Chapitre 14

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RAZ

La situation est préoccupante. 

Cela fait maintenant quatre jours qu'Olga a disparu. Les chances de la retrouver vivante sont de plus en plus fines. Si l'on suit le raisonnement de Nikolai, sa disparition est en lien direct avec la mort d'Alexandra. Mais cela fait quatre jours et nous n'avons eu aucune demande de rançon, aucune preuve directe d'une menace potentiel. Qui y aurait gagné en kidnappant Olga ? Qui pourrait tirer avantage de sa faiblesse ? Tout le monde en réalité.

 Le problème quand on est le seul au sommet c'est qu'on ne peut que redescendre, abattu par tous ceux qui grimpent et tentent coûte que coûte de prendre sa place. Toute cette histoire sent mauvais. 


Quand j'entre dans le bureau de Nikolai, Andrei, Levi, Sergei et Joseph sont déjà installés dans les fauteuils. Ils sont tous là, une expression qui leur est propre sur le visage. Nikolai ne laisse rien paraître et se contente de m'observer. Andrei fume distraitement dans son coin, l'air un peu ailleurs alors que son fils me fait peine à voir. Il n' a pas du fermer l'oeil depuis la disparition de se femme. Sergei et Joseph quant à eux me juge, un sourire hautain sur le visage. Sûrement trop heureux de se délecter de mon échec. 


– Rasputin, nous t'attendions. 


Je grince des dents quand j'entend la seule figure paternelle que j'ai connue m'appeler par mon nom au lieu de mon surnom habituel. S'il le fait, c'est qu'il n'y a qu'une seule raison. Il est en colère et même si son visage reste de marbre, je peux sentir les subtils changements dans son comportement. La manière dont il passe sa langue, ses dents, ses poings serrés dans les poches de son veston et ce nom : Rasputin.


Ce nom que j'ai en horreur et qui me rappelle trop bien ma vie d'avant. Avant la rue et avant qu'il ne m'en sauve. Il connaît les souvenirs et les traumatismes que ce nom provoque, mais il l'emploie quand même. Parce qu'il veut me blesser, il veut mettre une distance entre nous. Je l'ai déçu et c'est un sentiment qui me fait encore plus souffrir que tout ce que j'ai pu endurer dans mon enfance. 


Il sait qu'il m'a ébranlé mais je garde mon sang froid et avance dans la pièce, sans dire un mot.
Sergei me suit des yeux, l'air narquois.


– Pourquoi gardes-tu le silence ? Toi qui te vante d'être toujours si éloquent.


Je l'ignore royalement et m'assieds sur le divan à côté de Levi. 


– Le pilote ne sait rien. 


Je peux voir les épaules de mon ami s'affaisser et je m'en veux de ne pas avoir de meilleure nouvelle à lui fournir pour le soulager. 


– Il dit qu'elle est partie à Moscou en voiture. 


Levi se raidit alors à côté de moi et son changement brutal de comportement m'interpelle. Mais Nikolai intervient et coupe le cours de mes pensées. 


– En voiture ? Quelle voiture ? 

Je hausse les épaules. 


– Levi, l'interpelle t-il. As tu remarqué qu'une de vos voitures manquait ?


– Je ... je ne sais pas. 


Le pauvre Levi se décompose et j'ai du mal à comprendre son attitude. Le manque de sommeil le fait agir étrangement. 


– Qu'est ce que tu attends ? Rentre chez toi et fais en l'inventaire, idot ! s'emporte son père. 


Il se lève brusquement , piqué par les propos d'Andrei. Il trépigne un pied sur l'autre, un peu gauche, comme s'il ne savait pas s'il fallait qu'il reste tant que Nikolai ne l'avait pas congédié ou bien écouter les ordres de son père. 

Romanov's DemonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant