Evan & April

25 - April

Mon cœur s'emballe. Il rompt la distance qui nous entoure et il tombe dans mes bras. Je sens ses larmes mouiller mon t-shirt. Je reste interdite quelques secondes, avant d'enrouler mes bras autour de son dos, mon ventre se noue face à sa douleur, chaque battement de mon cœur résonne dans mes oreilles. Doucement, je nous installe sur le canapé en cuir et j'éloigne son visage du mien pour pouvoir essuyer les larmes qui strient son visage.

- Hey joli cœur. Je caresse doucement ses joues baignées de larmes.

- J'en ai marre, April, je n'en peux plus. Mon cœur me fait souffrir en le voyant comme ça. Je ne sais pas quoi lui dire alors je me contente de le prendre dans mes bras espérant que ma présence suffise et que mon corps lui transmette toute la force dont il a besoin. Ses sanglots finissent par se calmer, il se redresse et essuie ses larmes.

- Désolé.

- Quoi ? Pourquoi tu t'excuses ?

- Pour mon comportement de merde hier. Il s'adosse au canapé et je laisse ma tête tomber sur son épaule, glissant ma main dans la sienne, mes jambes repliées sur moi-même. Ses mains tremblent encore, sa respiration est hachée par ses sanglots.

- Tu veux en parler ?

- Je te dois bien quelques explications.

- Tu me dois rien du tout. Il joue avec mes doigts et le silence revient.

-M-ma mère...va mourir. Je me redresse et m'assois sur mes mollets.

- Merde ! Ça va ?

- Je...Euh... Les filles ne le savent pas et je ne sais pas comment leur annoncer, j'ai pas envie qu'elles perdent une deuxième fois leur mère. J'hoche la tête.

- D'accord...mais et toi ? Sa bouche s'ouvre puis se referme. Il me regarde et paraît tellement surpris. Il n'a même pas pensé à lui. Dans toute cette histoire, il n'a pas pensé une seule fois à lui.

- Euh...Je sais pas. Son visage se baisse sur ses mains, j'attrape doucement son menton et dis :

- La première fois qu'on s'est parlé cette nuit-là, j'ai adoré tes yeux verts avec leurs paillettes d'or et j'ai encore plus adoré ce que je voyais à l'intérieur. Joli cœur, si j'arrête pas de t'appeler comme ça, c'est parce que depuis le premier soir, j'ai vu ton cœur énorme et je le vois un peu plus à chaque fois que tu me laisses voir tes magnifiques yeux. Il déglutit plusieurs fois et j'essuie les quelques larmes qui s'échappent encore de ses yeux.

- Je ne veux pas l'annoncer aux filles. Mais je suis obligé de le faire.

Putain, mais à quel moment dans sa vie un enfant est censé dire à ses sœurs que leur mère va mourir ?

Et je n'ai aucune idée de ce que je peux faire pour l'aider. Alors je me contente de rester là, à l'écouter attentivement.

- Elle a chopé un cancer... Maintenant, elle est à l'hôpital et elle va forcément mourir. Je le sais depuis longtemps, mais je n'arrive pas à le dire aux filles, les mots ne veulent pas sortir...

- Dis-moi ce que je peux faire pour toi. Il me sourit tristement.

- Tu ne peux rien faire pour moi...Seulement si tu veux bien rester avec moi. J'hausse les sourcils pendant que mon cœur s'emballe.

- Pour quelle raison je ne resterais pas avec toi ?

- Parce que je me suis comporté comme un connard avec toi.

- Ouais, t'as raison, je vais me casser. Je lui mets une tape dans le bras. Si tout ce que je peux faire, c'est rester, je compte bien rester.