Chapitre 20

487 21 16
                                    

RAZ

Je tourne en rond dans mon bureau en attendant Joseph et Levi qui doivent m'y rejoindre. Je contemple la boîte en carton posée sur mon bureau. Des cartes. Du sang. Et le roi de cœur. A qui appartient ce sang ? et pourquoi cette boîte se retrouve dans mon club ? 

 C'est forcément un message, mais j'ai l'esprit trop embrumé pour y découvrir un quelconque sens. Je n'ai pas pu fermer l'œil de la nuit depuis le départ d'Anastasia. J'ai tout de suite regretté la manière dont je l'ai traité. 

C'est exactement tout ce que je voulais éviter. Sa robe cachée en boule dans un des tiroirs de mon bureau est un rappel constant de mon erreur. Pour la dixième fois depuis qu'elle est partie, je la sors de sa cachette et je caresse le tissu, faisant glisser la broderie entre mon pouce et mon index. Mes doigts s'imprègnent ensuite de son parfum, et mon corps réagit immédiatement. Il est accro à tout ce qu'elle est. 

Ma queue durcit comme un rappel constant de la nuit dernière. J'ai beau essayer de me concentrer sur le travail, tout me ramène à elle, à sa fougue et son corps contre le mien. Vouloir la posséder est à présent une obsession que je dois combattre en permanence. Et le fait de dissimuler sa robe déchirée au lieu de m'en débarrasser ne m'aide pas vraiment à l'oublier. Sa robe dans une main, je déboutonne mon pantalon.

 Il faut juste que je me soulage une dernière fois, qu'elle sorte de ma tête et ensuite je serai opérationnel pour la journée. C'est ce que je me répète depuis les six dernières heures et les deux autres branlettes avant ça. Il vaut mieux que je me rende à l'évidence. Je ne serais jamais rassasié d'elle. Et c'est vraiment devenu un putain de problème. Incapable de me controler, je ferme les yeux et laisse ma main coulisser le long de mon membre. 

Derrière mes paupières, je laisse son visage apparaître. J'en connais les contours par cœur, sa bouche gourmande qui prend des teintes vermeilles quand elle se mord les lèvres de plaisir. Ses pommettes qui rosissent instantanément quand elle se rend compte que je la regarde et ses yeux d'un vert si brillant qu'ils pourraient me faire perdre la raison. Mon sexe se gonfle de sang pret à me liberer de son emprise. Mes abdos se contractent, alors que j'accélère la cadence d'une main et que je tiens toujours sa robe fermement dans mon poing. Comme si elle était là, comme si je ne l'avais pas fait fuir.

 La libération est proche quand des pas dans les escaliers m'alerte de l'arrivée imminente de mes deux amis. Précipitamment je referme le tiroir avec la robe dedans, et je remonte mon pantalon avant que ces deux idiots me surprennent la main dans le sac. Littéralement.

Ils ouvrent la porte et se figent dans l'entrée au moment où je me redresse.

– Ça vous arrive jamais de frapper ? grogné-je.

Joseph réprime un petit rire moqueur tout à fait détestable.

– On te dérange peut-être ?

– Ça fait une heure que je vous attends.

Je fais mine de m'impatienter, en espérant que mon irritabilité camoufle mon embarras. Ça ne serait pas la première fois qu'ils me surprennent en train de me branler ou alors carrément en train de baiser, ça je m'en fou, avoir du public m'excite même de temps en temps. Mais là, c'est différent. Il s'agit d'Anastasia. Elle est mon secret, sombre et inavouable. Qui sait ce qui se passerait si c'est deux là l'apprenaient ? Je ne suis pas sûre qu'ils me couvriraient. Oui, nous sommes amis, mais l'occasion serait trop belle pour passer à côté. Fournir cette information a Nikolai, leur assurerait une place de choix à sa table et signerait mon arrêt de mort. Dans un monde tel que le nôtre, où seul le pouvoir compte, la loyauté et l'amitié sont un luxe qu'on ne peut pas tous se permettre.

Romanov's DemonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant