Chapitre 8

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RAZ

Je vois rouge. Rouge comme le sang, et rouge comme ses putains de cheveux. Elle n'est rentrée que depuis une douzaine d'heure et elle fout déjà en l'air toute ma vie. Avant elle, j'arrivais toujours à maîtriser mes excès de colère, je restais maître de moi-même dans chaque situation. Le contrôle était mon point d'ancrage, il m'évitait de partir en vrille comme maintenant. Mais quand il s'agit d'elle, je ne maitrise plus rien du tout et je la déteste de me faire ressentir ça. Je devrais l'ignorer et me concentrer sur ma seule mission mais je suis rattrapé par mes plus bas instincts. Je suis comme un chien enragé et je me laisse guider par mon flaire qui me mène directement vers ma proie. Elle est tranquillement assise dans la bibliothèque comme si elle ne venait pas de foutre en l'air toutes mes chances d'un meilleur avenir. Elle lit un livre, le visage serein et elle caresse presque langoureusement les pages de la pulpe de son pouce. Son chemisier est encore déboutonné et laisse déborder sa poitrine. Alors qu'elle tourne une page, elle se mord légèrement la lèvre inférieure en gémissant. Bordel, elle joue à quoi à la fin ? C'est comme si chacun de ses gestes était un appel à la luxure. Elle me provoque, j'en suis certain et il est hors de question que je me laisse aussi facilement manipuler. Si elle veut jouer, que la partie commence mais ce sera selon mes règles et gare à elle si elle pense pouvoir tricher.

– Tu comptes rester là à m'observer dans l'ombre comme un vieux pervers ou tu vas te décider à entrer ?

Elle lève lentement les yeux dans ma direction et un sourire canaille se dessine sur son insolent et si magnifique visage. Je ne me laisse pas impressionné, il en faut beaucoup plus pour m'intimider et ce n'est pas une petite rousse qui va pouvoir dompter le démon. Je m'avance alors dans la pièce et m'installe dans le fauteuil en face du sien. Elle replonge dans son livre, comme si je n'étais pas là. Elle tourne encore une page en lâchant ces petits soupirs aussi exaspérant qu'excitant.

– Qu'est ce que tu lis ?

– Tu n'aimerais pas.

– Je pourrais te surprendre.

Elle arque un sourcils et referme l'ouvrage qu'elle range dans son sac avant que je ne puisse en lire le titre.

– On apprend beaucoup sur une personne en connaissant ses références en littérature, insiste-je, véritablement curieux de découvrir ses goûts.

– Ah oui ? Raison supplémentaire pour te laisser dans l'ignorance. Je ne suis pas si facile à décoder.

– Tu crois ça ? me moqué-je

– Un livre ne résume pas une personne, surtout une personne aussi complexe que moi. C'est les gens comme toi qui alimentent les clichés autour de la littérature.

Je la contemple la mine dubitative, ce qui la pousse à poursuivre sa théorie.

– Prenons un exemple, si j'étais en train de lire Guerre et Paix tu me prendrais pour une fille cultivée qui tente de t'en mettre plein les yeux, si je lis Romeo et Juliette, je suis une éternelle romantique mais si je lis Cinquante Nuance De Grey je suis une grosse dépravée, pas vrai ?

– Lequel est-ce alors?

Elle m'observe par en dessous sans se défaire de son sourire taquin.

– Pourquoi pas un peu des trois.

– Un amour interdit sur un fond de luxure sadomaso écrit par la main de Tolstoi ? J'aimerais bien voir ça.

– Oh mais c'est qu'il a un sens de l'humour dites moi. Quelle autre belle qualité tu nous caches Grigori ?

Romanov's DemonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant