ANYA
– On aurait jamais dû faire ça.
Le rejet, je connais. J'ai été rejeté par mon propre père un nombre incalculable de fois. Mais malgré son goût si reconnaissable, son poison est toujours aussi efficace. Il s'infiltre dans ma chair et dans mon sang, me brûle la peau et affecte la moindre de mes pensées. Les effets secondaires du rejet sont les suivants :
Perte de l'estime de soi (check)
Tristesse et dépression (check)
Solitude (double check)
et finalement :
colère et frustration
Je ne me rappelle pas la dernière fois que je n'ai pas ressenti cette colère. Parfois elle est plus silencieuse, elle reste tapis sous une couche de politesse. Mais le plus souvent, elle explose. Et dans ces cas-là, je n'ai aucune idée de comment la maîtriser.
Il me jette ma robe au visage qui gît à présent à mes pieds. Mon cerveau marque un temps d'arrêt alors que j'observe le tissu en lambeau sur le sol. Détruite, comme mon cœur. Comment est ce que j'ai pu etre assez stupide pour vouloir m'ouvrir a lui. Il est le suppôt de mon père. Le démon au service du diable. C'est évident que je me voilais la face. Comment est-ce que j'ai pu penser une seconde que lui et moi, on se comprendrait ? Qu'on se soutiendrait ? Je me suis leurrée sur toute la ligne. Et c'est là que je la sens, cette colère. Prête à tout détruire sur son passage. Ma respiration devient erratique et je respire fort par le nez pour tenter de la contrôler. Je lève les yeux vers lui mais il me tourne le dos. Un lache avec un putain de dos taillé dans le marbre. Il est magnifique, couvert de tatouage et de cicatrice. Pendant une seconde, une seule, j'ai envie de rouvrir ses plaies avec mes ongles, de le griffer jusqu'au sang et d'exposer à vif ses traumatismes. Je veux les laisser couler sur la moquette. Qu'ils imprègnent le sol comme du poison et pourrissent tout ce qu'il touchera. Je veux qu'il souffre, comme moi.
– Putain mais dégage, bordel ! hurle-t-il.
Sa voix me sort de mon fantasme tordu et je sursaute. Des larmes de colère me brûlent les yeux mais je refuse de les laisser couler. Je refuse de lui octroyer ce plaisir. Alors je fais volte face et je quitte la pièce.
Quand je fais irruption dans le club, la fête bat toujours son plein. J'ignore quelle heure il est et si le soleil est déjà levé. Tout ce que je sais c'est que je suis pied nue, vêtue seulement d'une chemise trop grande pour moi dans une boite de nuit pleine à craquer. La marche de la honte prend alors tout son sens et je me jure de ne jamais lui pardonner cette situation dans laquelle il m'a laissée. Rapidement je tente de rejoindre la sortie mais une main se pose sur mon épaule. Il fait sombre mais je reconnais ce visage angélique et ce serait mentir que de ne pas avouer qu'au fond de moi, c'est celui d'un démon que j'aurais voulu voir me rattraper.
– Monsieur Ivanov ? balbutié-je.
– Anastasia, qu'est ce que vous faites ici ?
Dimitri Ivanov me dévisage de la tête au pied. Contrairement à moi, il porte toujours son costume de la veille et à part sa peau moite et ses cheveux trempés de transpiration, il est toujours aussi charmant. A côté de lui, je dois faire peine à voir.
– Est ce qu'on vous a fait du mal ?
Je vois la panique gagner ses yeux. Il doit s'imaginer le pire. Embarrassée, je tire du mieux que je peux sur la chemise pour camoufler mes fesses.
– Tout va bien, ne vous inquiétez pas.
Il secoue la tête.
– Mais où sont vos vêtements ?
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Romanov's Demon
عاطفيةANYA : Je m'appelle Anastasia Romanov et je suis la fille du plus puissant parrain de la mafia russe. Pourtant je n'ai aucun pouvoir parce que je suis une femme. Il est tant que ça change ! A l'annonce du départ en retraite de mon père Nikolai Roma...