. Cela la répugne, mais ravaler sa fierté est nécessaire, pour qu'elle puisse réussir un bon mariage et garder la réputation d...