Chapitre 7

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RAZ

– Nous attendons un enfant !

La nouvelle tombe comme un cheveu sur la soupe pendant le dessert. Joseph et Tatiana se tiennent la main et se bouffent du regard amoureusement comme s'ils étaient seuls dans la pièce. Les acclamations fusent dans tous les sens alors que tous se lèvent pour congratuler les futurs parents. Je reste un peu en retrait, même si je suis très content pour eux, je préfère les laisser célébrer cette bonne nouvelle en famille. Et puis les enfants, ça n'a jamais été mon truc, les femmes enceintes me mettent très mal à l'aise. Nous savions tous qu'ils ne tarderaient pas à fonder une famille, après tout ils sont ensemble depuis des années maintenant et ce mariage n'était que le coup d'envoi pour laisser libre court à la création de toute une flopée de mioches.

– On voulait attendre l'arrivée d'Olga et Levi, mais tant pis pour eux. Les absents ont toujours tort de toute façon.

Ce n'est qu'à ce moment-là que je remarque l'absence de l'aînée de la famille et de son mari Levi. Cela ne leur ressemble pas de manquer les réunions de famille.

Anastasia prend sa sœur dans ses bras, les yeux brillants d'émotion alors que les hommes tapent dans le dos de ce pauvre Joseph qui garde une allure fière à toute épreuve. Nos regards se croisent et je lève mon verre pour le féliciter. Bon sang, que le temps passe. Levi Potemkin et Joseph Ivanoff sont comme mes frères. Les deux héritiers de la bratva de Moscou et Kazan mais également les fils des underboss de Nikolai, Andrei Potemkin et Sergei Ivanoff. Quand je suis arrivée chez les Romanov, nous avions tous a peu près le même âge et forcément nous avons rapidement tissé des liens. Mettez trois jeunes d'à peine dix huit ans ensemble, donnez-leur des armes et de l'argent et ils deviennent les meilleurs amis du monde. Seulement comme je le disais, le temps a passé et pendant que eux se mariaient, moi je m'enfonçais dans les ténèbres à coup de drogue diverses et je me noyais dans les cauchemars les plus macabres. Je stagne dans cette débauche destructrice alors qu'eux, ont su évoluer et les voilà aux bras de deux magnifiques femmes, mariés avec des enfants. Quel beau tableau ! L'époque où nous écumions les bordels de Saint-Pétersbourg est loin derrière nous, en tout cas, loin derrière eux. Pourtant je ne les envie pas. La vie de famille stable et saine m'a toujours paru insipide. Je ne désire rien de tout cela, mais je ne suis pas plus heureux dans ma propre vie pour autant. Je suis là, tout simplement, comme un fantôme errant sans but précis dans les couloirs de sa misérable existence. La seule chose qui me maintient hors de l'eau c'est ce travail. Quand Nikolai m'a nommé comme son consigliere, il a donné un but à ma présence sur terre. Je me suis juré de dédier ma vie à la protection de cette famille.

– On devrait fêter ça autour d'une partie. Raz, tu te joins à nous ? m'interpelle Sergei.

Je hoche la tête distraitement et je les rejoins dans le couloir qui mène à la salle de jeu. Mon regard croise furtivement celui d'Anastasia, elle affiche une expression que je ne parviens pas à déchiffrer et je préfère détourner les yeux. Je ne sais pas à quoi elle joue mais je préfère rester loin d'elle.

Alors que les femmes restent au salon pour discuter de sujet de fille j'imagine, nous nous asseyons autour de la table de poker. Nikolai se charge de nous servir a tous un verre en plaisantant sur le fait qu'il est trop jeune pour être grand-père, une troisième fois. En effet Olga, son ainé, nous a déjà pondu deux marmots. Bientôt cette maison sera plus remplie que celle des Kardashian.

Je m'allume une cigarette pendant que Joseph distribue les cartes.

– Au fait, nous devons conclure la vente d'armes automatiques avec les biélorusses demain... intervient Andrei.

Romanov's DemonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant