Chapitre 2

982 57 24
                                    


RAZ

Je déteste être couvert de sang. Ça colle aux doigts et c'est une galère à faire partir au lavage. Pourtant sur le moment, bordel, c'est tellement jouissif. Arracher des doigts, crever des yeux, casser des nez, ça me fait autant bander qu'une femme. Mais ensuite quand l'adrénaline redescend qu'il ne reste que des corps sans vie et tout ce sang, les ombres reviennent me hanter. Il n'y a que le monstre et le dégoût de soi.

Je réalise que je viens de passer une bonne partie de la journée et de la nuit à torturer un homme et j'ai adoré ça.

Quand j'ai utilisé la pince à métaux pour arracher ses ongles et que j'ai entendu ses cris de douleur, je me suis retrouvé au nirvana. Puis quand j'ai commencé à lui arracher les dents une par une et que sa bouche était trop pleine de sang pour qu'il articule correctement ses supplications, j'ai vraiment cru que j'allais éjaculer dans mon pantalon.

Je crois que c'est quand j'ai fait couler de l'acide sur sa queue que ce con a fini par rendre de l'âme. C'est dommage, je m'amusais tellement. Maintenant c'est la partie chiante. Je dois tout nettoyer et ce putain de sang qui colle aux doigts va finir par me rendre dingue. Le bon côté des choses c'est que ce pauvre Anton, maintenant édenté et castré m'a révélé une chose intéressante avant de la fermer pour toujours et il me tarde d'en faire part à mon patron et de passer à l'étape suivante.

Je finis de ranger mes outils mais les voix sont toujours là. Elles jacassent sans cesse dans ma tête et m'empêchent de penser correctement. Je soupire de frustration. Je sais exactement comment les faire taire, comme à chaque fois. J'ai besoin de me libérer de ces fantômes qui ne me laissent jamais en paix. Sauf quand je tue, sauf quand je baise, sauf quand je bois. Le bourdonnement incessant dans ma tête me paralyse et je suis obligé de me retenir à la table poisseuse de sang. Une gaule puissante remonte dans mon entrejambe et me supplie de la soulager. Bordel, je n'ai pas le temps pour ça. Il m'attend. Je ne dois pas le décevoir. Jamais. Je lui dois tout. Sans lui je serais encore cette petite merde qui mendit dans les rue de St Petersbourg. Il m'a donné un toit et un but dans la vie. Les voix attendront. Pour l'instant je dois aller lui dire ce que j'ai découvert. Je finis de bâcher le corps et le traîne jusqu'au coffre de la voiture. Je m'occuperai aussi de ça plus tard.

Quand j'arrive enfin au manoir, l'aube est presque levé. La neige tombe toujours abondamment et je dois redoubler de concentration pour voir la route. J'aperçois un Range Rover d'un vert sombre garé dans l'allée. Instinctivement je pose ma main sur mon arme rangée sur mon flanc gauche. Le patron ne reçoit jamais de visite si tôt et je ne connais pas cette plaque. J'éteins le contact et en deux enjambées je monte les escaliers et entre dans la maison. Tout est sombre mais j'entend des voix s'élever à l'étage. Je monte les marches quatres a quatres prêt à faire feu.

Je suis sur le point d'ouvir la porte du bureau d'un violent coup de pied mais la voix d'une femme retient mon attention.

Étrange.

Il ne recoit jamais de femme ici et aucun de ses filles n'est en ville. Je ris dans ma barbe. Le vieux s'est sans doute offert une petite gâterie et le fumier veut garder ça pour lui tout seul. On a pourtant partagé nos conquêtes ensemble plus d'une fois. En pensant au corps nue d'une femme entre nos deux queus dressés je fremis et mon entrejambe se réveille à nouveau. Je grogne d'excitation et ouvre la porte, bien décidé à participer moi aussi à cette petite sauterie.

Nikolai tourne le regard vers moi et semble surpris de me voir ici , surtout que dans mon excitation je n'ai pas frappé ce qui est une règle d'or ici. Je m'en veux instantanément d'avoir failli à cette règle simple. Je respecte toujours les ordres, sans exception. Il me fait signe d'approcher, toujours assis derrière son bureau. Apparemment j'avais tord et il n'était pas en train de s'envoyer en l'air avec la jeune femme assise de l'autre coté de la table. Mon regard se pose d'ailleurs sur elle et je me fige. Elle aussi semble surprise de me voir car elle ouvre grand les yeux et son visage se farde d'une couleur pourpre. Ses longs cheveux roux tombent en cascade autour de son visage et ses épaules. Son visage est encore enfantin et parsemé de tache de rousseur. Ses yeux qui ne me lâchent pas sont d'un bleu envoûtant et sa bouche rose pulpeuse et boudeuse est à damner. Je peux très facilement m'imaginer y enfonçant mon dard jusqu' à la garde. Son corps est dissimulé sous un chemisier ample et une jupe crayon très sage mais mon imagination peut très bien faire le travail tout seul. Je ne sais pas où le patron a trouvé celle-là mais elle est carrément bandante. Un vrai bijou de notre mère patrie.

Romanov's DemonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant