21 - April

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Ne pas paniquer, c'est le conseil que j'ai donné à Evan... Peut-être que je devrais me l'auto-appliquer. Parce que là je suis tout sauf zen !

- Tu m'appelles s'il se passe quoi que ce soit, et tiens moi au courant. Je marche jusqu'à ma voiture sans prêter vraiment attention à ce que me dit Evan, j'entends qu'il me parle, mais l'information n'est pas enregistrée par mon cerveau.

- April. Il me tient le bras et plonge ses yeux dans les miens :

- S'il te plaît, tiens-moi au courant. Je déglutis et me rappelle que c'est de sa sœur dont on parle et que je n'ai pas le droit de lui montrer à quel point la situation m'angoisse au même point que lui.

- Oui promis. Il acquiesce et me laisse avant de rentrer chez lui. Je démarre et lance le GPS avec l'adresse que m'a envoyé Livia.

Je finis par m'arrêter au bord d'un pont faiblement éclairé. Je frissonne essayant d'arrêter les scénarios qui défilent dans ma tête. En sortant de la voiture, je remarque une silhouette adossée au muret en pierre qui longe le pont.

- Livia ? Elle se redresse et me lance une ébauche de sourire. Je m'assois à ses côtés et la dévisage quelques instants, elle n'a pas l'air d'avoir pleuré et visiblement son mec s'est inquiété pour elle puisqu'elle porte un blouson qui cache tout son corps.

- Désolée. Je fronce les sourcils et arrête de l'inspecter pour me concentrer sur les graviers qui éraflent mes jambes.

- Pourquoi ?

- J'aurais pas dû t'appeler.

Bah, je t'avoue que ton frère était littéralement à deux doigts de me sauter dessus. Je secoue la tête et réponds :

- Si tu en avais envie c'est que tu as bien fait. Tu veux me parler ou tu préfères qu'on reste toutes les deux assises de manière mélancolique sur ce pont au beau milieu de la nuit ? Elle rit faiblement et je considère ça comme une petite victoire.

- Est-ce qu'un jour mon cœur arrêtera de me faire mal ? Je ferme les yeux un instant, repensant moi-même à la douleur qui irradie dans mon cœur à chaque battement, pourtant, j'affirme avec certitude :

- Ouais. Un jour, ça disparaît, un jour, tu te dis bon sang, j'ai envie de vivre aujourd'hui ! Elle acquiesce, seulement ses yeux semblent perdus entre ici et la douleur qui la prive de son bonheur.

- Je suis allée à la soirée. Sa voix n'est pas plus forte qu'un murmure, mais je l'écoute attentivement. Lucas m'a complimenté, on a dansé, j'ai passé un super moment avec ses amis, mais après des filles ont rejoint le groupe et...

Ouais, des filles, je repense un instant à mes propres années de lycée.

- J'avais l'impression qu'elle me jugeait que je n'étais pas assez bien et puis elle m'ont proposé de boire, j'ai refusé, et même si Lucas essayait de faire ce qui était mieux pour moi, mes pensées ne s'arrêtaient pas. J'acquiesce et laisse le silence s'installer m'assurant qu'elle ait bien terminé de parler.

- Je n'ai jamais touché à une seule goutte d'alcool, alors souvent, on m'a jugé et critiqué, mais on s'en fout. Je lui lance un petit coup d'épaule.

- Parfois, quand on est jeune, les filles - et les garçons d'ailleurs - aiment blesser les autres, c'est une sorte de passage obligatoire de la vie adulte, tu te moques ou tu es moquée. Et les filles sont tellement méchantes avec toi que tu te fermes aux amitiés que certaines te proposeront à l'avenir.

- Mais un jour, tu rencontres une fille, pas comme ces autres filles, elle ne critique pas, ne te rabaisse pas et ne te fais pas de mal à travers ses mots. Non, c'est une fille géniale qui va devenir un peu ta sœur de cœur et elle te dira à quel point tu es resplendissante à quel point tu es génial et toi, tu lui rendras bien tous les compliments qu'elle te fait. Il faut juste réussir à trouver cette amitié saine. Elle acquiesce quelques larmes s'échappant de ses yeux.

Evan & AprilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant