4 - Evan

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- Attends, attends, deux minutes.

- Quoi ?

- Ok ok ok. Donc que je résume, tu as parlé avec papa ? Je fais tout pour garder mon calme, absolument tout.

- Oui.

- Mais bon sang Livia !

Livia, ma chiantissime petite sœur de seize ans. Qui pense a bien, mais qui fait que de la merde.

- Quoi au bout d'un moment, il faut bien que quelqu'un prenne les choses en main !

- Ce n'est pas à toi de t'en charger !

- Ah, parce que c'est à toi peut-être ?

- Oh, Livia, s'il te plaît, ne nous lançons pas là-dedans.

- Evan s'il te plaît. Je baisse les yeux vers elle. Ses yeux verts me transmettent toute l'inquiétude et la peur qu'elle ressent.

- Viens là. Elle secoue la tête avant de venir nicher sa tête contre mon torse. J'embrasse le sommet de son crâne et essaie de la rassurer comme je le peux :

- Tu sais très bien que je gère d'accord et puis en plus Abi adore passer du temps avec moi. Elle recule son visage pour me regarder.

- Comment on va faire quand tu auras fini tes études, hein ?

- Eh bien, comme je reviendrais à la maison, je n'aurais plus besoin d'être loin de vous, donc ce sera encore mieux que maintenant. Ses sourcils froncés, elle essaie d'argumenter :

- Mais...

- Écoute, si vous êtes heureuse, je le suis aussi et puis travailler avec papa n'est pas si terrible que ça.

- Evan, il faut que tu arrêtes d'être aussi gentil. Mon cœur se serre et je lance :

- Je ne suis pas gentil, je suis votre grand-frère et je ferai tout pour vous. Elle acquiesce, se mordant la lèvre pour ravaler ses larmes.

- Evaaaaaaaaan ! Abi traverse le salon à une vitesse fulgurante, suivi de près par Sarah.

- Hey mes princesses ! Abi me saute dans les bras, je la réceptionne avant de la porter.

- Oula, mais t'as grandi ma parole. Elle rigole et m'embrasse la joue. Sarah a beau ne pas être aussi démonstrative qu'Abi, je sais qu'elle est contente que je sois rentré.

- Papa ne va pas rentrer, c'est ça ? La question de Sarah me déchire le cœur et je secoue la tête. Aussitôt, elle monte dans sa chambre en claquant la porte. Livia me lance un regard accusateur. Mais je sais qu'elle ne m'en veut pas, et au fond elle n'en veut pas à papa non plus, mais son absence est dure.

- Je sors. J'écarquille les yeux et regarde Livia enfiler ses chaussures.

- Oula tu vas où ?

- Quelque part où je me sens vraiment chez moi. Ses yeux sont noirs de colère et elle se précipite vers la porte, disparaissant elle aussi.

- Pourquoi elles sont en colère ?

- Parce que ce sont des adolescentes et tu sais ce qu'on dit ?

- Non.

- Eh bien que les filles soient hyper embêtantes pendant leur adolescence.

- Heeeeeeeen, mais moi, je ne veux pas être comme elles. Je la repose par terre et elle secoue vivement la tête.

- T'inquiètes pas, tu es l'exception qui confirme la règle.

- Ouais exactement ! Qu'est-ce que tu dirais d'aller jouer dans ta chambre pendant que je vais voir Sarah ? Elle acquiesce et court dans le couloir jusqu'à sa chambre.

Putain de merde ! Papa, tu fais chier !

Mon père est un photographe, qui parcourt le monde à la recherche de clichés plus uniques les uns que les autres. Depuis que maman nous a abandonnés au profit d'un mari présent à la maison, mon père évite encore plus la maison.

On est riche, l'argent n'est pas un problème et c'est justement là le problème. Mon père se permet de partir quand il veut sachant pertinemment qu'il n'a qu'à claquer des doigts pour qu'une nourrice vienne garder les filles.

Cette même femme qui s'occupait de moi quand j'étais petit et que ma mère travaillait dans son cabinet médical. Si bien qu'à chaque fois que mon père disparaît dans la nature, Rosa m'appelle me prévenant de la situation et à chaque fois que je retrouve mes sœurs, elles sont tristes et je ne rêve que d'une chose, voir mon père et lui en coller une.

Je traverse le salon et monte l'escalier en marbre avant de frapper à la porte de Sarah.

Evan & AprilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant