Evan & April

13 - Evan

Après la nuit particulière que j'ai passé avec April, suivre, les profs devient un exercice de torture. Chaque minute passée à la vitesse d'une heure.

Je vais mourir cloué sur cette chaise, ce n'est pas possible. Pour réussir à garder les yeux ouverts, je repense à la discussion que j'ai eue avec Samson au sujet d'April ce matin.

J'aurais aimé être celui vers qui on se tourne quand on ne comprend pas April, mais ce n'est pas le cas. Et puis son état était tellement bizarre, Samson a mis ça sur le compte du joint, mais je me doute bien qu'il y a autre chose et puis lui non plus ne sait pas comment son visage a pu être marqué si violemment.

Enfin, le prof termine son cours et je me précipite vers la sortie. Dehors, Samson et Milann m'attendent, je grimace. J'ai refusé plusieurs fois aujourd'hui leur proposition de sortir avec eux. J'aurais dû me douter qu'ils allaient continuer de forcer.

- Voilà notre petit prodige du journalisme. Je place un sourire sur mon visage caché derrière mes problèmes.

- Les gars, je vous ai déjà dit au moins six fois chacun que je ne sortirai pas avec vous ce soir. Ils ricanent et Milan me lance malicieusement :

- Ah bon, même si on te dit qu'April est de sortie ? Je lève les yeux au ciel.

- Écoutez, ma mère est en ville alors je passe la soirée avec elle. Milann souris et Samson lance :

- Génial comme ça, on va pouvoir savoir à quoi ressemble ta mère. Je grimace et dis sans détour :

- C'est un putain démon et je ne lui ressemble absolument pas. Ma phrase a le don de tuer l'ambiance, Samson m'étudie. Sa mère est alcoolique pour ce qui est des relations parentales compliquées, il en connaît un rayon.

- Très bien, on te laisse manger avec Satan, mais n'oublie pas y a une place pour toi. J'acquiesce à la phrase de Milann et ils disparaissent, pendant que je me prépare mentalement à affronter ma mère ou comme l'a dit à juste titre Milann, Satan.

Puis je me rappelle qu'elle est malade. Et mon cœur se serre.

Putain ! Pourquoi je culpabilise de l'insulter alors que c'est tout ce qu'elle mérite ? Pourquoi après avoir passé ma vie à espérer qu'elle meurt, je viens finalement à prier pour qu'elle reste en vie ?

Devant le restaurant, je remarque sa chevelure blonde dont j'ai hérité et dont Abi a hérité aussi. Je repousse mes sœurs dans un coin de mon esprit, penser à elles me fera fondre en larmes. Par contre quand je pousse la porte de ce restaurant, je n'y vais ni pour moi ni pour ma conscience, mais pour mes sœurs qui méritent d'être aimées et protégées.

Quand ma mère me voit, elle se lève. Le premier constat que je fais, c'est qu'elle a perdu du poids. Le deuxième est qu'elle est toujours aussi belle.

Mon père l'a rencontré et la draguer en lui disant qu'il trouvait qu'elle était faite pour être mannequin et qu'il serait honoré si elle acceptait de poser pour lui. Un mariage, quatre enfants plus tard, ils se détestent.

Mais c'est vrai, ma mère est magnifique, mes sœurs ont hérité de sa beauté. Ses longs cheveux blonds descendent en cascade dans son dos, ses yeux bleu océan captivent autant que son corps qui amène les hommes à se retourner sur son passage.

- Evan ! Comme je suis contente de te voir. Je m'assieds esquivant ses bras qui allaient se refermer sur moi.

- Maman, assieds-toi on a des choses à se dire. Elle ravale sa tristesse et s'assoit en face de moi. Un serveur arrive et je commande une bouteille d'alcool, il me faudra bien ça pour survivre à un repas avec ma mère. Tandis qu'elle se contente d'eau.