« Joyeux Noël, Marigold.
- Joyeux Noël, père. »
Une fois ces traditionnelles salutations achevées, Marigold replongea dans sa tasse de chocolat et son père dans son journal. Il touillait son café d'un air important à l'aide de sa baguette.
« Père, aujourd'hui, il y a une vente de charité sur la grand-place. Puis-je m'y rendre ? »
Marigold avala le dernier bout de sa tartine de beurre salé et son père son mensonge. Elle se leva aussitôt l'autorisation donnée et envoya la vaisselle sale dans la cuisine. Puis elle monta dans sa chambre et s'habilla soigneusement mais sobrement : il fallait qu'elle ait l'air sérieux pour interdire à Louis de la revoir. Néanmoins, elle ne mit pas son corset : elle avait pris goût à la liberté de mouvement que son absence autorisait.
Une demi-heure plus tard, la jeune sorcière arrivait au campanile. Louis n'était pas encore là. Elle s'assit sur le bord de la cloche pour réfléchir à son discours. Quand le Moldu apparut, elle savait quels mots elle prononcerait, quelles pauses elle marquerait, quelles expressions elle afficherait.
Il s'arrêta juste devant elle et lui offrit sa main. Elle la refusa et se redressa seule. Elle planta son regard dans le sien et commença :
« Écoutez...Vous ne m'êtes pas indifférent et je crois qu'une part de mes sentiments est en accord avec les vôtres, mais force est de constater que nous ne pouvons... »
Au fur et à mesure qu'elle parlait, il se rembrunissait. Il leva la main pour l'arrêter.
« Marigold, s'il vous plaît...C'est parce que je suis un...Moldu et vous une sorcière, n'est-ce pas ? »
Elle n'avait pas prévu cela. Elle faillit répondre que non, bien sûr, c'était parce que...parce que...
« Ou parce que je suis normand et vous bretonne ? tenta-t-il avec un sourire faiblard. »
Elle n'avait pas envie de rire. Si, bien sûr, c'était parce qu'il était moldu et elle Sang-Pure.
Elle se demandait de plus en plus si c'était une excuse valable.
Un tel esprit, une telle gentillesse, un tel sourire ne valaient-ils pas toute la magie du monde ? Elle se dit vaguement que c'était niais, ce qu'elle pensait là, mais que ce n'avait après tout aucune importance. Son discours soigneusement préparé lui paraissait ridicule. Un dernier sursaut d'orgueil faillit la retenir. Zut, à la fin, pensa-t-elle.
En un pas, elle fut près de Louis, sa main gantée attrapait les folles étincelles sur sa nuque et pour la deuxième fois leurs lèvres se joignirent. Comme disent les proverbes, la première crêpe n'est jamais la meilleure, et jamais deux sans trois.
A son retour, une heure plus tard, Marigold passa à la vente de charité et acheta une liasse de papier à lettre violet clair. Elle mentit à son père en lui disant que tout était déjà parti et qu'il ne restait que des marchandises hors de portée de sa bourse, puis monta dans sa chambre et passa le reste de la journée à enchanter les feuillets.
***
La neige tombait dru en ce début de janvier, mais Marigold avait érigé un sort du Bouclier au-dessus de sa tête et de celle de Louis. Les deux amoureux étaient ainsi à l'abri, tassés sur le bord de la cloche du campanile.
« Des chouettes ? Vous ne pouvez vous envoyer des lettres que la nuit ?
- Non, on les dresse pour...on leur apprend aussi à éviter de percuter les destinataires en atterrissant, normalement, rit Marigold tandis que Louis retirait délicatement une plume de ses cheveux. Tiens, à propos de courrier... »
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La sorcière et le chapelier ( Fanfiction Harry Potter )
FanficBretagne, 1898. Marigold Launnec, jeune Sang-Pure d'une famille désargentée, est obligée de travailler au service de Moldus. Cela la répugne, mais ravaler sa fierté est nécessaire, pour qu'elle puisse réussir un bon mariage et garder la réputation d...