Chapitre 5

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ANYA

C'est étrange de se réveiller dans sa chambre d'enfant. On s'y sent bien mais plus réellement à notre place. Un peu comme si on s'y sentait à l'étroit.

Je m'étire longuement en froissant les draps entre mes jambes. A peine réveillée, mon esprit est déjà en surchauffe. Je n'ai pas de temps à perdre si je veux prouver ma place ici. Si j'ai une chance de trouver l'assassin de ma mère avant Raz, je dois la saisir. Mais ça ne me sert a rien de me précipiter, je dois d'abord convaincre mon père de me lancer entrer dans la compétition. Une fois son feu vert accordé, la partie pourra bel et bien commencer.

Je me décide alors à sortir du lit. Ma valise est posée devant la porte et j'imagine qu'un domestique l'a montée ici pendant que je dormais. Je l'ouvre et en sors un ensemble tailleur jupe vert sapin. Je l'assortis avec une paire d'escarpin noir. Si je veux que mon père me prenne au sérieux, je dois lui montrer que je suis une femme d'affaire redoutable et non plus une petit fille. Ça commence par un tailleur et des talons aiguilles. Sous ma chemise j'enfile un body gainant en dentelle noir. C'est mon arme secrète, ma touche sexy et raffinée qui me donne l'impression de pouvoir tout conquérir.

Une fois prête, je descends à la salle à manger où le petit déjeuner est déjà dressé. Sur le chemin je croise mon petit frère qui part pour l'école, il m'accorde un signe de main et je lui souris en retour. Mon père se tient en bout de table, un café noir dans une main et le journal dans l'autre. J'ai l'impression de me retrouver dix ans en arrière. Je m'installe à sa gauche. La droite était la place de ma mère et jamais je n'oserais m'y installer. Plus personne ne l'a fait d'ailleurs après sa mort.

— Bonjour père.

Il replie son journal et me détaille des pieds à la tête. Je m'attends à ce qu'il fasse un commentaire sur ma tenue mais il n'en fait rien et se remet à la lecture de son journal. Je ne m'en formalise pas et décide de passer directement à l'attaque.

— J'aimerais que l'on reparle d'hier soir.

— Je ne sais pas ce qu'il y à dire de plus.

— J'aimerais te proposer un marché pour te prouver ma valeur.

Il arque un sourcil et affiche une expression intriguée qui me réjouit. Tout n'est peut-être pas encore perdu. Il dépose son journal sur la table et retire ses lunettes qu'il laisse reposer autour de son cou.

— Je t'écoute.

— Je sais que la personne que tu portes en plus haute estime dans cette famille c'est Ra.. Grigori. Je sais que tu l'as missionné pour retrouver la personne responsable de la mort de maman. Je sais que s'il réussit, tu lui offrira le poste à la tête de l'organisation.

— J'aimerais bien savoir comment tu sais tout cela jeune fille. Écouter aux portes ne t'aidera pas à plaider ta cause.

— Sauf si c'est à la porte de nos ennemies que j'écoute.

Ses lèvres s'étirent en un sourire fier, avant de se mettre à ricaner.

— Où veux-tu en venir ? Mon café est en train de refroidir.

— Je retrouverai l'assassin avant lui, et si je le fais, c'est moi qui prendrais la tête de cette famille.

— Tu penses pouvoir démasquer ce tueur toute seule ?

— Oui.

— Hors de question que tu te mettes en danger. Si je t'ai envoyé à Moscou c'est justement pour que tu restes en sécurité.

— Je ne suis plus une petite fille papa et je suis prête à prendre des risques pour l'honneur de cette famille. Et pour être tout à fait honnête papa, je mènerai cette enquête que ça te plaise ou non. C'est de ma mère qu'il s'agit et je prendrais tous les risques qu'il faudra pour qu'elle puisse enfin reposer en paix.

Romanov's DemonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant